L’apparence animale de Leaf est on ne peut plus courante. Un renard roux. Un pelage flamboyant, couleur de feu, aux reflets chatoyants. L’avant de ses pattes est noir, et le pelage de son poitrail est blanc comme la neige. On ne peut plus courant. Un renard roux. Seuls ses yeux peut-être sont un peu plus remarquables, l’un noisette, l’autre vert, rappelant la couleur des feuilles. De là vient son nom, d’ailleurs.

Cependant, il reste la majeure partie du temps sous sa forme humaine. Alors, il possède une apparence plutôt basique aussi. Ses yeux ont toujours cette même couleur si particulière, bien sûr. Ces yeux nous plongeants aussitôt dans les profondeurs humides de la forêt, où les renards se plaisent à vivre. Ses cheveux n’ont nullement la couleur du feu, non. Ses cheveux sont d’un joli blond cendré, léger et agréable à regarder. Quelques mèches rebelles encadrent son visage, mèches qu’il a tout de suite renoncé à coiffer. Parce que premièrement c’est impossible, deuxièmement parce que cela possède un certain charme.

Il n’est pas particulièrement musclé, ni spécialement grand, avoisinant le mètre soixante-quinze. Après tout il a l’apparence d’un jeune homme de dix-sept ans, il n’a donc théoriquement pas terminé sa croissance, et il ne la terminera jamais.

Leaf porte généralement des vêtements assez élégants. Ou plutôt, des vêtements basiques mais qui lui vont bien. Chemise et jean de couleur assez claire. Basique. Mais classe.


Quant à Azur… peu de gens peuvent se vanter de l’avoir déjà vue sous sa forme humaine. Elle préfère sa forme animale, un faucon gerfaut, au beau plumage blanc tâché de quelques marques plus sombres, ainsi que le bout des ailes plus foncé. Un animal magnifique.

Sa forme humaine, disions-nous ? Pensez-vous vraiment être en mesure de pouvoir vous vanter de savoir à quoi elle ressemble ? Vous êtes bien naïf.

Azur n’a pas l’intention de se montrer tout de suite.

Saurez-vous la trouver ?

Susceptible.

Extrêmement susceptible.

Leaf a tendance à tout prendre à cœur. La moindre remarque le blesse. Vraiment. Il prend tout au premier degré, alors si vous tentez de l’humour avec lui, j’ose espérer pour vous que vous ne craignez pas les morsures de renard. Car, en plus d’être extrêmement susceptible, Leaf est aussi assez… virulent, dirons-nous. La moindre remarque ne lui plaisant pas, il se laissera facilement aller à la bagarre plutôt qu’à la discussion. Ce pauvre renard n’a absolument aucune patience. En plus de cela, il se trouve qu’il est assez rancunier ! Dites-lui ou faites-lui quelque chose qui ne lui plait pas, et il vous le rendra, ne vous inquiétez pas. N’y a-t-il pas un dicton disant « œil pour œil, dent pour dent » ? Eh bien, c’en est presque la devise de notre petit blond.

Mais alors, me direz-vous, ce garçon ne possède-t-il que des défauts ? Non ! Enfin… je crois ? C’est tout de même quelqu’un de fidèle. Oui, c’est possible ! Bon, il est vrai que vu son jeune âge, il n’a pas encore juré serment de fidélité à qui que ce soit, mais s’il avait à le faire, il le ferait. Pour une personne de confiance bien sûr, il ne se fiera pas à n’importe qui. Ah oui, pour continuer dans la lignée des défauts, il est très méfiant. Ou peut-être est-ce une qualité ? Un instinct de survie ? A vous d’en décider !


Oui ? Azur ? Disons qu’elle est… indescriptible ! Et que personne n’est en mesure de dire ce qu’il se passe dans sa tête. Remarque, il vaut peut-être mieux ne pas savoir ? Mystère…

Assez !

Ce mot résonnait en écho dans la tête de la créanne. Dans le noir de son esprit, seul ce mot était clair. Ses sentiments, eux, étaient confus. Très, très flous. Mais surtout douloureux. Il avait mal. Même s’il ne l’entendait pas, un hurlement s’échappait de sa bouche, depuis que son corps avait commencé à prendre un semblant de forme humaine. Il souffrait. Sans savoir pourquoi. Pourquoi ? Tout ce qu’il savait, c’était qu’il était blessé. Son cœur saignait. L’impression d’avoir été rejeté. Qu’on se soit joué de lui. Qui aurait fait une telle chose ?

Pour couronner cette horrible impression, il y avait… une chose que l’on appelait couramment « la rage », parait-il. Cette colère intense qui prend aux tripes. Si la jeune créanne avait pu, elle aurait probablement frappé quelqu’un. Fait mal à quelqu’un. N’importe qui. Pour apaiser ce feu qui le rongeait. On disait souvent que la violence n’était pas une solution. Mais il n’avait pas l’esprit clair. Il était trop confus pour tenter de se calmer. Il n’y arriverait pas. Pas seul.

Le hurlement s’éteignit alors doucement. Sa voix faiblit, et une quinte de toux le prit. Lentement, délicatement, comme si le moindre geste brusque pouvait le briser, il ouvrit les yeux. Il ne fut pas éblouit, non. Une voûte de feuillage cachait la lumière du soleil.

— Bonjour, Leaf.

Leaf ? Qu’est-ce ? se demanda la créanne, l’esprit encore embrumé par sa brusque naissance.
Sa vision se faisait encore floue. Doucement, il tourna la tête sur le côté. Quelques mèches de cheveux clairs se dégagèrent de ses yeux. Une silhouette pâle se détachait du fond sombre de la forêt. Une main vint caresser du bout des doigts le visage du blond, d’un geste frais et apaisant, partant au niveau du haut de la mâchoire vers le menton.

— Tu te nommeras Leaf, reprit la silhouette d’une voix gentille et douce. Parce que tu es né dans la forêt, sous ce feuillage. Et parce que tes yeux sont tels les feuilles d’été et d’automne. Leaf. C’est ton nom. Retiens le mien également. Azur. Azur, tel le ciel que tu regarderas lorsque tu seras perdu. Azur. Je serai toujours à tes côtés.

Leaf ne le vit pas, mais un doux sourire se dessina sur les lèvres d’Azur. Puis sa silhouette se volatilisa, ou plutôt se fit plus petite. Leaf battit des paupières, sa vision s’éclaircit. A ses côtés se tenait un oiseau. Un bel oiseau blanc aux tâches plus sombres.

Azur. Toujours à tes côtés.

Cette voix, cette silhouette avait su apaiser sa rage et sa douleur. Par ses simples mots. Il sentait qu’il devait la suivre. Il n’avait qu’elle pour le guider.

Toujours à tes côtés.