Je m'appelle Edelweiss Von Hoheineim, un nom bien trop long pour une femme aussi frêle que moi n'est ce pas ?  J'ai 26 ans, je ne sais pas exactement de quelle nationalité je suis. Il me semble être née dans un pays de l'Est de l'Europe. Je suis une médium et j'ai suivie quelques cours à la congrégation quand j'avais 17 ans.  

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Comment décririez vous une couleur ou une forme ? Avec des métaphore peut être. En comparant avec d’autres éléments visibles.  Ou alors vous tenteriez d’utiliser d’autres sens, mais le jaune n’a pas de goût, la forme de la feuille n’a pas d’odeur. J’ignore comment me décrire à vous. J’ignore ce qu’est la beauté extérieure. J’ai les cheveux et la peau de cette couleur que vous nommez blanc et les yeux rouges. Il parait que c’est un physique assez singulier, propre aux albinos. Je ne sais pas ce qu’est un albinos, je sais juste que c’est ce que je suis. Et cela me rend différente à vos yeux.  Il n’y a qu’une chose que je peux vous décrire avec certitude, ma voix. On l’a compare à une caresse. On m’a souvent dit que j’avais un ton délicat. J’ai un corps frêle, plus que ceux que j’ai pu toucher. Je crois que j’ai un visage lisse et des traits réguliers, ainsi qu’un nez légèrement retroussé. Je ne suis ni grande, ni petite. Aux dernières nouvelles je mesurais dans les 1m67. J’ai une irrégularité sur ma peau, au niveau du bas du dos, ce serait une tache de naissance. Je l’ai transmise à ma fille, ainsi que ma particularité physique. Heureusement, ce sont les seules choses que j’ai pu lui offrir. Je porte souvent une robe blanche ou alors un chemisier et une jupe. Des choses simples généralement et assez classique. Certaines de mes tenues me donne un air de vestale.

C’est gênant vous savez, ce petit jeu de description. Je n’ai pas pour habitude de parler de moi. Je préfère largement parler de vous. Je ne suis pas vraiment timide, juste un peu effacée parfois. J’aime bien me faire un peu oublier, ça me permet de mieux vous entendre. Je n’aime pas la violence, physique ou verbale. Je n’y réponds jamais. Ca m’a valu quelques remarques, me qualifiant de faiblarde. Mais ils se trompent, je me bas, chaque jour, pour ne pas cesser de croire en la bonté de tous. Je peux voir le magnifique là ou vous ne voyez que le dégoût. De toute manière nous ne voyons pas les même choses. Tout mon monde est fait d’intuition, de ressentie et de pressentiment. Les auras et présences unique de chaque personne c’est ça qui vous différencie. On m’a souvent dit que j’étais un peu trop mystique ou alors perchée. Ils ont probablement raison, j’ai toujours préféré l’émotion à la réflexion. Mais je ne suis pas stupide pour autant. Gentille ne signifie pas idiote. J’évite les jugements hâtifs, préférant peser le pour et le contre avant tout. J’ai la chance d’avoir une excellente mémoire, me permettant de remonter dans l’estime de certaines personnes et d’avoir une certaine utilité. Je donne l’impression d’une créature noble et chétive. Même si je suis la majorité du temps douce, je reste esclave de mes émotions et peut perdre mon sang froid pour défendre les choses qui me tiennent à coeur. J’aime me balader, aller à la rencontre du monde, je suis toujours avide de découverte, ma curiosité est dévorante. Là ou je devrais rester tranquillement entre quatre murs, je m’y refuse. Je suis obstinée et bornée, préférant tomber dix fois et me relever onze. Il ne faut pas croire que je n’ai pas de caractère voyons. J’ai même des tas de défauts, par exemple, je ne sais pas mentir, c’est vraiment peu pratique et parfois je peux blesser des gens malgré moi. Même si je tente d’y mettre les formes. J’ai tendance à me lasser rapidement aussi et ne pas a aller toujours au bout des choses. Dès que quelque chose m’ennuie je cesse. C’est un comportement très enfantin. Je ne suis pas un excellent exemple de rigueur. Mais par contre je sais être pédagogue et ouverte aux autres. J'aime prier et me recueillir auprès des différents dieux sumériens. Oh, j’ai l’impression d’avoir été beaucoup trop bavarde. Excusez moi. C’est troublant votre jeu vous savez !

