Mar 6 Oct - 13:17
Comment un si petit objet peut être une telle délivrance. Il ne me restait plus qu’à le planquer dans mon sac et à partir discrètement. Je pourrais même peut être, profiter un peu de la fête maintenant… Ca fait des semaines que je suis sous tension. J’en ai les épaules et le cou tout ankylosé.
Je range la broche dans mon sac après l’avoir soigneusement emballée. Et je vérifie que tout est bien en place.
Sur la cloche je trouve alors un petit post it. Je cligne des yeux et inspire profondément quand je me rends compte qu’il n’était pas là avant.
Il est apparu. Pouf. Comme ça.
Et qui peut faire apparaitre des trucs par magie ? Un dieu ou dans mon cas une déesse.
Le peu de joie et de soulagement que j’avais éprouvé s’envola en fumée. J’étais de nouveau nerveuse. Je sentais que c’était pas normal. C’est pas comme si Inanna était du genre à m’envoyer un post it pour me dire que j’avais réussi et qu’elle était fière de moi…
Je le prends et le lis, la boule au ventre.
"Coucou ma petite missionnaire chérie !
C'est bien, je suis fière de toi ! Maintenant si tu pouvais apporter ce bijou à mon cher petit Enlil, dans son temple, en lui précisant bien que c'est un cadeau de ma part, tu serais un chou. Remercie-le de t'avoir transformée en medium, tout ceci n'a pu arriver que grâce à son concours.
PS : Penses à ramener des viennoiseries. Enlil adore les viennoiseries. Et si tu pouvais me ramener le stylo d'Obama, tant qu'à faire... ce serait super cool !
PPS : J'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir averti les gardiens du musée !
Ta déesse adorée, Inanna ♥"Le début me laisse un peu… Surprise. Bon bah si en fait elle est fière de moi et étrangement ça me fait sourire. Je ne pensais pas qu’un compliment venant d’elle me ferait autant plaisir…
Mais la suite me fait vite déchanter.
Enlil.
Le roi des Dieux. L’enflure qui a tout niqué dans ma vie.
Je crois que c’est à lui que j’en veux le plus. Il a tout bouleversé et il ne m’a même pas donné de réponse, à la place il est partie tout content.
En lisant le premier PS je me sens juste… Blasée. Des viennoiseries ça y a aucun problème je pense que vu ce que je viens d’accomplir c’est dans mes cordes mais par contre le style d’Obama ?!
C’est quoi ça encore ?! J’en ai pas assez chié là peut-être ?!
C’est en voyant le deuxième PS que je compris que non, en effet, je crois que pour elle toutes les merdes que j’avais accumulées n’étaient pas suffisantes.
Elle est sérieuse à « espérer que je ne lui en veuille pas d’avoir alerté les gardiens » ?
MAIS BIEN SUR QUE JE LUI EN VEUX !!!
Je mets tout dans mon sac en quatrième vitesse et n’attend pas mon reste pour détaler. Sauf que c’est trop tard.
Aux quatre coins de la salle je peux entendre les ordres aboyés à travers les talkiewalkies.
Bordel de merde !
Il est hors de question que je me fasse prendre, pas encore. Surtout que là je suis bonne pour la vraie prison et rien ne pourra m’en sortir...
Bon réfléchis Tyarisse. Vite.
Il va falloir que je force le passage à un moment où à un autre je n’ai plus le choix… Mais avec quoi ? Ils sont sûrement armés et j’ai pas envie de me prendre un coup de taser.
A quatre pattes, je me planque derrière les quelques œuvres et je guette les allées et venues des gardiens en priant silencieusement qu’ils se décident à laisser une sortie de libre.
Malheureusement pour deux hommes restent en position tandis que les autres s’approchent de la mienne.
C’est vraiment pas bon ça…
Un des deux hommes accourt vers la salle quand des cris se font entendre. Je suppose qu’ils viennent de comprendre que j’avais volé le scarabée mais je me concentre surtout sur le jeune homme qui garde seul la sortie désormais.
C’est maintenant ou jamais.
Sans attendre je m’élance vers la sortie. Le garde ne semble me voir qu’au dernier moment mais ça lui suffit pour m’attraper par la robe. En quelques secondes je me retrouve plaquée au mur par une montagne de muscle.
Je le rue de coups mais ça n’a d’effet que de l’empêcher à me faire une clé de bras digne de ce nom.
Je suis coincée et je vois difficilement comment je vais pouvoir m’en sortir.
Dans un dernier geste désespéré, mon genoux percute miraculeusement ses noisettes ce qui le fait se plier de douleur. J’en profite pour lui donner un coup de coude sur la nuque. L’homme s’effondre au sol et je prends les jambes à mon cou.
La suite ne fut pas aussi simple que je l’espérais. Le bruit de notre bagarre avait attiré les autres et ils étaient à mes trousses.
Je tournais dans les couloirs du musée sans trop savoir où j’allais alors que j’entendais les gardiens se rapprocher inexorablement.
L’adrénaline me permettait de tenir le coup, de penser aux caméras de surveillances, aux angles morts…
Pourtant je me retrouvais bien vite acculée dans un coin du musée dont je ne pouvais sortir. La seule issue était une porte fermée à clé et qui demandait une carte d’accès.
Je jurais alors en pensant que j’aurais dû prendre celle du gars de toute à l’heure. Quelle idiote !
Je me préparais à devoir faire face et la peur me rongeait. Je ne pouvais m’empêcher de penser à ce qui pourrait arriver si je me faisais prendre.
