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 :: La Congrégation :: Temple de Nanna
Nous aimons le même Dieu (Alex !)
Geshtinanna
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Lloyd
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Mar 23 Juin - 8:58
Ainsi voilà donc à quoi ressemble la Congrégation. Voilà où les Dieux ont décidé de réunir leurs Missionnaires, si loin au Nord, pour créer un centre d'action plus efficace. Face à cet assemblage de bâtiments hétéroclites, probablement de provenances et d'époques très variées, je me prends à songer à la grande ville d'Ur, proliférante et anarchique, où chaque génération construit sa demeure sur le toit de celle de ses parents. Les hautes rues sombres où sur des fils tendus d'une fenêtre à l'autre des vêtements séchaient, des tentures s'égouttaient lentement dans l'ombre fraîche. Les odeurs des tanneries, des cuisines. Tout ici est beaucoup plus ordonné, plus calme, plus espacé. Mais les jeunes gens qui s'y promènent forment une foule aussi variée que celle des bazars d'Ur. Ils parlent tous des langues différentes et leur peau dénote des origines parfois lointaines, et leurs vêtements trahissent autant de cultures différentes.

Ai-je vraiment bien fait de venir ici, le point de mire de toute divinité en ce monde ? Je n'ai pu trouver d'autres vêtements que les miens, j'ai beau porter ce que j'ai de plus simple, les lourds plis de lin beige de ma tunique sur mes jambes nues sont définitivement déplacés ici. Et si j'ai ôté la plupart de mes bijoux, impossible d'enlever ceux qui restent attachés à ma chevelure, sans l'aide de quelqu'un d'autre. Le soir commence à tomber et je me demande si je trouverai quelque part où dormir. Je n'oserai pas retourner dans ma chambre de peur de partir involontairement de ce monde. Mais pourquoi y rester ? Je n'ai aucun appui ici, aucune connaissance autre que cette jeune créanne rencontrée tout à l'heure. Et les humains d'ici ne comprennent pas ma langue. J'espère qu'il en ira autrement des Missionnaires. Pour l'instant je peux marcher parmi eux en cachant mon aura, ainsi ils peuvent me prendre pour l'une des servantes de Nin Hursag. A condition de ne pas y regarder de trop près, bien sûr.

Vers qui aller ? Tout compte fait je suis très vulnérable ici. Tant que je dissimule mon pouvoir les Dieux ne me sentiront pas, mais s'ils me voient par hasard c'en est fait de moi. Ils me tueraient sans doute, impossible à savoir. Qui sait ce qu'ils jugeront bon de me faire subir quand je rentrerai. Sans doute que nombre d'entre eux souhaitent ma mort à tout prix. Pas besoin de motif, la haine de mon père y suffit. Oh, ils le cachent encore un peu, prétextant qu'il est utile, et sage ! Mais sans Utu nul doute qu'ils le haïraient cordialement, et moi avec. J'apprécie Utu, le Dieu du Soleil. C'est quelqu'un de très franc et rieur, positif mais sage sous ses dehors d'enfant. Je comprends qu'ils s'aiment autant, il y a tellement de lumière dans son regard. Ils ne pouvaient que s'entendre. Lorsque je lui parle il sourit toujours et m'écoute parfois longuement. Peut-être comprendrait-il ? J'ai besoin d'un appui ici, c'est trop dur d'être seul et perdu. Mais non, je ne sais quelles sont à présent ses dispositions pour moi. Peut-être que même lui tenterait de me tuer. Oh non je n'exagère pas, déjà avant mon départ je suspectais Inanna de vouloir ma mort. Ou pire que la mort. Elle pourrait avoir convaincu même le compréhensif Utu.

Je me fige un instant, sous le couvert des arbres à quelque distance des bâtiments. Il ne reste plus que Nanna. Oui, je sais que son amour pour moi est absolument indéfectible. Ou du moins je l'espère. Oh Nanna, dis moi que rien n'atténuera jamais ta tendresse à mon égard. C'est la seule chose sur la quelle je puis encore compter. Je ne peux m'assurer d'Utu, et il serait impensable de me tourner vers Ershkigal. Peu importe de quelle manière, je suis à présent censée dépendre entièrement de lui. S'il s'avérait qu'il m'ait apporté du soutien ici - et je ne doute pas qu'il l'eût fait !- il aurait d'énormes ennuis. Mais... et Nanna ? Ne vais-je pas lui causer du tort en me confiant à lui ? Non, il préférerait être puni plutôt que de me laisser perdue ici. Du moins, je sais qu'il saura me cacher et dissimuler ma venue. Nos auras se ressemblent assez pour que je passe inaperçu à ses côtés.

A ce que m'a dit Katharyna, les principaux temples divins se trouvent à présent ici, à la Congrégation, les précédents étant depuis bien longtemps réduits en ruines par le Temps. J'ouvre mon esprit aux auras pour me diriger, avec une certitude mêlée d'espoir, vers le temple du Dieu de la Lune -celui au lever brillant, disait-on-. Un étroit sentier sinue entre les arbres aux fûts puissants. Le temple est sans doute très petit pour qu'il ne soit pas encore visible d'ici. Nanna m'a toujours dit que la monumentalité l'agaçait. La beauté se réalise dans les petites choses, je suis d'accord avec lui sur ce point.

Je m'arrête soudain, percevant l'aura d'un Missionnaire qui s'en retourne vers moi. Impossible à éviter, sur ce sentier. Je m'efforce de continuer ma marche aussi naturellement que possible, lançant un petit "salut" comme je l'ai entendu faire, à la vue du jeune homme brun et mince. Nanna l'a choisi, lui ? Sans doute est-il meilleur qu'il n'en a l'air. Je fais confiance à son jugement.
Je me fige, un peu gênée, en m'effaçant sur l'herbe douce pour le laisser passer.


******

Le Dieu du Temps, agenouillé dans la poussière au côté du long fil qu'il démêle de ses mains fines, interrompt un instant sa tâche, les yeux dans le vague. Dans son cœur vide semble vouloir poindre quelque chose, une chose familière et aimée, perdue depuis bien longtemps. Il se redresse, lentement, en sondant le champ de ruines désertes qui lui sert de mémoire. Ses yeux égarés parcourent frénétiquement la Terre à la recherche de la source de ce sentiment, peut-être le premier depuis des jours. Là, à la Congrégation, tout près de son temple que vient de quitter un Missionnaire, une haute silhouette sans aura. De longs cheveux bruns parsemés d'or, un visage fin et de profonds yeux gris.
Il n'ose plus bouger, peinant à croire ses yeux. Elle, ici, maintenant... Il n'a rien à faire. N'a rien le droit de faire. Et surtout, ne rien laisser paraître en espérant que nul autre Dieu ne vienne à s'apercevoir de sa présence. Lui qui se croyait si vide, haletant entre les fluctuations de puissance qui le font frissonner tout entier, se retrouve comme suspendu à un mince fil d'espoir. A présent que tout est détruit, Elle apparaît. Il n'aurait jamais dû la voir, et elle, n'aurait jamais dû se trouver là.
Il ne peut que la regarder en retenant son souffle, et murmurer son nom d'une voix rendue rauque par la solitude.

Alex
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Alexander Aestas
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Mar 23 Juin - 17:26

Adossé à un arbre, en bordure de la clairière, j’observe d’un regard vide l’autel de Nanna. Je n’ose pas m’approcher plus, notamment dû au fait que dès que je posais un pied sur la poussière du sol de son temple, celle-ci avait tendance à s’agiter. Je ne contrôle plus rien du tout à ce niveau-là… déjà que je ne contrôlais pas grand-chose avant… depuis l’éclipse, c’est encore pire. De plus, au vu de la situation, je doute que Nanna veuille vraiment de ma compagnie, quelque peu ennuyante et inutile.

Un faible soupir m’échappe. J’aimerais qu’il se manifeste, d’une façon ou d’une autre. Son absence et le dérèglement de mes pouvoirs depuis l’éclipse m’inquiètent. Je ne sais pas ce que ça signifie. Un faible murmure m’échappe, quelque chose qui ressemble à « Nanna, qu’est-ce qui vous est arrivé ? ». De ce que j’entends à la Congrégation, je suis l’un des rares, si ce n’est peut-être le seul à plus me préoccuper de Nanna que de l’autre dieu, le dieu du Soleil, Utu. D’après ce que j’entends, les gens estiment qu'autant l’un que l’autre ont fait des conneries pendant l’éclipse. Mais j’ai la désagréable impression que la faute est plus rejetée sur Nanna. Enfin, ça, peut-être est-ce juste mon imagination. Etant donné que je suis le prêtre-roi de Nanna, je ne suis pas très objectif en ce qui le concerne…

Je détourne finalement le regard, avant de me redresser. Inutile de m’attarder plus longtemps ici, pour aujourd’hui du moins. Il ne se passera rien de plus. Je tourne le dos à la clairière, et reprends le chemin en direction de la Congrégation. Cependant, la sensation d’une présence face à moi me fait redresser la tête. Je me retrouve alors face à une jeune fille. Je la dévisage, surpris. Je n’avais jamais croisé personne dans les alentours du temple de Nanna. J’avais fini par déduire que j’étais vraiment seul à m’y rendre régulièrement. Je fronce un peu les sourcils. Quelque chose de bizarre émane de cette demoiselle, mais je ne saurais dire quoi.

