Dim 20 Juil - 10:31
Emporté par mon élan de protestation, je ne remarque pas immédiatement que le visage de la sorcière se décompose progressivement pour prendre une teinte plus... hargneuse ? Colérique ? Constipée ? Un truc du style en tous cas. En même temps, plongé comme je l'étais dans mes répliques bien choisies pour l'embêter, je ne pouvais pas le remarquer. Soudain, alors que je faisais justement une pause dans mon assaut verbal, je sens une chose qui m'enserre la cheville, quelque chose de dur et de franchement solide. Sans y prêté attention sur le coup, je me contente de donner de petits coups de pied pour lui faire lâcher prise. Voyant que ça reste inefficace, je me décide enfin, un peu exaspéré, à baisser les yeux. De stupeur, mes yeux s'arrondissent comme des soucoupes alors que ma bouche pendouille lamentablement comme de la pâte à modeler. C'est une racine! Un végétal! Un arbre vient d'enrouler une de ses racines autour de moi, vous y croyez ça? Non attendez avant de répondre parce que ça ne s'arrête pas là!
Alors que je me retournais pour foudroyer du regard la déesse des prés, je sens une force irrésistible me tirer vers le haut et, lâchant au passage un cri plus que viril, je me retrouve en quelques secondes pendu à la racine en question, la tête à l'envers, mes yeux rivés sur le sol qui s'éloigne de plus en plus.
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Relâchez mooooooooi!Ma voix vacille au dernier moment car je ne peux m'empêcher de gigoter au bout de ma racine, qui oscille alors dangereusement. Pris de panique, je me résous à rester immobile, raide comme un piquet. Je souffle à plusieurs reprise, tentant d'évacuer le surplus de stress et d'oublier ua passage que je suis suspendu, la tête en bas, dans les airs par un arbre révolutionnaire, contrôlé par une folle couverte par un rideau qui lui sert de robe. Je ferme les yeux quelques secondes puis les rouvre, je manque de vomir en voyant que tout est à l'envers ( ce qui me rappelle que je le suis aussi ) et, après un haut-le-coeur, je parviens à me retenir ( je doute qu'elle apprécierait que tâche ces jolies bégonias! ).
C'est à ce moment-là, après que je me sois calmé et que je prenne mon temps pour l'observer, que je remarque qu'elle est différente de tout à l'heure. Elle me donnait l'impression d'un chat qui s'amuse avec une souris au début, mais là, elle paraît réellement en colère. Je me mords mentalement les doigts, me rappelant que le courroux divin à engendrer bien des catastrophes humaines. C'est uniquement lorsqu'elle reprend la parole que je comprends ce qui a pu la mettre en rogne. Ça, ajouté aux autres remarques bien juteuses que lui ais malicieusement envoyé à travers la tronche, semble avoir perturbé son fragile équilibre intérieur. Dès sa première remarque, je suis tenté d'intervenir mais je me retiens, comprenant que l'interrompre serait pour le moment une mauvaise idée. Lorsque je commence à cerner ses véritables reproches, je me détends imperceptiblement, croisant les bras sur ma poitrine. Je croise même les jambes, du moins dans la mesure du possible.
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Je ne disais pas ça pour vous accuser... Du moins pas directement. Je sais très bien que nous sommes seuls responsables de la situation et que nous sommes une race avides et égoïstes, commençais-je doucement.
Mais je ne pense pas que nous soyons tous ainsi. Il y a des gens bien sur Terre, et il y a des croyants, également parmi mon peuple. Certes, les dieux sumériens ne sont plus d'actualités pour nous, et nous prions un dieu différents mais, quelque soit son nom ou le fait qu'il soit ou plusieurs, n'est-ce pas tout de même être à l'écoute de la divinité ?Cela fait surement hypocrite de tenir un tel discours, surtout venant de moi. Moi qui n'est jamais cru en rien. Je n'ai jamais prétendu que les dieux n'existaient pas, je ne me posais pas la question.
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C'est un peu ironique que ce soit qui dise ça d'ailleurs. Je refusais de croire aux dieux, pas par manque de foi, mais parce que je veux croire que nous sommes seuls à décider de nos actes, que nous sommes responsables de nos actions.Alors que je prononçais ces mots, je pris soudain conscience que mes paroles exprimaient le contraire de ma réaction précédente. La colère, ou la surprise qui sait, m'avait fait perdre tout contrôle. Moi qui ne suis jamais embarrassé par des problèmes d'ordre religieux, je me retrouve à en créer moi-même. J'ai accusé une divinité d'être responsable de ce que j'ai toujours considéré comme une faute de l'homme. Je me rends compte que nous sommes tous prêts à virer de bords, de se retourner contre ce que l'on croit du moment que l'on peut se décharger de cette culpabilité que l'on doit assumer. Je comprends mieux ce qu'elle veut dire à présent...
Avec ébahissement, je contemple le parterre de fleurs qu'elle fait apparaître, d'un geste à la fois élégant et raffinée. J'en déduis alors qu'elle est plus calme, maintenant qu'elle s'est exprimée ( et qu'elle m'a martyrisé quand même! ). Ses paroles trouvent écho en moi. Une créatrice... Je tourne alors mon regard ( autant que possible sans me donner la nausée ) pour contempler son temple, mais pour de vrai cette fois-ci, avec des yeux nouveaux. Tout ici respirait la création. L'abondance de nature, le parfum des fleurs... Tout ici est marqué par la naissance et la croissance, un temple de création. Pas de destruction. Si ce n'est l'apparence du temple en lui même, aucune impression de carnage ne se dégage de cet endroit où la nature règne en maître. Et je dois dire...
