Mar 6 Oct - 20:45
Des vagues et des mouettes, ou comment rencontrer un barbare.
Johannes & Emy
"And I can tell just what you want | You don't want to be alone."
Dehors il commence vraiment à faire frais. Dans le ciel de glace, les nuages commencent à tisser une couverture moutonneuse et délicate, luttant contre le vent. Je n'ai plus d’appréhensions quand au fait de sortir. Stockholm ne m'effraie plus, et a de moins en moins d'emprises sur moi. Je regrette moins la France et ma ville d'origine. Je commence à me créer une carapace et résister à mes propres émotions paraît moins insurmontable. Était-ce depuis que j'avais enfin vu de près la Congrégation ? Peut-être.
En tout les cas, c'était bien la première fois que je m'étais un peu appliquée pour sortir. J'avais enfilé un joli pull bordeaux plutôt qu'un vieux sweat, et l'avais même assorti d'un collier trouvé la veille. Néanmoins, je savais que je retournerais bien vite à mes habitudes de flemmarde, et à mes vieux sweats justement. Sur mon pull, j'avais passé une veste noire, avant de mettre en valeur mes yeux grâce au mascara auquel je n'avais presque pas touché depuis mon arrivée. J'étais toujours faiblement maquillée, mais j'avais déjà l'impression de renaître.
Entre les bâtiments, le chemin était abrité, mais à force de déambuler un peu au hasard, je débouchai sur un endroit à découvert. Un port. Des mats qui se balançaient à perte de vue et une mer d'un bleu parfait. Mais également un vent plus fort qui chassait les nuages et me fit frissonner. Je regrettai de ne pas avoir pris une écharpe, mais happée par le paysage sublime, je m'avançait dans le vent.
Les rafales faisaient voler mes cheveux courts et m'obligeaient à plisser les yeux. Heureusement, elles n'étaient pas constantes, et elle étaient souvent très calmes, ressemblant plus à une brise fraîche. Je m'avançais vers l'océan. Au loin, derrière les bateaux, l'horizon s'étalait à perte de vue. Je m'assis sur le quai, les mains appuyées sur la pierre froide du sol, les pieds dans le vide, balançant doucement au dessus de l'eau.
Je me perdis dans la contemplation de ce qui m'entourait. Je sentis un sentiment d'apaisement m'envahir mais je ne le retins pas. Il n'étais sûrement pas assez fort pour donner naissance à une créanne. Et puis, j'en avais besoin après tant de voyages, de stress, d’appréhensions, de regrets, de tristesse et de colère. Pendant un instant, je cru tout oublier, à jamais.