Un vague « salut » s’échappe de ses lèvres, je lui adresse donc un sourire. Sans même parler de ce qu’elle dégage, elle est… plutôt particulière. Sa coiffure est d’une complexité que je n’avais encore jamais vue, des bijoux en or et en argent décorant ses mèches sombres. Quant à sa tenue, on dirait une espèce de robe claire, avec de grands plis. Honnêtement, cela me fait penser à une tenue datant de l’Antiquité. Peut-être vaguement aux toges des citoyens romains.

Je lève à nouveau le regard vers ses yeux. Est-ce que Nanna lui a fait une blague, comme pour moi le jour où je me suis retrouvé affublé d’une tenue du XVIème siècle ? Je garde un goût assez amer de cette journée d’ailleurs… Mais si c’était le cas, je me sentirais rassuré, en fait. Que malgré l’éclipse il trouve encore l’envie de jouer avec ses sujets. Enfin, peut-être me trompé-je. Peut-être était-ce juste une fantaisie de la part de la demoiselle. Cela ne me regarde pas, en fait.

Elle s’écarte, pour me laisser passer.

Merci, je murmure.

Je m’éloigne de quelques pas, puis finalement m’arrête. Décidément, cette fille m’intrigue. C’est rare pourtant, que quelqu’un attise ma curiosité à ce point. Mais son aura est indéfinissable, et elle se dirige quand même vers le temple de mon dieu, alors que je n’y ai jamais croisé personne. J’ai le droit de me poser des questions non… ?

Je me retourne à nouveau vers la demoiselle. Je prends la parole, d’une voix un peu gênée :

E…excusez-moi de vous demander ça mais… qui êtes-vous ? C’est la première fois que je croise quelqu’un aux alentours de ce temple…

C’est toujours un grand dilemme pour moi quand je pose des questions. Assouvir ma curiosité et risquer d’être indiscret ou me taire ? Bon… je suppose que cette question n’était pas trop indiscrète…

Je ne peux m’empêcher d’ajouter :

Euh… vous n’êtes pas obligée de me répondre en fait, ce n’est pas grave…

Ça ne me regarde pas, après tout. N’importe qui est en droit de venir ici…

Je… excusez-moi, je ferais mieux d’y aller…

… avant de la mettre dans l’embarras plus que nécessaire.


Geshtinanna
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Lloyd
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Lun 29 Juin - 16:21
Le jeune homme me murmure un vague remerciement. Il a le pouvoir des Poussière, je le sens, pas depuis très longtemps. Qu'a donc Nanna pour recueillir dans les rangs de ses serviteurs des gens comme lui, discrets, effacés, certes sûrement très loin d'être stupides mais clairement pas placés dans une position de force par rapport au monde. Je songe distraitement aux grands rois qui se faisaient un devoir de le servir corps et âme, qui lui dévouaient leurs filles en les cloîtrant dans des temples de pierre. L'influence des Dieux n'était pas la même, alors, beaucoup plus rayonnante et puissante au point de dicter la marche de pays entiers. Que sont à présent les serviteurs des Dieux, peureusement regroupés dans un obscur coin de l'Europe ?
Sans doute suis-je trop étrangère pour pouvoir en juger mais les Dieux me semblent bien loin de leur grandeur passée.
Le Prêtre-roi - Alexander, de son prénom- passe son chemin avant de se retourner craintivement. Oh, Nanna par pitié dis moi que tu fais quelque chose pour émanciper ce pauvre garçon !

— E…excusez-moi de vous demander ça mais… qui êtes-vous ? C’est la première fois que je croise quelqu’un aux alentours de ce temple…

Je me tourne vers lui en retournant sur le sentier de terre battue, les pieds humides de rosée crépusculaire. Quand même, il est mignon. Et paraît très dévoué à son Dieu... Il semble venir par ici très régulièrement, ce qui dit-on faisait défaut aux Rois de jadis. Je sonde ses pensées l'espace d'un instant, pour en ressortir aussitôt, assez surprise. En fait de dévotion c'est un véritable océan de dévouement sans faille que cet homme a dans le cœur. Et il est presque entièrement tourné vers Nanna. D'un coup je comprends mieux son choix... Ce doit être agréable d'avoir une telle personne à son service, en plus d'être très sûr.

Hmm, il paraîtrait que j'aie trouvé le soutien dont j'ai besoin ! A présent il me faut m'éloigner du temple du Dieu de la Lune pour ne pas le compromettre. Alors que ce jeune homme, lui, ne connaît rien de moi. Dès lors comment lui reprocher de me porter assistance la nuit tombant ?
Je lui souris le plus gentiment du monde.

_Ne vous en faites pas, ça ne me dérange pas du tout de répondre, au contraire ! Je suis une amie de Nanna, en voyage. D'ailleurs c'est tout à fait normal que vous ne voyiez personne dans son temple; sans doute ne vous l'a-t-il pas dit, mais le nombre de ses Missionnaires est très limité depuis... heuuu...
Ahem, sauriez vous me dire en quelle année nous sommes ? Je... je suis un peu perdue à vrai dire.


Comment expliquer ça ?! Non, je ne sais même pas quand nous sommes. Ni quelle langue, ou même quel pays c'est, ici. Comment être plus perdu ? Pour un peu j'aurais envie de paniquer, de fondre en larmes et de me précipiter dans les bras de quelqu'un. Mais non, je ne dois pas... Si je suis là, maintenant, c'est uniquement de ma faute. Une personne de mon rang ne peut se permettre de montrer ses faiblesses. Je dois juste être un vivant exemple de la perfection, de la grâce féminine, de la bonté, de la douceur et de la gentillesse.

Rien que ça.

Le petit Missionnaire, en face, a vraiment l'air très gêné. C'est moi qui lui fais ça ? Certes je suis grande mais ai-je vraiment l'air d'autre chose que d'une jeune femme perdue ? Bon, il faut que je reste calme. Je ne suis pas perdue, je suis dans MON monde, c'est juste que je ne sais pas quand. Plus tard, vraisemblablement. Et les autres problèmes, c'était quoi ? Ha oui, je ne sais VRAIMENT pas où aller passer la nuit... Et autant dire que je suis authentiquement exténuée. ...Et qu'un Panhéon entier veut sans doute ma mort, s'ils ne me tuent pas quand je rentrerai. Putain mais dans quoi je me suis fourrée... Je ne fais qu'attirer des ennuis à tout le monde.
Bon sang, ressaisis-toi, Gesh ! Tu vaux mieux que ça !

J'écrase rageusement les larmes d'auto-apitoiement qui voudraient bien couler sur mes joues pour me rendre encore plus misérable. Hors de question de céder.

_Je... Je n'ai rien et... Enfin, sauriez-vous où je puis trouver un endroit où passer la nuit ? J'ai très froid et je...n'ai nulle part où aller. Enfin je ne voudrais pas vous attirer d'ennuis non plus !

Plus de sourire miséricordieux sur mon visage à présent. De toutes façons, je n'ai aucune obligation ici. Je n'ai pas à être parfaite, ni à sourire, ni rien. Je n'en ai pas envie, et puis tout cela est vain, en fin de compte, s'il faut mourir après. Je hais les Dieux et leur conservatisme. Ou plutôt je les aime trop, enfin je n'en sais rien...
J'ai l'impression que c'est la première fois, mais j'ai vraiment l'impression d'avoir besoin de dormir.

Alex
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Alexander Aestas
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Lun 29 Juin - 20:20

La demoiselle retourne sur le sentier et se tourne vers moi. Elle m’adresse un sourire, et me dit que ça ne la dérangeait pas que je pose la question. Tant mieux, je me serais senti mal si ma question l’embêtait…

Je hausse alors un sourcil, remarquant soudainement un détail qui me chiffonne. Quand elle parle… je n’ai jamais entendu cette langue. Elle ne m’est même pas familière. Pourtant, je comprends tout ce qu’elle me dit. C’est… étrange. D’ailleurs, tant que j’y pense, sa tenue et sa coiffure m’évoquent vaguement quelque chose. Je ne sais pas quoi. C’est perturbant. Je recentre mon attention sur elle, tentant de faire abstraction de ces bizarreries.

Elle continue en expliquant qu’elle était une amie de Nanna. Une amie de Nanna. J’avoue que je reste un peu perplexe. Souvent les gens décrivent mon dieu comme un dieu très solitaire, alors je ne pensais vraiment pas croiser un jour quelqu’un se disant l’un de ses amis.

