Dim 27 Déc - 15:22
Rien que l’odeur du café quand on entre dans la cafétéria me met l’eau à la bouche. Je lorgne un peu sur les distributeurs lorsque nous nous dirigeons vers les plateaux pour nous servir. Sa remarque au sujet de sa vie « routinière » me tire une rougeur que j’essaie d’ignorer, et je me contente de rire à demi avec un sourire. C’est assez récurrent chez lui ce genre d’attitude, j’ai l’impression. Ce n’est pas un mal, bien sûr ; mais ça a un côté à la fois plaisant – qui n’aime pas les compliments ? même tournés de cette manière – et embarrassant.
— Pfft. Je suis certain qu’il se passe des choses quand même. Surtout si tu trouves que je casse ta routine, je ris.
C’est vrai, si me rencontrer devait casser la routine de quelqu’un, ça se saurait. Je choisis de continuer sur la voie de la plaisanterie plutôt que de prendre ce qu’il a dit à cœur. En attendant, je me prends juste un dessert qui traîne et me dirige vers la caisse.
— Ah ? Non, ne t’en fais pas, merci. Ils m’ont donné une carte et j’ai mis un peu de sous dessus. Ce n’est pas comme si je m’achetais vraiment quoi que ce soit, de toute manière. Il faut bien que ça serve.
Pratique, toutes ces choses, quand même. Même si… Je veux dire, on ne se rend pas compte, mais à une autre époque, ce n’était pas si difficile de se procurer de la nourriture ou de l’argent. Il suffisait de rendre des services et de travailler un peu, et on pouvait rester habiter quelques temps chez des gens. Puis le monde a commencé à vraiment se commercialiser, et la technologie est arrivée ; je ne comprends pas bien comment tout ça fonctionne, mais ce qui est certain c’est qu’à partir de ce moment-là, ça a commencé à devenir plus… complexe. Un peu plus tôt déjà, mais ça s’est surtout ressenti à ce moment-là ; la nécessité d’avoir une carte d’identité, un passeport pour voyager… Ma forme de chouette me permettait de me déplacer, mais avec les contrats obligatoires, difficile de trouver du travail. Souvent, je travaillais au noir. Maintenant, pour ce qui est des papiers d’identité, j’avoue que je ne sais pas comment faire…
— Tu prends quelque chose toi ? je l’interroge en donnant ma carte à la caissière.
Je cherche une table des yeux et en choisis une au hasard. Enfin, pas trop près de la porte non plus. J’aime mieux qu’il n’y ait pas de courants d’air. Je dépose mon dessert sur la table et me tourne vers Warren.
— Je te prends un café ? Du thé ? je lui demande en me dirigeant vers le distributeur pour me choisir un café.
Puis je désigne le distributeur.
— Je n’en bois pas souvent. J’ai parfois encore du mal à m’habituer au goût du café, j’ai découvert ça assez récemment. Enfin, avec du lait et du sucre ça passe bien.