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Je préfère quand même cette facette de votre pouvoir, dis-je, sans pour autant connaître les différentes facettes ou limite ( s'il y avait ) de son pouvoir.
Encore une fois, je m'étais exprimé à haute-voix alors que je me contentais de penser. Ça m'énerve, je livre mes pensées profondes beaucoup trop facilement. Il va vraiment falloir que je change ça.
Par contre, je peine à être attentif à ce qu'elle dit car le sang commence à me monter à la tête et, en plus de commencer à avoir bien chaud, je me sens un peu défaillant. Je devine que mon visage doit atteindre une magnifique teinte rouge tomate actuellement, ce qui accentue mes craintes. Mais, pile quand j'arrive à cette conclusion, je vois le sol se rapprocher, tandis que mes crampes d'estomac me disent que je descends progressivement. J'esquisse un grand sourire à la perspective de retrouver enfin la terre ferme, qui se transforme bien vite en sourire douloureux. Alors que je n'avais descendu que quelques mètres, la racine me lâche brutalement, comment un sac de farine usagée, sur le parterre de fleurs. Après un nouveau petit cri extrêmement viril, je percute avec une grâce surnaturelle ( les quatre fers en l'air ) le gazon moelleux, qui amortit malgré tout un peu ma chute. Je grommelle indistinctement, crachant des pétales de fleurs. Puis, en faisant bien attention à ne pas piétiner ses créations, je me redresse avec l'élégance d'un vieillard arthritique, me massant le bas du dos qui en a pris un sacré coup lors de mon atterrissage.
Je la contemple un instant, cherchant dans ma tête une manière de tourner ce que je devais dire. Oui je dis bien "devoir". Je suis un sale gamin impertinent, insolent, railleur, taquin ( mais pas méchant hein! ) mais je sais reconnaître mes erreurs et quand je vais trop loin ( blague ). Les mains derrière la tête, je fixe le plafond avec désinvolture.
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Ouais c'est ça... Et désolé pour ce que je vous ai dit, sur la guerre et tout ça... J'ai été un peu bête.J'ai bien précisé que je m'excusais par rapport au fait que je l'avais accusé de prendre plaisir aux massacres. Je n'ai AUCUNEMENT fait mention de mes blagues pourries parce que je ne m'en excuserais pas, nah! Elles, elles étaient mérités. Et puis, c'est elle qui avait commencé après tout! Déesse ou pas, elle cherche la ronce pour se faire fouetter aussi.
Après un instant de silence, que j'interprète comme une marque de soumission... bon bon d'accord, j'interprète rien du tout. Je profite juste du répit qu'elle me laisse pour respirer un peu et me remettre de ma récente expérience aérienne. Je peux vous dire que mon intérêt pour la nature va s'en trouver sacrément diminué.
Elle aborde alors enfin la congrégation. De ce que je peux comprendre, on dirait qu'ils vont nous former en quelque sorte aux différent Dieux sumériens qui existent ( ce qui n'est pas du luxe, je précise...). Elle ne semble pas avoir une confiance totale en eux il semblerait. Sa remarque me tire cependant un sourire en coin.
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Oh, je suis sûr que si on me raconte quelques histoires fausses, vous vous ferrez un plaisir de me ramener sur le bon chemin, dis-je, taquin.
Et alors la suite, je n'en reviens toujours pas. Je me frotte même les oreilles ( avec décence bien sûr) pour être sûr d'avoir bien entendu. Elle me souhaite... la bienvenue ? Genre elle peut être gentille et même, amicale ? Ma première réaction est d'attendre, soupçonnant un piège ou une remarque qui risque de fuser à tout moment. Mais rien, seul un petit commentaire sur ma force supposée... J'accuse le coup un moment, avant de reprendre mon large sourire coutumier et de lui répondre avec joie.
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Merci! J'ai hâte de voir ce que je pourrais faire! Je médite un instant sur ce qu'elle m'a dit sur le plaisir que cela me procurerait. Bizarrement, la seule personne que j'avais rencontré jusque là, qui ne soit pas un dieu, m'avait dit un peu le contraire. Bon,i il m'a pas forcément dit qu'il détestait sa vie, mais bon, il semblait pas hyper happy non plus quoi. Et puis, si je me souviens bien de ce qu'il m'a dit...
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Bizarre parce qu'un gars que j'a croisé en arrivant, Renzo je crois, m'a dit que le grand plaisir des dieux était justement de rendre la vie infernale à leurs messagers...
Enfin, j'imagine que ça peut être marrant dans un sens... quand on est de l'autre côté, c'est-à-dire, celui qui tyrannise. Plus de problème dans ce cas hein!
Puis, une autre me vient en tête. Prenant vraiment conscience alors que je m'adresse à une déesse, je m'adresse à elle avec un air conspirateur, tentant de glaner quelques infos.
-Et euh... par hasard, vous ne savez quel dieu va m'appeler hein ? Ou alors une petite idée ? Vous en discutez entre vous d'ailleurs?La dernière question m'est venue spontanément. Alors que je chuchotais presque lors de mes deux premières questions, je repris un ton tout à fait normal, associé à une marque de curiosité plus qu'évidente.