Ensuite, elle m’explique que c’est tout à fait normal que je ne croise personne près du temple de Nanna. Qu’il a un nombre de missionnaire limité. Comment se fait-il qu’elle sache ce genre de chose ? Bon… je suppose que ça ne me regarde pas… si c’est une amie de Nanna, c’est normal qu’elle en sache plus que moi.

— Ahem, sauriez-vous me dire en quelle année nous sommes ? Je... je suis un peu perdue à vrai dire.

Je la regarde sans pouvoir cacher mon air à la fois surpris et perplexe. En quelle année ? Elle est étrange sa question. Bon… après tout si elle voyage depuis longtemps et qu’elle ne se rend pas dans les villes… on peut facilement perdre la notion du temps… mais là, dans le contexte de sa phrase, c’était assez étrange quand même. Cette fille semble… vraiment trop décalée. En tout. Vêtements, langue… elle ne semble pas être d’ici. Je veux dire, pas du même temps. Ça ne m’étonnerait même pas, je commence à avoir l’habitude des phénomènes bizarres ici.

Euh… nous sommes en 2015…

En prononçant cette date, mon cerveau semble faire « tilt ». Oh mais… elle ne comprendra pas, si je lui dis 2015… et vu sa réaction, elle ne comprend pas, en effet…

Je sais pourquoi ses vêtements me disent quelque chose… j’ai déjà vu des représentations de tenues et coiffures similaires, dans des bouquins de la Congrégation… sur Sumer… La tenue… la langue… la connaissance des dieux… le fait de ne pas connaître l’année… Soit c'est une très très bonne comédienne et une très grande passionnée de l'époque... soit...

Oh… vous venez de Sumer ?…

… non, cela ne m’étonne qu’à peine. Il y a tellement de phénomènes bizarres, surtout ces derniers temps, alors bon, un de plus, un de moins…

Je fais un rapide calcul mental, pour lui donner une approximation de la date. La civilisation sumérienne aurait commencé vers la fin du IVème millénaire avant J-C…

Euh… si je ne me trompe pas… nous sommes à un peu plus de cinq mille ans après le début de Sumer. Je ne sais pas si ça vous parle…

Plusieurs émotions semblent passer dans ses yeux, mais manifestement elle ne veut pas les montrer, puisque c’est très rapide. Rapidement, ses yeux redeviennent… neutres, si je puis dire. Je ne sais pas trop ce qu’elle doit ressentir en cet instant.

— Je... Je n'ai rien et... Enfin, sauriez-vous où je puis trouver un endroit où passer la nuit ? J'ai très froid et je...n'ai nulle part où aller. Enfin je ne voudrais pas vous attirer d'ennuis non plus !

J’avoue avoir un peu pitié d’elle. C’est plutôt rare, parce que souvent les gens n’aiment pas qu’on ait pitié d’eux. Je doute qu’elle le veuille, mais c’est plus fort que moi là… Si j’avais eu une veste, je la lui aurais donnée. Mais, comme à mon habitude, je n’en ai pas. Je ne suis pas du tout frileux, de base. La seule fois où j’avais vraiment eu froid, c’était pendant ma mission pour Nanna.

Je ne sais pas trop quoi faire pour elle. Je ne peux pas lui dire d’aller dans un hôtel, surtout qu’elle n’a rien. Et je n’ai pas assez d’argent sur moi pour lui payer ne serait-ce qu’une nuit. Donc, je suppose que je n’ai pas bien le choix… je ne vais pas la laisser là, dehors, de nuit, quand même. D’autant plus que c’est une amie de Nanna…

Je pense qu’ils vous octroieraient une chambre, à la Congrégation… Mais si pour des raisons personnelles vous ne pouvez pas… Je peux vous héberger pour la nuit, si vous voulez…

Je sais que cela ne poserait pas de problèmes, chez moi. Au contraire. Mes parents ne cessent d’insister pour que j’amène des amis à la maison, chose que je n’ai jamais –ou très peu- faite.

Je penche un peu la tête sur le côté, attendant sa réponse. Libre à elle d’accepter ou non ma proposition.


Geshtinanna
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Lloyd
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Ven 24 Juil - 11:03
Il a l'air surpris en m'entendant. Je sens que je vais rapidement devoir m'y faire, forcément personne ne doit avoir l'habitude d'entendre parler sumérien ici ! J'imagine aussi que cela lui semble étrange que je me dise amie de son Dieu... Ce n'est pas entièrement vrai mais la vérité serait beaucoup trop longue à expliquer, surtout que je ne suis pas certaine de la connaître entièrement moi-même. Tout est si compliqué avec les Dieux... Et certainement encore bien plus aujourd'hui. Chaque instant qui passe voit se complexifier leurs rapports aigre-doux et s'éloigner leur semblant d'humanité si jamais ils en ont eu. Peut-être ne sont-ils que des hommes qui ont vécu beaucoup trop longtemps ? Et moi, qui suis-je pour eux ? Je n'ai perçu aucun de mes semblables depuis mon arrivée. Suis-je donc la dernière ? Les Dieux auraient-ils arrêté de nous créer, ou nous auraient-ils éradiqués ?

Non, je ne dois pas penser ainsi, c'est uniquement parce que je suis épuisée que je me laisse aller à de pareilles considération. Allez ma petite Gesh, sois forte !

Euh… nous sommes en 2015…

...En 2015 ?! L'année 2015 il veut dire ? Il est pourtant impossible que j'aie voyagé dans le passé. Je suis partie en 3686 certes, mais toute cette technologie ne peut me tromper : elle a été inventée après mon départ, puisqu'aucun Dieu ne m'a parlé de si monumentale régression de l'humanité dans les temps anciens. Ce doit être un autre système de comptage et...

Oh… vous venez de Sumer ?…

Il a donc deviné... Pas étonnant après tout, je ne fais rien pour le cacher et il doit posséder les connaissances relatives aux coutumes sumériennes, si cette Congrégation est bien ce que je pense. Mais il vaut mieux que je ne lui réponde pas, je risque trop... Le Missionnaire prend un air un peu perplexe que je trouve adorable.

Euh… si je ne me trompe pas… nous sommes à un peu plus de cinq mille ans après le début de Sumer. Je ne sais pas si ça vous parle…

Mes yeux s'agrandissent sans que je puisse les en empêcher et je sens tout mon corps se refroidir d'un coup en entendant ses mots - dans la mesure très réduite où je frissonnais déjà dans la nuit naissante. Je plaque mes mains sur mon visage glacé, horrifiée. 5000 ans ?!  J'ai voyagé de 5000 années dans le futur ?! Je... je devrais être morte depuis des siècles, comme ce doit être le cas pour tous ceux que j'aime. Comme Mère. Rien ne me rattache à ce monde, je n'y ai pas, plus ma place, et tout ce que je connais m'est inaccessible... Je ne sais pas quelles circonstances m'ont permis d'arriver jusqu'ici, mais je dois repartir au plus vite, avant que cela ne soit plus possible. Je ferai face à mon châtiment, je n'aurai pas le choix de toute façon.

Un léger vertige me fait chanceler. Non, surtout je ne dois pas rester à la Congrégation. Le jeune homme penche la tête avec curiosité; c'est effrayant comme il ignore la gravité de la situation, comme le petit sourire qui éclaire son visage harmonieux est loin de ma terreur. Je vais faire face, et profiter au maximum des quelques heures que je m'accorde ici. Ce seront sans doute mes dernières après tout. J'inspire, le plus calmement possible. Allez, reste maîtresse de toi, Gesh !

_5000 ans, c'est... c'est vertigineux. Il va sans doute me falloir quelques instants pour m'y faire, mais je... serai ravie que vous m'hébergiez, votre appui me sera bien plus précieux que je ne l'imaginais... Oh et puis tant pis, je viens de Sumer, oui ! J'ai fait un voyage de plusieurs millénaires dans le temps, je ne pensais pas parvenir si loin... Et je dois à tout prix éviter les Dieux, sinon ils me tueraient probablement et... Pardonnez-moi de vous impliquer là-dedans. Je leur dirai que c'est ma faute. Nanna le sait, il ne vous punira pas, mais... vous ne pourrez rien lui cacher. Ne me posez pas de questions je vous en prie, ou il en connaîtra les réponses et je... ne veux pas le voir impliqué lui non plus.

Je baisse la tête, désespérée, désorientée. Oh qu'ai-je fait... Au moins, si je suis si loin je peux être certaine de ne pas entrer en conflit avec une autre moi qui aurait vécu toutes ces années. Elle doit être morte depuis des siècles. Je reprends courage, un peu.

_Je vous suis, Alexander ! Merci.

