Ven 15 Jan - 17:44
L'hiver avance ; nous sommes en plein mois de janvier à présent. Félicitations Nao, tu as pris une ride invisible de plus. Je ne sais pas vraiment si l'on peut dire que j'ai pris de l'âge, puisque je n'ai pas de date d'anniversaire bien précise ; toujours est-il que je me sens quelque peu largué à l'idée de me retrouver une fois de plus à cette période de l'année. Hmm. La neige m'a toujours fait cet effet-là. Je veux dire, un effet un peu particulier, pas désagréable, proche de la nostalgie. Je ne regrette en rien ce temps, mais il est des périodes amères où l'on ne sait pas forcément comment avancer sans songer à ces souvenirs-ci. La neige, la création, la douleur, la lassitude, l'envie de tout cesser, d'arrêter, d'abandonner. Pourquoi est-ce qu'on lutte ? Pourquoi on ne se laisse pas juste tomber comme ça, en plein vol ? Ce serait une si douce fin. Sentir le vent nous fouetter notre visage alors que notre corps s'abat contre le sol.
Ahh... Non, définitivement, ce n'est pas une très bonne période. Il ne faut pas que je songe à tout cela. Voyons le côté positif des choses : le soleil reparaît dans le ciel, cependant qu'il est plus beau qu'auparavant ; il semble qu'il y ait comme du renouveau dans l'air, les journées qui sont légèrement plus longues, de quelques secondes, quelques minutes, qui se transformeront bientôt en heures. Le printemps nous accueillera et nous pourrons sentir les fragrances acides des fleurs qui bourgeonnent et éclosent, puis l'été, et le sucre de ses fruits, l'odeur de terre chaude sous les rayons puissants de l'astre solaire. Ce n'est certes pas pour mon plus grand dam ; j'aime la chaleur rassurante, elle chasse les soucis, les souvenirs, la tristesse, parfois... Tout comme le thé chaud sur un poêle, un sourire derrière les volutes de fumées, les cris de joie des enfants qui jouent dans la neige, loin, au-dehors.
Dans ma minuscule chambre, j'observe silencieusement les missionnaires dans la cour, d'un œil à la fois curieux et hésitant. J'aimerais bien sortir, moi aussi, profiter un peu de la neige, de cette bonne humeur ambiante, mais seul je n'y parviens pas. Avec un soupir, je sors pour aller voler un peu, faire un tour tranquillement. Le calme ne me fait pas beaucoup de bien, aujourd'hui. Sans doute parce que je n'ai pas bien rêvé, cette nuit... Je ne sais pas trop. Quelle importance, au final ?
Un soupir, alors que je vais voleter près des fenêtres de l'internat. Hmm... Je crois que c'est cette fenêtre, non ? Silencieusement, je me perche sur le rebord d'une fenêtre et claque mon bec contre la vitre. J'espère qu'il est là. J'ai besoin de parler un peu, juste un peu de présence. Un sourire, un rire, qu'importe, n'importe quoi pour troubler le silence, et ne pas me donner l'impression d'être retourné à cette époque solitaire. Quand on s'approche des hommes, on ne peut plus s'en éloigner. C'est un peu ce que je craignais en venant me perdre par ici, mais il est sans doute trop tard... Je ne m'en plaindrai pas. Pas pour le moment, en tout cas.
J'entends un sifflement et ai juste le temps de tourner la tête que je me prends une boule de neige en pleine tête. Je bascule un peu et m'ébouriffe en poussant un cri strident et courroucé en direction des crétins en bas. Grumbl. J'ai de la neige partout dans les plumes et sur le bec, et en plus, ça caille... Je n'aurais pas dû sortir, en fait.