Non. Il ne fallait pas que ça arrive.
Avec une détermination nouvelle je sentis une énergie inconnue bouillonner en moi. C’était la première fois que je ressentais une chose pareille.
Les hommes arrivèrent alors au nombre de cinq et ils sortirent leurs matraques.
Sur mes appuies j’attendis patiemment qu’ils viennent à moi. C’est comme si quelqu’un me dictait la bonne conduite à suivre.
Quand le premier s’élance et lève sa matraque pour me maitriser. Je fais alors une chose qui m’étonne moi-même ; je lève les mains devant moi.
Mais non pas pour me protéger.
Une chose extraordinaire se passa alors.
Dans mes mains je sentis un métal froid, se dessina alors sous mes yeux une épée comme on en voit dans les films.
Longue, aiguisée, fine et brillante.
A son contact je me sentis immédiatement apaisée.
Je savais ce que j’avais à faire.
Mes muscles me dictèrent la suite et je parais l’attaque du gardien. Le bruit du choc entre les deux objets de métal se répercuta sur les murs qui nous entouraient et je profitais de la stupeur des gardes pour les bousculer et leur faire dégager le chemin.
Alors qu’un des hommes porta la main à sa ceinture pour saisir son taser, la lame dans ma main disparut aussi cite qu’elle fut arrivée et elle laissa la place à une autre, bien plus petite.
Sans attendre une seconde je la lançais et elle se ficha dans la main du pauvre homme qui poussa un hurlement de douleur.
Les autres semblaient bien trop abasourdis et terrifiés pour agir alors je m’enfuis sans demander mon reste.
Je courais dans les couloirs et pris la première porte par laquelle je pu passer. « Réservé au personnel » était-ce écrit. J’espérais juste que la chance me sourirait et qu’elle me conduirait vers la sortie la plus proche.
Heureusement je ne croisai personne dans le couloir. L’adrénaline baissait doucement et je commençais à avoir le contrecoup de tout ce qui venait de se passer.
Tout était confus, je ne comprenais pas vraiment ce qui venait de se passer mais j’étais sûre d’une chose ; Inanna n’était pas innocente dans ce qu’il venait de se passer.
En ouvrant une dernière porte je découvris qu’elle donnait sur la pièce principale, là où avait lieu la réception.
Non loin se trouvait Michelle et je soupirais en voyant l’état de ma robe et je ne préférais même pas imaginer ma tête.
Bon réfléchissons, techniquement il me restait à aller chercher des croissants et à prendre le stylo d’Obama.
Quelle merde…
Discrètement j’entrouvris la porte et murmura :
- Eh Psst ! Michelle ! Elle se tourna vers moi et fronça les sourcils.
- T’aurais pas vu Barack ?
A ma question elle leva les yeux au ciel et me montra d’un signe de tête l’estrade avec de grands rideaux rouges où se trouvait son cher mari occupé à faire son discours.
Je lui fis un sourire pour la remercier et fermais la porte.
Allez c’est parti, mission impossible 2, le retour.
Je réussis à trouver le chemin pour arriver dans les coulisses et une idée me traversa l’esprit en voyant l’alarme incendie…
Je la déclenchais, coupant le pauvre président en plein milieu d’une blague et grimpa au rideau pour éviter d’être entrainée par la panique ambiante. C’est là que je le vis, le précieux sésame…
Sur le pupitre, se trouvait les feuilles de son discours et juste à côté. Un crayon. Le crayon.
J’attends que la scène soit libre pour descendre et récupérer le stylo. Stupidement, j’ai cru que personne ne me remarquerait, les gens bien trop occupé à fuir vers la sortie mais il a fallu qu’un des gardes du corps du président me voie pour qu’il commence à tirer.
Heureusement pour mes fesses, j’ai pu me planquer derrière le pupitre à temps. Je glisse rapidement le stylo dans mon sac et ni une ni deux, saute de l’estrade pour essayer de me fondre dans la foule qui est encore plus agitée depuis le coup de feu.
Un second tir résonne dans toute la salle avec des cris. L’adrénaline pulse de nouveau dans mes veines et je ne tarde pas à me fondre parmi les visages terrifiés.
La sortie m’apparait comme une délivrance et je prends le premier taxi qui me tombe sous la main.
Dedans je tache de reprendre mon souffle.
Je vais enfin pouvoir rentrer chez moi…
J’ignore le chauffeur et me calle dans le siège alors que les battements de mon cœur se calment. Une douleur lancinante pulse du côté de mon épaule gauche mais elle est comme anesthésiée. Je regarde alors ce que peut être ce picotement et je découvre avec effroi un trou net dans ma chair.
Tout à coup la douleur devient omniprésente et me fait couiner légèrement.
Merde le con il m’a touché !
Et moi comme une idiote j’ai rien ressenti !
En appuyant sur la plaie je demande expressément au conducteur de me mener à l’hôpital le plus proche.
La suite se passe dans un brouillard flou, on ne tarde pas à s’occuper de moi et on ne me pose pas trop de questions. De toute façon je suis aux Etats Unis, les blessures par balles sont courantes…
Plusieurs heures plus tard je suis enfin de retour chez moi, shootée aux médicaments et un bandage couvrant toute mon épaule gauche.
Rien de grave d’après les médecins, la balle était restée fichée dans l’os permettant de l’extraire facilement sans menacer d’organes vitaux.
Je n’ai pas le temps de me réjouir d’avoir réussi ma mission que je m’affale dans mon lit et sombre dans le sommeil, encore assommée par l’anesthésie.