Alex
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Ven 24 Juil - 19:58

Lorsque j’ai annoncé approximativement l’année par rapport à Sumer dans laquelle nous sommes à la demoiselle, je m’attendais bien évidemment à un choc, c’est clair. Mais lorsque je perçois l’expression d’horreur et limite de panique sur son visage, avant qu’elle ne plaque ses mains dessus, je me demande si j’ai bien fait de lui dire. J’avance de quelques pas vers elle en parlant d’une voix douce, tentant de la rassurer comme je le peux :

Ça va aller… vous savez, si vous êtes là par un problème divin, les supérieurs de la Congrégation devraient pouvoir le régler…

Je ne peux m’empêcher de lever les yeux vers le ciel. C’est Nanna, le dieu du Temps. La présence de cette demoiselle est peut-être due à une erreur de sa part… je ne sais pas… suite à l’éclipse il doit y avoir pas mal de problèmes au niveau des dieux, c’est vrai. J’espère qu’une solution pourra être trouvée…

Je baisse à nouveau les yeux vers la jeune fille, à temps pour la voir chanceler. D’un geste vif je pose ma main sur son épaule, pour l’aider à retrouver l’équilibre. L’état de cette demoiselle m’inquiète, je l’avoue. Le choc, l’épuisement, la panique… Normalement il aurait été bien de faire un détour par l’hôpital, mais premièrement je doute que les médecins puissent faire quoique ce soit pour elle, et deuxièmement je doute qu’elle le veuille. Je crois que la seule chose qui puisse l’aider c’est de dormir, afin de s’éclaircir les idées.

Elle inspire doucement, probablement pour tenter de reprendre son calme. Puis elle m’explique, d’une voix un peu saccadée tout de même, qu’il ne fallait pas que les dieux la trouvent, qu’elle était en danger de mort, et que je ne devais pas lui poser plus de questions au risque que Nanna en connaisse les réponses. Je reste un peu perplexe. Nanna est un dieu, par conséquent il sait tout… non ? A moins que cette fille soit suffisamment puissante pour pouvoir dissimuler des choses aux dieux, c’est vrai qu’après tout son aura est indéfinissable.

Je hoche doucement la tête.

Je ne poserai pas de questions. Ça va aller, OK ? Vous savez, si vous êtes une amie de Nanna je doute qu’il laisse quoique ce soit de fâcheux vous arriver. Venez, vous avez vraiment besoin de vous reposer si vous voulez mon avis. Je doute qu’un dieu vienne vous trouver chez moi.

…enfin bon, ce sont des dieux, alors s’ils la trouvent et veulent venir la chercher, qu’elle soit chez moi ou pas, ça ne change pas grand-chose. Mais je veux l’apaiser, essayer tout du moins. Je lui adresse un sourire que je voulais rassurant.

Finalement elle déclare me suivre puis me remercie. Tiens, je ne me rappelle pas lui avoir précisé mon nom… bon, j’ai dit que j’arrêtais de poser des questions. J’acquiesce doucement, et lâche son épaule avant de reprendre le chemin en direction de la Congrégation, puis de mon domicile. Je vérifie de temps à autre que la demoiselle me suit bien. J’ai l’impression qu’elle pourrait se volatiliser à tout instant, et après ce qu’elle m’a dit, ce serait plutôt inquiétant.

On arrive finalement chez moi. J’ouvre la porte, qui n’est pas fermée puisque je sais que ma sœur est présente.

— Alex c’est toi ? fait sa voix depuis la cuisine.

Evidemment, qui d’autre ? fais-je en levant les yeux au ciel.

— Papa et maman ont dit qu’ils passaient le week-end chez des amis avec…

Elle se poste alors sur le pas de la porte, un torchon dans une main, une assiette dans l’autre –manifestement elle faisait la vaisselle-, mais se coupe dans sa phrase en voyant la demoiselle derrière moi.

Lily la dévisage de haut en bas, beaucoup d’expressions passant sur son visage. Elle doit probablement commenter intérieurement sa tenue, ses bijoux, sa coiffure. Puis finalement elle hausse légèrement les épaules, et un immense sourire fend son visage :

— Bah alors, maintenant mon petit Alex-chou ramène des filles à la maison ? C’est bien ça ! Bonsoir mademoiselle ! Puis-je avoir l’honneur de connaître votre nom ? Pour une fois qu’Alexander ramène quelqu’un à la maison, vous mériteriez un trophée !

Mes joues se colorent de rouge. Ma sœur est toujours super directe, c’en est gênant parfois…

Puis alors, mon cœur loupe un battement tandis que je tourne la tête vers la demoiselle sumérienne. Mince, elle ne parle pas suédois, ni même aucune langue d’aujourd’hui ! Et qui plus est, je ne connais pas son nom… d’autant plus que si je sortais un nom sumérien à ma sœur, elle trouverait ça bizarre et s’empresserait de me demander de quelle origine elle est etc… bref. Je vais devoir improviser, je crois.

Euh…Lily… je te présente Laura ! Et euh… il se trouve qu’aujourd’hui elle s’est rendue à une fête costumée, d’où sa tenue un peu atypique ! Ah et puis elle a vu tellement de trucs et de gens qu’elle rêvait de voir, du coup elle a pas mal crié et du coup elle n’a plus de voix… genre vraiment. Et puis comme elle n’est venue que pour cette fête, bah elle n’a pas de logement sur Stockholm…

Je serre légèrement les lèvres. Déjà de base je suis un très mauvais menteur, mais alors là c’est probablement le truc le plus pourri que j’ai pu inventer. Arf, j’espère que Lily ne me posera pas de questions…

Ma sœur m’adresse un sourire, puis finalement s’écarte pour nous laisser entrer.

— J’ai déjà préparé le repas ! Vous allez manger un morceau, quand même ?!

Un faible soupir m’échappe :

C’était à moi de préparer à manger ce soir, tu le sais…

— Ouais mais tu mettais du temps à rentrer, et puis moi j’avais faim, alors voilà hein.

Je lève les yeux au ciel, puis tourne à nouveau la tête vers la demoiselle que j’avais nommée « Laura ». Je lui souffle un bref « désolé pour le mensonge » que seule elle peut entendre, puis pose ma main sur son épaule pour y exercer une légère pression et l’amener vers la salle à manger. Elle n’en a peut-être pas envie, mais il faudrait vraiment qu’elle mange, ça ne peut lui faire que du bien, si vous voulez mon avis.


Geshtinanna
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Sam 25 Juil - 11:20
Je sonde toujours ses pensées. Non, ce n'est pas la faute de Nanna ! C'est moi qui l'ai trompé. C'est de ma faute. Et l'éclipse... Ka m'en a vaguement parlé tout à l'heure, Utu est parti... Nanna, vous vous seriez disputé avec Utu ? Lui qui est si bon, ce n'est pas croyable... Vous avez toujours été assez sage, plus que lui ! Comment avez-vous pu céder à la colère... Mon cœur se froisse sous la vision de mes chers Dieux dressés l'un contre l'autre, la haine, viscérale, peinte sur leurs beaux visages.  Il aura fallu qu'ils se déchirent, après tout ce temps ! Serait-ce cela qui m'a permis d'arriver ici ? Une faille temporelle causée par un combat de Nanna et Utu ?

Le garçon pose sa main sur mon épaule pour me retenir. Je lis pitié et compassion dans ses pensées. Quelle image puis-je encore offrir aux humains si j'ai besoin du soutien de l'un d'eux ? Mon pouvoir fluctue intensément depuis mon arrivée. Je me suis sentie si puissante au début, et me voilà faible comme une humaine ! Sans doute le jeune homme est-il sujet aux mêmes troubles. Il faudra que je le lui demande... Ainsi que des précisions à propos de l'éclipse. Sa main tiède me rassure, pour l'instant. Je me concentre sur son contact, si imprévu. D'ordinaire personne n'oserait tenter de m'approcher, et encore moins de me toucher. Mais lui ne sait rien... C'est agréable. Les Hommes ont besoin de contact pour subvenir à leur besoin d'affection. Sans doute suis-je aussi concernée, malgré moi.
Il hoche la tête à mes paroles, tandis que je lui donne mon entière confiance. Rien de mal ne peut sortir de ce garçon, à mon avis. J'écoute distraitement sa voix, en en appréciant le timbre doux. Je n'ai même pas écouté ce qu'il m'a dit... Peu importe, il semble se disposer à partir. Il me sourit et repart sur le chemin; je détourne moi aussi mes pas en direction des bâtiments, les pieds trempés par la rosée glaciale.

