Lun 22 Déc - 0:49
/!\ Flashback et rêve d'Isaac, 2008, quelques mois après l'incident avec Jake Hills.
"Cent quatre vingt dix huit... Cent quatre vingt dix neuf... Deux cent, putain."
Le râle de victoire après un effort. Je sais pas ce que j'ai bouffé ce soir, mais je me sens patraque. En fait, je suis tout le temps patraque, ces temps ci. Depuis que j'ai percuté ce type, dans la rue, j'ai l'impression qu'on m'observe, vraiment.
La paranoïa, c'est pas les philosophes et les génies qui ont ça en temps normal? Sérieusement, des fois je me fais peur tout seul. De toute manière, c'est normal que je me sente mal. Ça doit être ma crise d'adolescence. Je relevai mon regard sur l'horloge, qui indiquait quasiment vingt-trois heures. Pourtant, j'étais déjà à bout. Il semblait qu'une véritable nuit de sommeil s'imposait, et que ce soir, mes dessins attendront un peu. En me glissant dans mes draps, le visage de l'homme me revint à l'esprit. Et son rire, aussi. Surtout son rire. Il avait résonné dans mon crâne des heures durant, et était lié aux cigarettes pendant quelques jours. Dès que j'en allumais une, j'entendais son rire, comme s'il l'avait lié à ma plus mauvaise habitude.
"Quel drôle d'homme, tiens. Et si ça se trouve, j'ai juste halluciné."
De toute manière, qu'est ce qui pouvait bien disparaître en un clin d’œil, hormis une vision provoquée par je ne sais quelle bouffe intoxiquée? Je me souviens avoir vomi mes tripes le soir là, tellement j'avais mal au crâne. La partie de Counter Strike avait rien arrangé, en plus...
Et c'est ainsi que mes rêves prirent le dessus. Dans le corps d'un membre du Spetnaz, je devais aller désamorcer une bombe posée sur le crâne de Jacques Chirac, en voyage au Buckingham Palace. Et y'avait des zombies partout, mais j'avais plus de balles. Alors moi et mon coéquipier, on a du leur lancer des œufs qui éclataient et faisaient des confettis après coup. Et ensuite, j'ai été aspiré, pour me retrouver au milieu du vide. Tout était noir, mais j'étais sur un grand pont, droit, en bois, qui allait vers une plateforme, en bois elle aussi. Le tout était clair et verni, et faisait contraste avec le fond aussi noir que le charbon.
Une fois sur la plateforme, qui s'avérait être un disque, avec un petit trou au milieu, quelque chose m'attira. Je m'approchai alors du trou, me penchant bas pour regarder à l'intérieur, puis une main surgit pour agripper mon col, et m'entraîner avec elle en contrebas. Une main gantée, une manche parfaitement bien habillée, avec des boutons cuivrés.. Elle avait un air familier. J'étais incapable d'hurler, comme captivé par cette main qui m'enlevait tout mon souffle. Au fur et à mesure de notre chute, le fond se fit plus clair, pour passer du noir le plus profond au blanc le plus laiteux. Et je le vis.
L'homme qui avait hanté mes jours se retrouvait au plus profond de mes rêves. Il s'était imprégné jusqu'au fond de mon âme, à tel point qu'il arrivait à me manipuler même dans ma propre tête. Dans un costume trois pièces impeccable, blanc, boutonné et parfaitement en forme, il m'entraînait avec lui dans sa chute, crevant les nuages, fendant l'air. Je savais que j'étais dans un rêve, et par conséquent, rien ne me faisait redouter ma chute. Le rêve éveillé était une chose merveilleuse que trop peu de gens connaissent.
Alors que nos deux corps percutèrent le sommet de la montagne qui s'offrait à nous à toute vitesse, aucune douleur ne se fit ressentir. Tout ce qui se dressait alors devant mes yeux était cet homme. Droit, grand, cheveux blancs et regard gris, un sourire imperceptible venant couronner son costume blanc parfait. Et sur sa tête, se posa un chapeau du même genre, qu'il semblait avoir devancé durant notre chute.
Je crachai la poussière quelques instants, avant de me souvenir que tout ceci n'était qu'un rêve. Et mon regard brun se posa sur l'homme, alors que j'étais encore agenouillé, devant lui.
"Qui êtes vous?"
Jamais un tel sentiment ne m'avait transpercé. Il était puissant, beau, et avant tout, il semblait absolument au dessus de moi, tant bien même que c'était mon rêve.
Mon rêve?
Il était bien trop réel pour être un simple rêve.