Dim 26 Oct - 8:28
Tout content de ma petite blague, et toujours enchaîné au bras du garçon bizarre, je me dirige d'un bon pas vers la ville. Je ne prête aucune attention à ses protestations, faisant mine de ne rien entendre en fredonnant une chanson arabe de mon pays, suffisamment fort pour couvrir sa voix à lui. En même temps que j'avance, je cherche un café ou un endroit potentiel pour passer un moment calme au chaud... Enfin calme, rien que de l'entendre marmonner derrière moi, c'est difficile d'imaginer ma journée sans finir avec un café chaud dans la tronche à la fin. Sauf que quand je suis de bonne humeur, eh bien je ne fais plus vraiment attention à ce qui se passe.
A un moment, je l'entends crier autre chose et je me stoppe net, manquant de le percuter au passage. Je me tourne vers lui avec curiosité, intrigué par ses paroles.
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Tu m'as appelé comment ?Honnêtement, je n'ai entendu que la première partie, mon chant et le bruit ambiant de la foule m'ont dissimulé le reste. Mes yeux se chargent d'étoiles durant un cours instant, un grand sourire s'étale sur mon visage alors que je le dévisage sans aucune vergogne.
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Nab' c'est ça! Tu sais que tu es le premier à m'appeler comme ça?! m'exclamais-je avec joie.
J'aime bien! Sauf que ce petit con, profitant de mon hébétement passager, me repousse une nouvelle, et assez violemment en plus. Surpris, je recule de trois pas, en mode équilibriste, manquant de m'étaler par terre de tout mon long. Mais au même moment, une mère et sa fille passe derrière moi et, pour éviter de marcher sur la fillette, je fais un petit demi-tour, perd l'équilibre, et m'étale au pied du blanc-bec, sur le dos. Je lève la tête ( ou la baisse pour lui j'imagine) et constate qu'i a l'air sacrément perturbé. Je pousse un long, très long soupir et, plutôt que de me relever directement, reste assis en tailleur, en plein milieu de la rue ( Ben quoi ? les gens me voient, ils peuvent bien me contourner!)
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Bon sang mais t'as la rage toi! Ca te plait tant que ça de me faire bouffer les pavés ?Puis, me rappelant alors que je l'avais auparavant projeter moi-même face contre terre, je lui fais un sourire de crétin, celui que j'affectionne particulièrement, et me frotte l'arrière du crâne.
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Ah oui non c'est vrai, c'est moi qui ai commencé. On n'a qu'à dire qu'on est quitte alors! proposais-je sans lui demander son avis.
Je me relève alors, pour constater qu'il a déjà commencé à se barrer. Je lâche un grognement incompréhensible et le rattrape en moins de deux. Un grand sourire toujours aux lèvres, je continue la conversation comme si de rien n'était ( ben oui, j'aime pas le silence, c'est triste et pesant.)
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Oh ben c'est dommage, moi je suis très tactile. Ça fait plus amical en plus non... ? dis-je avec un instant de bug vers la fin.
Je le dévisage à nouveau, me rappelant qu'il ne s'est toujours pas présenter.
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T'es sûr que tu ne veux pas me dire ton prénom ? Bon alors...Je commence à réfléchir. J'ai pas envie de l’appeler machin et ne pas avoir de nom, je trouve ça franchement triste. Parce que, s'il ne veut rien dire, c'est surement qu'il n'y a rien à dire. Peut-être qu'il ne connait pas son nom, ou qu'il l'a oublié... Il paraît que les fous ont tendance à oublier un peu tout et n'importe quoi, ou alors de décider de s'appeler table de jardin ou chaise en paille.
Me grattant le menton d'un air pensif, je lâche un petit "oh" de satisfaction après quelques secondes de réflexion.
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Dans ce cas, tu t’appelleras Bérengère à partir de maintenant!Je me souviens avoir entendu ce nom à la télé, sur une émission bizarre qui était célèbre à l'étranger parait-il. J'avais trouvé ce prénom amusant, il lui irait bien je pense... Bon d'accord je l'admets, ce prénom est juste affreux à mourir, mais c'est le premier qui m'est venu. Le jour où il parlera bien, il pourra choisir son nom!
Alors que je marche dans ses pas, côte à côte, j'aperçois au loin la façade d'un café qui a l'air sympa. Enthousiaste, je lui montre du doigt en sautillant.
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Regarde Bérengère, il y a un café là! On va pouvoir se mettre au chaud.Sur ce, sans tenir compte de ses protestations, je l'entraîne à ma suite, le prenant cette fois par les épaules en mode vieux copain. Je me rappelles alors qu'il n'aime pas ça et, arrivés à l'entrée du café, je le lâche gentiment tout en lui offrant un nouveau sourire de crétin.
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Si t'aimes pas le contact ça va être dur pour toi! Imagine quand tu auras une copine, tu la toucheras de loin avec un balai c'est ça ? demandais-je, d'un ton faussement agacé ( ressemblant à s'y méprendre au sien quand il m'adressait la parole.)