Je décide d'arrêter de réfléchir. J'ouvre grands mes yeux et les fixe sur tout ce que je peux pour détourner les larmes qui voudraient perler. Je dois retenir le plus de choses possibles, puis je les écrirai pour m'en souvenir, je les donnerai à Père si je meurs et peut-être saura-t-il agir en conséquence, s'il connaît un peu le futur. Ou peut-être le connaît-il déjà... Je dirige mon regard vers les grands flambeaux éclairant la rue, des "lampadaires", lis-je dans l'esprit d'Alexander. Ils fonctionnent sans flamme, avec de l'électricité. L'électricité est omniprésente en ce monde. C'est une énergie qui fait fonctionner tout ce qui bouge sans être vivant, elle est dangereuse aussi. Un passant a vu son frère tué par elle. De grandes cordes traversent les rues, mais aucun linge n'y sèche, elles transmettent les voix de ceux qui se parlent à distance.
Tout tourbillonne en moi, j'ai l'impression de ne pas pouvoir comprendre tout ceci. Les Hommes créent de l'énergie par eux-mêmes et voudraient se passer des Dieux... Enfin, ce n'est pas à moi d'agir ici. Ce n'est pas mon temps. Je suis morte depuis longtemps. Et vivante aussi... Je me concentre sur les épaules du jeune homme. De temps en temps il se retourne pour vérifier que je le suis, et je lui souris du mieux que je peux, en détaillant les plis d'étoffe que créent ses mouvements. Finalement je le rattrape pour marcher à ses côtés. Il a l'air inquiet et préoccupé à présent. Comme je m'en veux de lui amener des problèmes, il ne les mérite pas...
Nous arrivons devant une petite maison, il ouvre la porte et une voix féminine l'accueille, c'est sa sœur, Lily. Je réalise que je ne vais pas pouvoir parler sans susciter de questions trèèès gênantes, mais de toutes façons elle ne me comprendrait pas. Comment vais-je pouvoir rester muette toute la soirée ? J'espère que mon guide saura me trouver une excuse, car je ne pourrai prononcer que des noms propres sans me trahir. En attendant, je détaille la nouvelle venue. Très jolie elle aussi, les cheveux un peu plus clairs que ceux d'Alexander et les yeux verts, elle semble dynamique et affectueuse envers son frère. Je lui souris, passant sur sa réaction de surprise à ma vue.
La jeune fille s'écrie que je mériterais un trophée pour avoir réussi à me faire amener ici. C'est vrai qu'Alexander semble plutôt introverti, il doit être très gêné qu'on puisse s'imaginer qu'il est en couple avec moi ! Il rougit et baisse la tête, je voudrais pouvoir dire que je suis juste une amie, mais c'est impossible... Comme c'est cruel de devoir le laisser faire face seul. Il me regarde, paniqué, il vient de comprendre que je ne peux pas parler, et improvise un peu...

Euh…Lily… je te présente Laura ! Et euh… il se trouve qu’aujourd’hui elle s’est rendue à une fête costumée, d’où sa tenue un peu atypique ! Ah et puis elle a vu tellement de trucs et de gens qu’elle rêvait de voir, du coup elle a pas mal crié et du coup elle n’a plus de voix… genre vraiment. Et puis comme elle n’est venue que pour cette fête, bah elle n’a pas de logement sur Stockholm…

Ahem, je suppose que personne n'y croira mais que ça évitera les questions. Je vais essayer de ne pas me tenir trop droite mais un peu avachie comme le font les hommes. J'aimerais pouvoir réduire ma taille et me donner une apparence plus humaine, mais il est trop tard. Ce soir je vais être Laura, fanatique hystérique de célébrités. Nous entrons, précédés par la jeune fille. Dans l'intimité de cet instant il me murmure des excuses pour son mensonge. Je lui souris pour le rassurer.

_Ne t'inquiète pas, je ferai de mon mieux !

Puis il m'entraîne vers une autre pièce et je me laisse faire, exténuée. Une table entourée de chaises trône au centre, j'ai l'impression de m'asseoir à un autel pour manger des offrandes. A Ur on mange assis par terre, sur de grandes nattes, les tables sont réservées au service divin... Je me force un peu à manger ce qu'on me sert, je ne voudrais pas vexer mes hôtes mais je n'ai pas besoin de manger. Nous parlons peu, fatigués, et je me contente de sourire lorsqu'on s'adresse à moi. Je suis heureuse d'être ici, j'ai l'impression qu'aucun danger ne peut plus m'atteindre.

Alex
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Sam 25 Juil - 16:47

Elle mange, sans grand appétit cependant. C’est vrai qu’un choc important peut facilement couper l’appétit, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se laisser dépérir. D’autant plus qu’elle ne doit pas particulièrement aimer la nourriture d’ici, ce n’est pas ce dont elle a l’habitude. Je ne sais pas ce qu’ils mangent…enfin mangeaient, à Sumer. C’est vrai que je n’aurais plus vraiment d’autres occasions de voir des gens venant de là-bas, je pourrais lui poser des questions. Tant que ça ne la concerne pas personnellement, ce n’est pas dérangeant non ? J’ai toujours été quelqu’un de curieux, mais généralement je préfère ne pas poser de questions, de peur d’être trop indiscret.

Lily ne cesse de poser des questions, justement. C’est assez embarrassant, puisque pour les trois quarts de ses interrogations je suis obligé d’inventer. Je lui explique notamment que nous nous étions rencontrés dans le cadre de mon « école ». En même temps, je ne peux pas lui dire que je l’ai croisée près du temple de mon dieu quoi… Ma sœur est humaine et ne sait rien de tout ça, et je tiens à ce qu’elle le reste. Je tiens à la tenir écartée de tout cela. En ce qui me concerne, je pense que ça m’a été bénéfique de croiser le chemin de Nanna, parce que cela me donne un but. En revanche, ma sœur, qui est pleine de vie et est encore assez enfantine dans sa tête, je la vois difficilement au service d’un dieu. Elle est heureuse comme elle est maintenant, je ne veux pas que ça change pour elle.

Bref, Lily n’arrête pas de parler.

— Franchement Alex, tu changes vachement depuis que t’es parti pendant une semaine là la dernière fois ! TU VOIS DES GENS MAINTENANT ! Tu te rends pas compte, en quelques jours c’est la deuxième fille que tu me présentes ! La dernière fois quand t’as été au concert avec… euh… Tyarisse qu’elle s’appelait je crois ? En plus t’as joué du violon devant elle, c’est un exploit ! Et puis là tu te ramènes avec une seconde demoiselle ! Franchement si tu continues comme ça tu seras plus un éternel célibataire bien longtemps ! C’est bien, c’est bien !

Je fixe mon assiette vide, les joues rouges. Je ne sais pas vraiment à quoi elle joue, là. Je déteste quand elle me fait ses grands discours sur ma vie amoureuse, qu’elle trouve beaucoup trop… vide. Mais moi je me porte très bien tout seul, pourquoi elle ne peut pas comprendre ça ? Enfin bref… c’est Lily, et quoique je dise je ne la changerai pas.

C’est pour rendre service, je marmonne enfin. Pourquoi tu interprètes toujours tout de travers lorsque je m’adresse à une fille… ?

Avec un éclat de rire, ma sœur m’ébouriffe les cheveux.

— Mais je saiiiis mon Alex, rohh ! C’est pour t’embêter que je dis ça !

J’adresse un regard d’excuse à la demoiselle sumérienne, qui se doit de rester muette. Lily est vraiment lourde, parfois. Moi j’en ai l’habitude, mais pour les gens de l’extérieur ce doit être particulièrement pénible.

Je change de sujet :

Est-ce qu’on a un matelas pour… Laura ? (j’espère que mon instant d’hésitation ne s’est pas fait remarquer) Sinon je peux dormir sur le canapé…

Lily reprend une expression sérieuse tandis qu’elle réfléchit, avant de répondre :

— Bah… le canapé dans ta chambre, c’est pas un clic-clac ?

Ah… oui c’est vrai. A force, j’oublie qu’il y a un canapé dans ma chambre, puisque je m’en sers surtout pour y poser mon violon et mes partitions.

Oui, c’est vrai… enfin… j’espère que ça ne vous…te dérange pas ?fais-je à l’attention de la demoiselle sumérienne.

Je laisse passer un temps, puis me mets debout, et tends les mains pour récupérer les assiettes et les couverts des deux jeunes filles. Cependant, ma sœur me donne une tape sur la main.

— Laisse ! T’as une invitée, c’est moi qui fais les corvées ce soir !

C’est à mon tour de faire la vaisselle, t’as déjà préparé le repas…

— Nan ! T’as suffisamment fait les corvées à ma place quand j’avais des amis à la maison, alors il faut bien que je te le rende !

Elle m’adresse un sourire, avant de faire un mouvement de la tête vers la porte de sortie de la pièce. Je lève légèrement les yeux au plafond, et invite la sumérienne à me suivre. Une fois certain que Lily ne puisse plus nous entendre, je prends la parole :

Je suis désolé, pour Lily. Elle… a tendance à beaucoup trop se préoccuper de ma vie. Je suis vraiment désolé des sous-entendus qu’elle a pu faire. Et je suis désolé de vous avoir tutoyée tout à l’heure, mais si je vous avais vouvoyée ma sœur aurait trouvé ça étrange.

J’ouvre la porte de ma chambre, fais un vague geste de la main vers mon lit pour qu’elle s’y asseye, puis entreprends de ranger le bazar sur le canapé. Le seul endroit de cette pièce où je m’autorise à tout poser sans ranger, sinon ma chambre est entièrement propre. En même temps, il faut dire que je suis obligé d’y faire le ménage très régulièrement, avec mes pouvoirs incontrôlables là… j’arrive à faire disparaitre la poussière par moi-même environ une fois sur deux, sinon il faut que je passe le balais.

