Ven 19 Aoû - 18:13
Sa vie avait toujours aimé prendre des virages inattendus, mais là, c'était carrément un virée en pleine montagnes russes.
Puisqu'en effet, c'était désormais officiel, Sanhara était inscrite dans une université de la capitale suédoise.
Elle ne savait pas trop comment réagir, à vrai dire. Quelques années auparavant, elle aurait probablement sauté de joie, fière de réaliser son rêve d'enfant, mais aujourd'hui, la nouvelle ne lui laissait plus qu'un goût amer dans la bouche. Elle venait tout juste d'avoir 25 ans, et si la dernière fois qu'elle s'était assise sur un banc d'école remontait à des temps pas si lointains que ça, c'était désormais une époque révolue et presque oubliée.
Si la Sanhara de 18 ans avait su ce qu'elle allait traverser avant de décrocher son rêve universitaire, elle y aurait probablement réfléchi à deux fois.
Mais, voilà, elle était là, plantée devant le bâtiment administratif, et observait avec un visage stoïque les allées et venues des étudiants, tout en jalousant secrètement leurs vies insouciantes. Elle aurait donné beaucoup pour qualifier la sienne ainsi.
Elle finit par s'arracher à sa contemplation et se remis en marche, décidée à installer ses maigres affaires, qui tenaient dans une simple valise, dans sa chambre d'interne, quand des effluves de thé lui chatouillèrent les narines.
— Bonjour ! Vous voulez un peu de thé et des gâteaux ?Surprise par cette proposition sortie de nulle part, elle retint de justesse un sursaut, et contempla le rouquin qui lui montrait son stand d'un air encourageant (et un peu suppliant)
Elle rit intérieurement, parce que la dernière fois qu'on l'avait apostrophée pour une vente à la sauvette, la marchandise, c'était loin d'être des petits gâteaux moelleux…
Elle lui adressa un sourire désolé:
— Ç'aurait été avec plaisir, mais je n'ai pas d'argent sur moi..Elle avait l'impression d'être en plein délire. Elle, l'ancienne dealeuse aux casier judiciaire douteux, qui détonnait avec son écharpe trop longue étrangement associée avec un débardeur (les fringues, c'était pas son fort), se retrouvait à un stand de thé devant sa nouvelle fac.
Décidément, sa vie aimait prendre des chemins improbables.