Sam 19 Mar - 20:05
Je le regarde fixement, sans parvenir à cligner des yeux, comme si j'avais bizarrement peur qu'il en disparaisse si je clignais un seul instant. Au fond, je ne pouvais même pas dire ce que je ressentais pour de vrai. C'était si confus, un tel mélange de sensation et de sentiments... J'avais perdu des amis lorsq de cette guerre, j'en perdais à chaque fois, j'en perdrais encore... Mais jusqu'à présent, je savais qui blâmer, je savais qui était mon ennemi. Je pouvais ainsi concentrer ma colère ou au contraire l'évacuer, en me disant qu'un jour tout changerait. Mais là...
Je secoue la tête ne entendant ses explications. C'est Dave. Je ne le connais pas si bien mais je n'ai aps envie de lui en vouloir. Ici, j'ai trop peu d'ami pour en perdre et puis... Je ne peux pas dire que je ne suis pas en colère parce que c'est faux. Je ne peux pas rester sans réaction.
-C'est injuste Dave...Ce sont les premiers mots que je paviens à prononcer, bien malgré moi. Injuste parce qu'il a fait une chose horrible, injuste aussi parce que je devrais lui en vouloir mais je ne peux pas vraiment. Je l'aime bien au fond quand même. Je me gratte la tête, m'arrache limite les cheveux, en proie à une bataille intérieure intense. En même temps, je sens sa peine, je sens ses regrets... Du moins, il se dit qu'il aurait voulu faire autrement. C'était un soldat, il a fait ce que les soldats font.
-C'est pour ça que je n'aime pas les militaires. Ils ne réfléchissent pas au bien et au mal, ils se contentent d'obéir bêtement sans discuter les ordres.Là, je blâmais les soldats ennemis de mon pays. Ces soldats qui nous persécutaient jour après jour, qui tuaient nos proches, faisaient de nos vies un enfer. Voilà maintenant qu'un de mes amis était comme eux, m'avait peut-être arraché mes proches.
Je secoue la tête. Je ne peux pas l'enfoncer. Ce que je fais ne sert à rien. Je m'avance à nouveau vers lui. Au début, j'hésite à lui coller mon poing dans la figure mais comme je le disais, ça ne servirait à rien, même pas à me soulager.
Je pose mes mains sur ses épaules.
-
Ce qui est fait est fait. Ce n'est plus la peine de parler du passé. Tu n'es plus ce soldat maintenant. Du moins, pas pour moi, dis-je avec un petit sourire.
Ce ne fut pas un sourire facile, mais il était pourtant bel et bien sincère. Il me l'avait avouer, il regrettait... Je ne pouvais pas être moins courageux que lui. Tsss, c'est à cause de mon père ça!
Je me replace finalement sous la couverture, contre lui et continue d'avancer.