Dim 13 Mar - 14:09
Lorsqu’Astrid sorti, seule son abondante chevelure semblait s’échapper des couches successives de vêtements, écharpes et sacs accumulés sur son petit corps. Malgré une lumière plus vive et un ciel plus bleu que tous ceux qui s’étaient succédé ces derniers mois, elle avait préféré recouvrir presque toute surface de peau (quoiqu’il fut peine perdue de trouver un bonnet seyant sa masse capillaire). Ce n’était pas tant pour se protéger du froid, relatif de ce début de mars, que pour créer ainsi une sorte de barrière physique entre elle et le reste du monde.
En effet aujourd’hui était jour de courses. Astrid avait remis cette corvée à plus tard depuis maintenant presque deux années. Elle se nourrissait exclusivement sous sa forme animale, cela la dispensant d’acheter sa nourriture et depuis qu’elle avait fait installer Internet dans sa demeure, ses passages en ville étaient devenus, à sa plus grande satisfaction, de plus en plus rares.
Rares, mais pas inévitables cependant.
C’est pourquoi, après avoir dressé une liste de toutes les tâches nécessitant une expédition en territoire humain et avoir longuement réfléchie à la façon la plus rapide de s’en acquitter, elle avait pris la route en direction de la ville la plus proche.
Bien que sa vieille camionnette eu un peu de mal à démarrer le trajet se déroula sans encombre d’ordre technique. Il ne lui fut pas non plus ardu de se réapproprier les réflexes de la conduite. Non, ce qui faisait la difficulté du voyage était cette lutte interne contre l’envie de faire demi-tour, la sensation de gêne, la répulsion ressentie à la vision d’autres véhicules, d’habitations, de piétons, de leurs regards.
Premier arrêt : le supermarché. Ce n’était pas forcément le choix le plus logique, mais les grandes surfaces ont l’avantage non négligeable qu’elles n’impliquent que très peu d’interactions sociales. De quoi ménager une transition en douceur.
C’est tout de même les dents serrées et les mains crispées sur le cadi qu’Astrid pénétra dans le bâtiment.
Tête haute, mais évitant tout contact visuel, elle se pressa d’un rayon à l’autre, ne se permettant de s’attarder que dans ceux restés déserts.
Rayon yaourts. Des choses excessivement sucrées et périssables, toutefois un tel effort méritait bien d’avoir une alternative au poisson cru pour quelques jours.
Alors qu’elle tendait une main encore gantée vers des crèmes dessert à la vanille, elle senti qu’on lui touchait l’épaule.
-Excusez-moi, vous avez fait tomber votre écharpe.