Une fois le canapé débarrassé, je m’y assois avec un faible soupir. Je lève les yeux vers la demoiselle, dont je ne connais toujours pas le véritable nom. A dire vrai, comme je ne suis pas censé lui poser de questions, je ne sais pas si je peux le lui demander. Bon, ce n’est pas vraiment important, pour quelques heures…

J’avise alors ses cheveux. Très sérieusement je me demande comment elle fait pour se coiffer ainsi. Avec l’entremêlement de ses bijoux… ça ne doit pas vraiment être confortable. Surement pas pour dormir. J’hésite un instant. Elle ne peut pas défaire une telle coiffure seule, sans en abimer les bijoux, qui semblent aussi fragiles qu’une fleur. Je suppose qu’elle y tient…

Euh… Vous voulez peut-être que je vous aide à défaire votre coiffure ? Ça m’a l’air compliqué à retirer seule…

Je ne suis pas vraiment doué pour mettre les gens à l’aise (du moins ce n’est pas l’impression que j’ai), de par ma manière d’être. Alors bon, je fais comme je peux.


Geshtinanna
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Dim 9 Aoû - 16:27
J'observe avec intérêt les relations entre Alexander et sa soeur. Cette dernière est très enthousiaste et semble se sentir personnellement impliquée dans la vie sociale du jeune homme. Je souris pour moi-même. Sans doute ferais-je pareil si j'avais un frère aussi... Aussi quoi ? Discret, réservé, doux ? En même temps il semble prêt à tout pour aider les gens dans le besoin comme cela a été mon cas tout à l'heure. Je comprends rapidement que l'"école" dont il parle est la Congrégation, et que Lily ne sait rien du monde divin; Alexander paraît faire très attention à ne pas la faire devenir Médium. Il est vrai que quand on y réfléchit être en potentielle relation avec un Dieu n'est pas forcément bénéfique aux Humains. Une fois qu'ils en rencontrent un ils sont amenés à être agressés par des Créannes, risquer leur vie dans des missions dont ils ne sont qu'un pion, se faire manipuler et au besoin sacrifier pour les projets d'un Dieu dont ils ne savent presque rien, engoncé dans des querelles millénaires. J'ai presque pitié des Missionnaires, à bien y réfléchir...

Lily taquine gentiment son frère sur ses relations aux filles. A en juger les pensées du Prêtre-roi, la dénommée Tyarisse lui plaît beaucoup... Il rougit en baissant le regard, et je regrette de ne pas pouvoir dire un mot pour dissiper sa gêne. Il devrait pourtant comprendre que sa soeur ne parle pas sérieusement, surtout si elle lui ébouriffe les cheveux ainsi... Quand mon frère et moi étions petits Père nous embêtait parfois ainsi, je le prenais toujours assez mal jusqu'à ce que je le voie plaisanter avec Ershkigal de cette manière et que je comprenne que c'était uniquement affectueux.

Alexander me jette un regard et je lui retourne un sourire chaleureux pour lui faire comprendre que ça ne me dérange pas du tout. Au contraire même, leur conversation est plutôt amusante à suivre !
Oh, je comprends que je vais dormir dans la même pièce que le jeune homme, ce qui aurait été totalement impensable chez moi... Après tout ça n'a que peu d'importance, et puis je n'ai pas besoin de dormir cette nuit, à part pour chasser l'ennui. Aucun risque qu'il m'arrive quoi que ce soit, j'y veillerai ; et je ne crois pas non plus avoir quoi que ce soit à craindre de la part d'Alexander. Je secoue la tête pour signifier que ça ne me gêne pas, avant de le suivre dans sa chambre

Je suis désolé, pour Lily. Elle… a tendance à beaucoup trop se préoccuper de ma vie. Je suis vraiment désolé des sous-entendus qu’elle a pu faire. Et je suis désolé de vous avoir tutoyée tout à l’heure, mais si je vous avais vouvoyée ma sœur aurait trouvé ça étrange.

Je souris en riant :

_Ne vous inquiétez pas, ça ne m'a pas dérangée du tout, et vous avez été parfait ! Votre sœur a vraiment l'air très gentille, vous devez être un homme heureux avec elle...

Comme il m'en fait signe je m'assieds sur le lit en songeant que les mœurs se sont très clairement décomplexées depuis mon époque. Pendant ce temps il range le curieux instrument de musique posé sur son sofa, ainsi que les feuilles portant une écriture régulière que je devine désigner la musique. Je serais curieuse d'entendre la musique que l'on joue ici, elle semble très différente de celle que je connais. Le garçon s'est assis face à moi et me regarde curieusement. Je l'entends se demander quel est mon nom et réalise que je n'ai pas quitté ses pensées depuis que nous sommes dans sa maison. Je m'en retire, un peu gênée, en m'insultant moi-même de mon irrespect envers lui qui m'accueille si chaleureusement. Qui suis-je donc pour violer son intimité ?

Il me propose de m'aider à retirer mes bijoux, que j'avais presque oubliés. Je frôle mes cheveux de la main pour m'assurer qu'ils sont bien là, ils sont si légers que je les sens à peine, quand je bouge. D'ordinaire c'est l'une de mes suivantes qui me coiffe le matin, et qui défait son ouvrage le soir, si je compte dormir. J'aurais sûrement dû lui demander de me les ôter avant de partir, mais elle se serait doutée que je lui cachais des choses car j'avais dormi la veille.

_Si cela ne vous dérange pas, je vous en serai très reconnaissante, j'aurais trop peur de les abîmer en le faisant moi-même... Oh, et vous pouvez m'appeler Gesh, de toute façon si vous parlez de moi à quelqu'un qui me connaît il devinera tout de suite qui je suis, même sans connaître mon nom.

J'hésite un court instant en détaillant la chambre. Il n'y a pas de tabouret bas où je puisse m'asseoir pour qu'il puisse me détacher les cheveux. Tant pis, la natte qui couvre le sol suffira... Je me lève et m'agenouille dessus, dos au jeune homme. Je m'efforce de garder la tête immobile pour ne pas le gêner, lui qui ne doit pas avoir l'habitude de faire ce genre de choses, le regard fixé sur l'instrument devant moi. Je lui demande :

_Pardonnez ma curiosité, mais quel est cet instrument de musique ? Ses cordes semblent bien trop rapprochées pour qu'on puisse en jouer avec les doigts... Et cette écriture, est-ce qu'elle désigne la musique ?

Chez moi le seul moyen de transmettre une mélodie est de la chanter, personne n'a encore réussi à trouver de moyen pour l'écrire.
Je soupire. J'ai si peu de temps pour découvrir ce monde, et pourtant il contient tant de choses nouvelles pour moi ! Je voudrais savoir, si seulement c'était possible...

Alex
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Jeu 13 Aoû - 21:10

Elle acquiesce à ma proposition, et me signale que je pouvais l’appeler Gesh.

— …de toute façon si vous parlez de moi à quelqu'un qui me connaît il devinera tout de suite qui je suis, même sans connaître mon nom.

Sans connaître son nom ? Soit elle est très proche de tous ceux qu’elle connait, soit elle est vraiment… spéciale. Enfin après tout c’est une amie de Nanna, et les autres dieux voudraient sa mort d’après ce qu’elle m’a dit, supposant donc qu’elle représente un certain danger pour eux. De plus son aura est étrange. Elle n’est pas une simple humaine, c’est clair. Mais je lui ai promis de ne pas poser de questions.

J’esquisse une légère grimace lorsqu’elle s’agenouille à même le sol pour que je détache ses cheveux. C’est irrespectueux de la laisser par terre.

Ne restez pas par terre… vous feriez mieux de rester assise sur le lit, face au mur, je vais me mettre debout…

Quelques minutes de silence se font, pendant lesquelles je commence à séparer ses cheveux de ses fins bijoux, mèche par mèche. C’est minutieux, et je me dois d’avoir des gestes doux, pour ne pas abimer les bijoux ou lui faire mal à elle. Je m’excuse dans un murmure lorsque je tire trop fort ses cheveux.

Elle reprend la parole :

— Pardonnez ma curiosité, mais quel est cet instrument de musique ? (Je redresse la tête instinctivement pour poser mes yeux sur mon violon.) Ses cordes semblent bien trop rapprochées pour qu'on puisse en jouer avec les doigts... Et cette écriture, est-ce qu'elle désigne la musique ?

Un mince sourire se dessine sur mon visage, tandis que je retourne à ma tâche. Ce sont des questions innocentes, sa curiosité est touchante. Bien loin de sa panique de tout à l’heure. Tant mieux.

Vous n’avez pas à vous excuser, vous avez bien raison d’être curieuse, ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir comment le monde va évoluer. On appelle cet instrument un violon. On peut en jouer avec les doigts, mais (je prends la mèche de cheveux emmêlée à une fine chaîne d’or dans une main, et, de l’autre, montre l’archet posé à côté du violon)généralement on utilise un archet, pour frotter les cordes…

Je dépose délicatement à côté d’elle la chaîne dorée que je venais de libérer.