Je ne sais pas grand chose du pays ou je suis née. Une guerre civile aurait éclatée peu avant ma naissance.  Mes parents se sont rencontré dans un hôpital. On ne m’en a jamais dit plus. Ma mère était enceinte lorsqu’ils ont demandé l’asile politique en Allemagne. Les démarches ont été très longues, tellement longue, que la guerre a eu le temps d’arracher ma mère à sa famille. Mais ce drame à permit d'accélérer l’obtention des visas.  Et à l’âge de trois ans, je débarquais sur le sol Allemand. Je me souviens encore de la main de mon père serrant fermement la mienne en sortant du train. J’avais déjà des troubles de la vision à l’époque. Elle se détériorait petit à petit. je ne me souviens pas clairement du visage de la chose qui m’a changé. Mais je savais, en le voyant, qu’il était différent. Du haut de mes trois ans, j’ai sentie son esprit tenté de s’insinuer vers le mien. Et j’ai résisté, mon père a rapidement comprit ce qui se jouait là. A l’époque j’ignorais qu’il était un médium lui aussi. C’est probablement ses réflexes qui m’ont sauvé de la folie. Il m’a rapidement éloigné de l’emprise de la chose. Mais le choc avait été fort et ma vision a fini par se dégrader complètement. A peine arrivée en Allemagne, j’étais devenu aveugle et médium.  L’époque ou je voyais est si lointaine que je ne possède que quelques bribes de souvenirs concernant le monde visible. J’ai appris une autre forme de vision qui repose sur tous les autres sens et en m’appuyant sur ce que dégage les personnes autour de moi. J’ai une vague idée des couleurs, chaudes ou froides. Quand je tourne ma tête vers le soleil par exemple ou quand je plonge ma tête dans l’eau. C’est étrange n’est ce pas ? La majorité des gens que je rencontre pensent que je ne vois que du noir. Vous ignorez ce que je vois derrières mes prunelles rouges pourtant. J’ai rapidement été inscrite dans une école spécialisée pour mon problème. J’ai appris le braille, à me déplacer seule et toutes ces autres choses. Mon père a été très patient avec moi et a toujours refusé de me considéré comme une infirme. La preuve, je me déplace sans canne la majorité du temps. Même si cela inclue quelques légères chutes. On apprend vite à se relever quand on est aveugle. A force de persévérance je suis devenue complètement autonome. J’ai toujours fait confiance à mon intuition et ce que dégage une personne. J’étais une enfant rieuse et ouverte sur le monde. Un peu trop emphatique. Vraiment très naïve, je pouvais suivre un inconnu s’il me proposait des bonbons. Je ne pouvais pas supporter de sentir quelqu’un aller mal ou assister à une injustice.

Mon père disait souvent que j’avais une trop bonne nature pour ce monde. Mais petit à petit je me suis forgée. A force des brimades sur mes cheveux ou mes yeux, j’ai appris à pardonner mes camarades plutôt que les haïr. De toute manière, je craignais plus que tout la solitude. Je ne parvenais pas à différencier, ou très difficilement les créannes des humains mais pourtant je pouvais constater qu’il y avait d’autres présences semblable à celle que j’avais vu dans ma tendre enfance. Si bien que j’en faisais d’horribles cauchemars la nuit. Mon père en grandissant, répondait à mes interrogation, quant à ce qu’il s’était produit lorsque j’étais plus jeune. Il m’expliqua la différence entre les humains et les médiums, même s’il restait assez vague. Il a toujours gardé beaucoup de chose pour lui. Dans ma onzième année nous avons une nouvelle fois fait nos valises. Direction Stockholm. Mon père m’expliqua que c’était pour son nouveau boulot. Dans un lieu nommé la Congrégation. Des années plus tard, j’appris qu’il avait été appelé. Il engagea une gouvernante pour prendre soin de moi lorsqu’il partait en “mission”.

Puis j’ai grandi et j’ai posé de plus en plus de questions sur cette congrégation. Était elle liée au fait que lui et moi soyons des médiums ? Je savais qu’il en connaissait plus long que moi sur le sujet. Et je trouvais cela particulièrement frustrant. J’avais quinze ans quand il m’a emmené à la congrégation une journée  pour m’expliquer les dieux et tout ce genre de chose. Il m’a guidé dans ce monde. Je n’allais pas souvent à la congrégation. Mais quand je passais pour l’attendre il y en avait toujours un pour m'ébouriffer les cheveux. J’étais la “fille de”. Ils me faisaient penser à une grande famille. Mon père m’a autorisé à suivre un cursus à la congrégation lorsque j’avais dix sept ans. J’ai rencontré pas mal de monde à cette période. Je me sentais bien et acceptée. Mais je voyais certains de mes camarades être appelé par leurs dieux, les uns après les autres. Tandis que je restais sur le coté. C’était assez frustrant. J’étais une médium, je savais tout ce qu’il y avait à savoir ! Alors quoi ? J’étais trop impotente pour l’un d’eux ?  Je ne pouvais pas suivre le même chemin que mon père  ? Après tout qui voudrait d’une aveugle à son service ! Frustrée j’ai fais mes bagages. Je voulais voir le monde.

J’avais une vingtaine d’année, je vivotais dépensant toutes mes économies. Je cherchais à me prouver que je n’étais pas une incapable, j’ai été engagé par différentes troupes pour chanter aux quatre coins du monde. Alors que je vivais dans l’insouciance, loin de la congrégation, Lysbeth est arrivée. J’étais encore une gamine, à peine vingt deux ans, et je devenais mère. J’ai voyagé encore quelques temps lorsque Beth était toute jeune mais vint le moment ou je devais me poser, pour son bien. Je ne donnais que très peu de nouvelles à mon père. Je désirais plus que tout construire ma propre vie. Même en tant que mère célibataire et aveugle. Il y a eu des moments difficiles mais je restais incroyablement optimiste. Je travaillais dans un centre d’appel et je donnais des cours de chant pour arrondir les fins de moi. J’avais vingt cinq ans, nous fêtions les quatre ans de Beth avec quelques autres enfants et mères de sa maternelle. Lorsque j’ai été prise d’un étrange sentiment. Un besoin impérieux de retourner à Stockholm. Qu’il me restait quelque chose d’autre à accomplir là bas. L’année scolaire se terminait pour ma fille, j’ai donc fait nos bagages en direction de Stockholm. La main de Lysbeth serrait la mienne, de la même manière que moi, des années auparavant je serrais celle de mon père. Il n’avait pas changé d’adresse et nous a accueillie à bras ouvert. Sans remarque, sans reproches. Rien n’avait changé, comme s’il s’attendait à mon retour. Mais il fallait que je retourne à la congrégation, pour comprendre, ce qu’il m’était arrivé. Et eux, ne s’attendaient probablement pas à me revoir…