Mar 2 Sep - 13:00
Je reste figé, contemplant l'objet de ma quête ( oui un peu comme les chevaliers! ) avec un regard proche du ravissement. Enfin, enfin... Après tous les écarts de la nature à mon encontre, après avoir manqué de mourir de froid, de faim, d’assèchement, de douleur et de fatigue, je touche enfin au but. Et puis, à le voir, c'est comme s'il m'appelait, comme s'il attendait mon arrivée depuis l'instant où j'ai pénétré dans cette forêt. Le squelette semble luire d'une lumière maligne, intrigante, qui accroche mon regard. Posée sur ce rocher, j'ai vraiment l'impression de me trouver dans un roman arthurien, sauf que c'est moi qui vient de découvrir excalibur. A l'exception près que mon butin est plus répugnant et mille fois plus convoité! ( Vous imaginez même pas combien je suis soulagé de le voir enfin...)
Je m'approche lentement de la pierre, encore sous le choc et observe les os de plus près. La première chose à laquelle je pense, c'est que ce Dieu de pacotille a fait un remarquable boulot de dépeçage ( oui je sais c'est gore! ). Les os sont aussi blanc que les fesses d'un Anglais qui n'a pas vu le soleil depuis sa naissance. Je remarque aussi la petite taille du squelette entier. Pour un peu, on pourrait le confondre avec celui d'un nain de jardin ( s'ils en avaient un, of course! ). Avec un air de convoitise proche de la folie furieuse, je m'apprête à m'emparer de ce joyau lorsqu'un hurlement résonne dans le bois. Inquiet, je tourne la tête dans tous les sens, guettant un nouveau signe de présence autre que la mienne. Ce signe ne tarde pas à se montrer. A quelques mètres seulement, j'aperçois une sorte de chien sauvage, au vu de son corps, qui me regarde avec des yeux... enflammés je dirai.
J'esquisse un bref sourire, pensant quelque part dans ma tête que je dois encore rêver. Mais la course du chien, qui a visiblement l'intention de me sauter dessus, paraît tout à coup bien réelle à mes yeux. Je louche sur ses dents et ses babines écumantes, lâche un petit jappement ( oui oui, je peux être très viril quand je veux) et me mets à courir comme si ma vie était en jeu ( ce qui est probablement le cas!). Toutefois, avant de partir, je ne peux retenir le geste de m'emparer du trésor. Après tout ce que j'ai suer pour en arriver là, il est hors de question que je reparte sans. Mon bras fouette l'air et s'empare du squelette. Un grand sourire s'épanouit sur mes lèvres, se transformant bien vite ne grimace horrifiée. Sous mes yeux, le squelette disparaît d'un nuage de fumée, laissant ma main aussi vide que lorsque je suis arrivé. Je manque de trébucher au même moment mais je me rattrape de suite, conscient que je ne suis pas seul. Sans me soucier d'où je vais, ni de comment, ni des obstacles sur ma route, je commence à sprinter aussi vite que me le permettent mes jambes fatigués, priant pour qu'elles ne me lâchent pas au mauvais moment. Avisant un arbre proche de la pierre, mon plan en fait qu'un tour dans ma tête, et je fonce direct escalader le tronc. Pile au moment où j'atteins la première branche ( sans oublier un magnifique dérapage dû à cette foutue écorce instable), j'entends des mâchoires claquer en-dessous de moi, à quelques centimètres seulement de mon pied. Je m'installe de tout mon long, ne laissant rien pendre vers le bas, de peur que ce clébard ne le prenne pour son prochain os à ronger. M'attendant à le voir disparaître comme mon magnifique gâteau de tout à l'heure, je suis surpris de constater qu'il semble ne vouloir aller nul part. Je fronce alors les sourcils et commence à crier tout seul après mon bourreau de Dieu.
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Vous êtes un vrai MALADE! Vous voulez ma peau ou quoi !? Si je meurs il n'y aura plus personne pour vous serviiiiiiiiiiiir...Avant d'achever ma phrase, dans ma colère, je bascule sur la côté, et me retrouve en mode paresseux sur je branche. Je cherche à retrouver ma position initiale avec l'énergie du désespoir lorsqu'une fabuleuse pression s'abat sur mon dos et me tire en arrière. Elle se relâche presque aussitôt et je retrouve ma position allongée sur la branche, sentant un vent très désagréable me souffler dans le dos. Je jette au chien un regard noir, notant dans sa bouche la présence d'une bonne partie de mon T-shirt. Je saisis ce qu'il reste de ce dernier sur mon dos à deux mains, et constate que le peu de tissus encore intact ne sert, pour ainsi dire, à rien! Avec rage, je retire le tout, frissonnant au contact de l'air sur mon torse nu. Je frictionne mes bras avec force pour trouver un peu de chaleur, quand un truc froid qui me tombe sur le dos me fait trembler. Je pensais que ce devait être un insecte ou je ne sais quoi mais je sens des dizaines d'autres comme ça qui me tombe dessus. Avec effarement, je constate que le ciel est couvert et que la pluie est en train de tomber dans la forêt.