… et oui, cette écriture permet à ceux qui l’apprennent de lire la musique. Et de les aider à la jouer. Ceux qui jouent sans ça sont des véritables génies. Pour notre époque du moins.

J’entreprends de défaire une fine tresse, dont l’une des trois mèches utilisées était une petite chaîne en argent.

Dites-moi, ça doit être long à faire, cette coiffure… on vous la fait tous les jours ? Aujourd’hui, des choses aussi sophistiquées ne se voient que lors de grandes occasions. Est-ce que… c’était un jour de festivités lorsque vous êtes partie ? On dit que les civilisations anciennes… enfin… anciennes pour nous… avaient beaucoup de fêtes. C’était… c’est pareil pour vous ? Avez-vous beaucoup de fêtes en l’honneur des dieux ? Et… et de manière générale… comment ça se passe ? Votre vie… les croyances… les coutumes…

Je secoue légèrement la tête. Je m’agace tout seul.

E…excusez-moi, je pose trop de questions. C’est juste que… ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre quelqu’un qui vient du pays, de la civilisation que l’on étudie. Vous n’êtes pas obligée de répondre, je sais que je suis agaçant parfois.

Je finis enfin de démêler la dernière chaîne d’avec les mèches restantes, et ses cheveux sombres tombent en cascade dans son dos. Ils sont doux, ses cheveux. Si lisses, si fins, si sombres. Ils me rappellent ceux de Nanna, à dire vrai.

Je dépose la dernière chaîne d’or à côté des autres.

C’est bon, j’ai fini.


Geshtinanna
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Mar 22 Sep - 22:06
Je m'assieds sur le bord du lit, laissant le jeune homme passer derrière moi et commencer à défaire ma coiffure. Je me sens un peu bizarre, dans ce monde j'ai l'impression d'être incapable d'agir par moi-même. Non que cela n'ait pas toujours été le cas à mon époque, mais ici cela semble plus... dérangeant. Comme si ça faisait de moi quelqu'un de moins digne de respect. Oh bien sûr je suis certaine que le jeune humain ne pense rien de tel de moi, mais quelque chose dans l'attitude générale me le fait comprendre. Dans le palais-temple où je vis - que dis-je, où je vivais - les servants s'occupant de certaines choses à ma place ne faisaient qu'accroître mon prestige et ma puissance. Ce qui ne m'a pas empêchée d'apprendre à faire la plupart des tâches qu'on m'interdisait, par pure bravade. Je l'avoue, je sais cuisiner, oh comme Père rirait de moi s'il le savait...

Ainsi donc opn joue de cet instrument avec un "archet", sans doute cette tige aux crins tendus...
Je sens avec délices les mains d'Alexander dans mes cheveux, sur ma nuque; il procède très doucement, sans la rapidité quelque peu indélicate que confère l'habitude à mes suivantes, et ce n'en est que plus agréable. Mes mèches sombres tombent une à une sur mes épaules tandis qu'il pose à côté de moi chaînettes et bijoux d'argent léger, perles de cristal et longues épingles d'ébène aux veines luisantes. Je me détends, peu à peu, en réalisant que personne ne me veut le moindre mal dans mon environnement immédiat, et les Dieux, les Dieux... Qu'ils regardent ailleurs, le temps d'une soirée ! j'ai entièrement dissimulé mon aura, cela fait partie de mes pouvoirs, ces immenses pouvoirs qui m'ont déjà valu un sursis, largement outrepassé à présent. Je retiens un soupir qui voudrait bien me faire m'apitoyer sur mon sort, lorsque le jeune Homme m'interrompt :

Dites-moi, ça doit être long à faire, cette coiffure… on vous la fait tous les jours ? Aujourd’hui, des choses aussi sophistiquées ne se voient que lors de grandes occasions. Est-ce que… c’était un jour de festivités lorsque vous êtes partie ? On dit que les civilisations anciennes… enfin… anciennes pour nous… avaient beaucoup de fêtes. C’était… c’est pareil pour vous ? Avez-vous beaucoup de fêtes en l’honneur des dieux ? Et… et de manière générale… comment ça se passe ? Votre vie… les croyances… les coutumes…

Je garde le silence quelques instants, mesurant la profondeur du fossé qui sépare nos cultures respectives, avant de lui répondre doucement.

_Eh bien, oui c'est long, quoi que mes suivantes soient assez rapides à cette tâche, mais on me la fait tous les jours, avec quelques variantes les jours de fête... Vous comprenez, je me dois d'offrir aux fidèles une image de perfection divine, et comme je ne possède pas les capacités de Père il faut bien en passer par le peigne...

Je me perds un instant dans mes pensées avant de reprendre :

_Ne vous excusez pas, je dois poser autant de questions que vous ! Je suis partie... Un jour ordinaire, dans la mesure où les jours peuvent l'être. Au Temple, chaque jour est dédié au culte du Dieu que nous servons, mais pour le peuple les fêtes sont moins nombreuses, seulement deux ou trois par lune... Ils viennent faire des offrandes quand ils ont besoin des faveurs de Nanna, et j'intercède parfois pour eux... Cela doit vous paraître étrange, ici où la présence des Dieux est presque oubliée, mais à Ur toute la vie est réglée par les commandements des Dieux, et en particulier de Nanna, qui est le Dieu principal de la ville...

Mes cheveux, d'une longueur me paraissant disproportionnée à présent, achèvent de couvrir mon dos et glissent sans bruit sur les draps. Je me retourne à moitié, en efforçant de ne pas les laisser tomber au sol, eux qui d'ordinaire descendent jusqu'à ma mi-cuisses. Étrange d'être les cheveux détachés en face d'un homme, mais la plupart des femmes vont ici tête nue et les cheveux libres, aussi suis-je certainement la seule à en être gênée. J'ai l'impression de vibrer à une autre vitesse que ce monde et d'y être en perpétuel décalage, d'y être profondément incompatible, bien qu'il m'attire irrésistiblement. Mais ce monde, cette époque ne sont pas les miens. Je songe à ma Chambre, seule attache qu'il me reste malgré tout, et encore ce n'est même pas sûr, j'ai peur qu'en y entrant cela m'emmène encore plus loin ou même nulle part dans le temps et l'espace.
Je jette mon regard par la fenêtre, où les nuages liserés d'argent pur caressent un croissant de Lune des bords de leurs volutes. La nuit est totalement tombée à présent, et j'avise un appareil où des signes rouges lumineux en bâtons changent de temps à autres.

_Oh, pardonnez-moi, sans doute est-il tard ? Si vous souhaitez dormir cette nuit ne vous gênez pas parce que je suis là !

Je me lève du lit en souriant. Je suis curieuse de voir comment l'on peut dormir sur cette natte molle qui le recouvre...



Alex
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Dim 4 Oct - 20:50

Elle garde le silence pendant un moment, et je crains d’avoir posé trop de questions. Je m’empresse de m’excuser et de lui signaler qu’elle n’était pas obligée de répondre.

Elle finit cependant par le faire. Elle m’explique que ses suivantes lui faisaient cette coiffure tous les jours.

— …Vous comprenez, je me dois d'offrir aux fidèles une image de perfection divine, et comme je ne possède pas les capacités de Père il faut bien en passer par le peigne…

Plus cette conversation avance, plus je suis certain qu’elle était…enfin est… quelqu’un d’important pour son époque. Une image de perfection divine ? Est-elle une prêtresse particulière ? Ou la fille d’un roi ?

Le respect qui émane de sa voix lorsqu’elle parle de son père me fait sourire. Cela semble être un respect différent de celui que l’on exprime envers nos parents aujourd’hui. Soit c’est quelque chose de typique de son époque, soit son père est quelqu’un d’important.

L’instant d’après, elle me dit qu’il ne fallait pas que je m’excuse, qu’elle aussi avait des questions à me poser. Oui, c’est sûr. Elle doit avoir au moins autant de questions que moi, si ce n’est plus. Peut-être même plus, puisque nous, aujourd’hui, nous avons déjà une certaine connaissance de ce qu’il se passait à son époque. Mais elle, elle n’a absolument aucune idée de comment la vie a évolué en cinq mille ans. Ce doit être réellement déstabilisant.

— Je suis partie... Un jour ordinaire, dans la mesure où les jours peuvent l'être. Au Temple, chaque jour est dédié au culte du Dieu que nous servons, mais pour le peuple les fêtes sont moins nombreuses, seulement deux ou trois par lune... Ils viennent faire des offrandes quand ils ont besoin des faveurs de Nanna, et j'intercède parfois pour eux... Cela doit vous paraître étrange, ici où la présence des Dieux est presque oubliée, mais à Ur toute la vie est réglée par les commandements des Dieux, et en particulier de Nanna, qui est le Dieu principal de la ville...

Vous êtes… une prêtresse de Nanna ?

Je songe avec un pincement au cœur que tout ce qu’elle connait, sa ville, les bâtiments, sont aujourd’hui des ruines. Elle s’en doute probablement, mais cela la ferait probablement souffrir si on le lui disait directement.

Je termine de libérer ses cheveux des différentes chaînettes et bijoux dorés et argentés, et murmure doucement que j’ai terminé ma tâche. Je recule de quelques pas pour la laisser se relever.

Je songe qu’il faudrait que je déplie le clic-clac, lorsque la voix de la demoiselle s’élève à nouveau :

— Oh, pardonnez-moi, sans doute est-il tard ? Si vous souhaitez dormir cette nuit ne vous gênez pas parce que je suis là !

Je jette instinctivement un œil vers le réveil. Vingt-deux heures.

Il n’est pas si tard que ça. J’ai l’habitude de passer une bonne partie de la nuit dehors, alors dans tous les cas je ne crois pas que je vais arriver à m’endormir tout de suite…

Je n’ai pas envie de repartir dans de grandes explications sur mes habitudes… je dors assez peu, la nuit. Et cela fait des années que ça dure, mon corps s’est habitué à ce rythme, alors c’est plutôt rare que je m’endorme avant minuit…

Je penche un peu la tête sur le côté, en me rendant compte de l’étrangeté de sa phrase. Je n’avais jamais réellement considéré le sommeil comme un « souhait », plutôt comme une habitude ou une obligation.

Pourquoi ? Vous n’avez pas l’intention de dormir ? Vous savez, si c’est ma présence qui vous gêne, ça ne me dérange pas de vous laisser ma chambre…


Geshtinanna
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Lloyd
Lloyd
Lun 26 Oct - 10:39
Je souris, réalisant une fois de plus que ce qui est évident pour moi ne l'est pas forcément pour lui.

_C'est uniquement... que je n'ai pas besoin de dormir cette nuit. J'ai déjà passé une nuit à dormir la semaine dernière, c'est suffisant pour moi; de même pour la nourriture d'ailleurs. C'est que, oui, je suis une prêtresse de Nanna.

J'hésite un instant.

_En fait, je suis un peu plus que ça, pour être honnête... Je vous en prie, ne changez rien à votre comportement envers moi pour cela, vous êtes parfait, Alexander... Je suis la haute prêtresse de Nanna à Ur, c'est moi qui m'occupe d'intercéder pour les Humains auprès de lui. Je suis sa fille, à vrai dire. Ma mère était une princesse d'Ur, de son vivant. Cela fait de moi une demi-déesse. La dernière, je le crois... Mon père m'a chargée de la gestion des rêves.

Je détourne les yeux et les tourne vers l'obscurité extérieure. La Nuit. Le domaine de mon Père. Et un peu le mien, aussi... J'ai peur que mes révélations ne jettent un froid sur la conversation. Songeant encore une fois au fossé culturel qui nous sépare, et à ce qui nous relie -mon père, principalement-, je retourne la tête vers lui avec un sourire enjoué.

_A vos dires, je comprends que Père vous ait choisi. Nous autres… savons que la Nuit ne demande qu'à nous protéger.

Je soupire, perdue. Vraiment, vraiment, je ne devrais pas être ici. Je sens déjà ce Monde qui se tord de ma présence anachronique et qui tente de la rejeter. Il faut absolument que je rentre… Demain, j'irai voir le directeur de la Congrégation. Sans doute est-il instruit et saura-t-il me dire qui « m'a » renvoyée à mon époque, si jamais j'y suis retournée.
Comme le Temps semble relatif d'ici… Quelque part je m'en veux de mêler l'innocence de ce jeune homme à mes problèmes millénaires et inextricablement compliqués. Tout cela à cause des êtres d'essence divine. S'ils ne vivaient pas si longtemps tout serait beaucoup plus simple. J'aurais préféré ne pas savoir posés sur moi les regards sans âge des Dieux, en venant ici. Et mes actes n'auraient alors pas eu du tout la même portée. Moi aussi, je vis trop longtemps. J'ai déjà 56 ans, même si j'en parais à peine 20… J'ai vu ma mère mourir sous mes yeux et mon demi-frère humain est à présent vénérable et ridé, digne roi de la grande cité d'Ur. Moi, je n'ai pas changé. Quelles douleurs d'accepter cela. Un jour il me faudra aussi m'éteindre, tuée par les Dieux ou par mon simple âge, mais en attendant je me dois de regarder tous ceux que j'aime succomber, les uns après les autres, dans les affres de la vieillesse.
Je ne veux pas penser à ça.

Alex
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Alexander Aestas
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Jeu 29 Oct - 18:08

Face à ma perplexité, elle m’explique doucement qu’elle n’avait pas besoin de dormir cette nuit, ce à quoi je hausse un sourcil. Je peux concevoir qu’elle n’en ai pas envie, mais ne pas en avoir besoin… elle continue en disant qu’il en allait de même pour la nourriture, et cela s’expliquait par le fait qu’en effet elle est une prêtresse de Nanna.

Pardonnez-moi, mais je ne vois pas bien le rapport entre…

Je ne finis pas ma phrase, pensif. Je ne suis pas sûr de comprendre. Enfin, je ne suis pas censé poser de questions, ça m’embêterait qu’elle se sente obligée de m’apporter des réponses parce que je m’interroge trop…

— En fait, je suis un peu plus que ça, pour être honnête... Je vous en prie, ne changez rien à votre comportement envers moi pour cela, vous êtes parfait, Alexander... Je suis la haute prêtresse de Nanna à Ur, c'est moi qui m'occupe d'intercéder pour les Humains auprès de lui. Je suis sa fille, à vrai dire…

Je n’entends qu’à peine la fin de sa phrase. Je bats des paupières, le temps de comprendre cette information.

Sa fille… ?

Nanna a une fille ?

Je ne trouve plus les mots pour m’exprimer. Probablement ai-je l’air un peu stupide, ébahit comme je le suis.

Sa fille ?!

Je m’attendais à presque tout, sauf à ça. Des demi-dieux ? Je n’en avais jamais entendu parler… remarque, ça explique beaucoup de choses, à commencer par son aura…

Elle m’a demandé de ne rien changer à mon comportement, mais… c’est la fille de Nanna quand même…

Tandis qu’elle se retourne, souriante, vers moi, je baisse les yeux en inclinant légèrement la tête. Je n’ose plus poser le regard sur elle, tout comme regarder Nanna dans les yeux me met mal à l’aise.

— A vos dires, je comprends que Père vous ait choisi. Nous autres… savons que la Nuit ne demande qu'à nous protéger.

Ces dires me font sourire et relever la tête, plus apaisé.

La Nuit a tendance à effrayer.  Et pourtant… l’univers de votre père m’a toujours semblé plus… apaisant. Probablement est-ce très subjectif de ma part… mais je suppose que vous êtes assez bien placée pour me comprendre.

Mon regard se perd vers le morceau de ciel sombre étoilé visible depuis ma fenêtre.

J’ai l’impression que Nanna se préoccupe plutôt beaucoup des humains.

Même s’il a des méthodes plutôt particulières, je crois qu’il tente de m’aider à… m’imposer un peu plus, je suppose. Oh, probablement est-ce pour que je puisse le servir au mieux, mais je vois quand même ça comme une tentative pour m’aider, et je lui en suis reconnaissant.

J’adresse un sourire à Gesh.

Vous devez être fière d’être sa fille.

Je me rends alors compte du nombre d’informations que mes questions lui ont soutirées. Une faible grimace étire mes traits :

Je suis désolé, je ne sais pas si vous étiez censée m’avouer que vous êtes sa fille ou non.

Je déplie le clic-clac, avant de m’assoir dessus. Je désigne mon lit à la demoiselle :

Vous pouvez vous assoir, vous savez, ne soyez pas gênée.

La conversation se poursuit pendant un moment, jusqu’à ce que finalement les signes de la fatigue se fassent sentir et que je m’endorme en fait. Je fais attention à ne pas poser de questions qui pourraient la gêner, la déranger. Je lui parle aussi de ce qui fait notre quotidien aujourd’hui, qu’on a tendance à oublier mais qui à leur découverte furent une véritable révolution, entre autre l’électricité ou le téléphone. Je fouille également à un moment dans mon portefeuille pour lui tendre le peu d’argent liquide que je gardais avec moi, lui expliquant que si elle restait encore un moment à notre époque elle en aurait peut-être besoin.

Je ne sais pas exactement à quel moment je me suis endormi. Toujours est-il que quand je rouvre les yeux le matin, allongé sur le clic-clac, le soleil éclairait déjà l’intérieur de la chambre déserte. Je m’en doutais un peu, elle a dû repartir assez tôt. Je me redresse, et j’entends un faible bruit d’un objet léger qui glisse au sol. Je baisse les yeux, puis me penche pour ramasser un fin bijou en or blanc. Un sourire trace son chemin sur mes lèvres, tandis que je lève les yeux vers la fenêtre en murmurant :

Merci et bonne chance, Gesh, fille de Nanna.




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