Ahuri, je regarde le filet d'eau épais chuter, transi de froid sur ma branche alors que je cherche à m'abriter au mieux. Je contemple le spectacle à la bambi, n'en revenant pas de la suite de malheurs qui s'enchaînent et à quel point ce foutu Dieu doit être un sadique, manipulateur complètement dérangé. Dire que je l'avais classe au premier regard!
Un grognement me rappelle le chien qui attend toujours sous ma branche. Il plante ses griffes dans l'arbre, comme pour monter lui aussi. Avec un grognement de rage, je saisis de minuscules branches parmi le feuillage et lui balance dessus avec force, espérant lui défoncer le crâne.
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Allez! Du vent! Du balai! A la niche!Pour le coup, pour une personne de l'extérieur, je dois ressemble à un fou furieux. Mais dans un sens, c'est un peu l'impression que je me donne aussi. Toutes ces épreuves, associés à la fatigue, à la fin, à la lassitude m'ont fait perdre les pédales. Sans compter le fait de trouver l'objet tant recherché, pour qu'il s'évanouisse sous vos doigts au moment où vous penser enfin en avoir finis!
Oubliant le chien ( aussi parce que je n'ai plus de projectiles...), je m'affale contre le tronc et rumine ma colère, ma rage, mon dégoût. Pourquoi ça m'arrive à moi hein? J'ai rien demander, je vivais tranquille dans mon pays, j'aimais ma vie, j'avais des amis alors qu'ici je ne connais personne, ce pays froid ne me plait pas et je ne veux pas y recommencer ma vie sous prétexte d'une prétendue divinité disparu depuis 6OOO ans qui veut que je sois à son service!
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J'en ai marre, marre, MARRE!! Je veux pas rester ici!! Je me moque de cette foutue mission, de ce fichu cabot rongé par les parasites ou même de vous - dis-je en levant les yeux au ciel-
qui semblait bien vous amuser depuis votre trône! J'abandonne cette mission spéciale nécrophilie, râlais-je avec force.
Tandis que je râles, je sens un phénomène étrange se produire. Toute ma frustration et ma colère semble ouvrir quelque chose en moi, comme une porte qui attendait depuis longtemps qu'on l'ouvre qui ne demandait que ça. A ce moment-là, j'ai l'impression qu'un rugissement de tonnerre fait rage en moi, un formidable déferlement de puissance me submerge, me donnant l'impression de tourner à grande vitesse sur moi-même. Associés à mes cris, je sens peu à peu ma colère partir et je fixe mes mains, ébahi. Alors qu'auparavant je serrais les poings de fureur, je contemple avec un ahurissement proche de l'idiotie le squelette dans mes mains, ressemblant à s'y méprendre à ce lui de la pierre. Il est plus terne cependant, moins délicat et on dirait que les os sont rongés par une chose invisible mais le résultat est là, c'est bien le squelette que j'ai vu tout à l'heure.
Abandonnant toute colère, je saute de joie sur ma branche, manquant de faire une chute assez grave au passage, lâchant de petites exclamations de joie, une fois la surprise passée.
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Génial, moi aussi je suis un Dieu!Puis, me rendant compte de ce que je venais de dire, je me mis à réfléchir. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? C'est alors qu'une conversation avec Renzo me revint, d'abord brumeuse puis parfaitement claire : Les serviteurs des Dieux reçoivent des pouvoirs en échange, un pouvoir du moins... Perplexe, mon regard descend vers le squelette dans mes mains. Genre, moi mon pouvoir, c'est de créer des squelettes par la pensée? Je vais pouvoir le rejoindre dans la team Halloween avec ça. Blasé, je pousse un long soupir avant de remarquer autre chose. Il n'y a plus de bruit autour de moi. Juste un total silence. Je baisse les yeux et constate que le chien a disparu, puis entraperçoit des rayons de soleil, chassant les nuages de pluie au loin. Je descends prudemment ( une fois n'est pas coutume) de mon arbre et contemple le spectacle. Plus de rocher ni rien... Tout a disparu, comme si je m'étais imaginé tout ça! Je fais quelques pas dans la clairière, prenant les rayons du soleil sur peau nu, savourant la chaleur qui se répand alors de nouveau dans mon corps... C'est fini, enfin fini. Plus de poursuite, de faim ou quoique ce soit. Mon estomac gargouille, je l'ignore. Ma mission... est achevée. Je serre les os pourris dans mes mains. J'ai réussi! C'est gagné, comme dirait Dora!
Après deux ou trois petit bonds de joie, je me dirige vers la prochaine en courant, ravi de pouvoir enfin en finir avec ça : le temple d'Enlil!
Hrp: C'est pas super j'ne suis désolé... J'espère que ça te va, sinon je change!