Sam 8 Aoû - 12:14
Il ne s’attendait pas à ce qu’elle s’élance vers lui ainsi. C’était très cinématographique. Alors qu’elle se pressait doucement contre son torse, l’émissaire passa délicatement son bras libre autour de sa taille pour lui chuchoter quelques mots à l’oreille
- Mon nom est Ezequiel Delaunay, ma belle.
Il lui avait parlé dans la langue de Molière. Ça la faisait fondre. De toute manière son véritable prénom était bien plus beau avec cet accent so frenchy. Il joua l’espace d’un instant avec une mèche dorée puis s’écarta. Avec Ka il se sentait comme un papillon de nuit irrésistiblement attiré par une source de lumière brûlante. Les regards étaient braqués sur eux. Un type toussota, il était plutôt petit et assez trapu. Aucune classe. Oh, vu l’armada d’assistants autour de lui, c’était probablement le réalisateur. Pas difficile à déduire, tout son comportement traduisait sa position et cette manière qu’il avait de fixer Ka… Il n’aimait pas ça. L’idée de lui faire bouffer la perche de prise de son par le derrière lui traversa l’esprit. Oui, en réalité, Jake avait une imagination très fertile concernant les tortures et la mise à mort, même s’il n’aimait pas ça et qu’il respectait profondément la vie, c’était son exutoire, une des nombreuses manière dont il gardait son calme olympien. Jamais il ne mettrait quoi que ce soit en application, il savait qu’il pouvait le faire et cela lui suffisait à rester de marbre. Le petit homme trapu fendit la foule, visiblement mécontent :
- T’es qui toi pour v’nir là et couper l’tournage hein ? On va te flanquer dehors t’vas voir !
Il mâchait ses mots dans un anglais texans insupportable. La créanne sembla vouloir dire quelque chose mais Jake plaça son bras pour l’en empêcher. Un gentleman gère toujours ce genre de situation. Il s’approcha du réalisateur qui peu à peu considérait l’ampleur de l’émissaire. Oui mec, de loin il semble grand mais de près c’est pire. Franchement, on ne cherche pas un mec qui fait près le double de ta taille. Même s’il a une canne. Non, en fait, surtout s’il a une canne. Trois vigiles s’approchaient pour encercler l’homme tandis qu’un semblait vouloir faire reculer Ka de Jake.
- Déjà, pour me flanquer dehors il faudrait que vous réussissiez à pouvoir le faire. Physiquement j’entends. Ensuite, qui je suis ? Ezequiel, fils du PDG de la multinationale qui possède la boite de production pour laquelle vous travaillez.
L’émissaire n’avait pas fondamentalement menti. D’ailleurs il détestait cela. Il était réellement son fils. Un bâtard certes, mais fils quand même. Ensuite son nom d’origine était vrai aussi. Même si le monde avait oublié Ezequiel Delaunay, le gamin qui allait de foyer en foyer.
- Ah ouais c’quoi le nom de ton père ?! grogna le producteur
Quel odieux petit personnage. Techniquement, il n’avait pas de moyen de prouver son ascendance... Hormis, sa ressemblance frappante.
- Regardez mes yeux, regardez ma taille et utilisez votre cerveau. Vous l’avez déjà croisé et ne me faite pas croire qu’il ne vous a pas marqué.
Vu la manière dont le producteur baissa le nez, c’est qu’il s’avouait vaincu. Peut être allait il appeler son père ce soir pour lui parler de l’incident ? Boarf. Ce n’est pas bien grave, cet homme restait un mystérieux inconnu pour lui. Il évacua le sujet rapidement. Et reprit
- Bien. Vous voyez les nuages ? Le temps se couvre. Votre scène est foutue. Hors de question que je laisse Mademoiselle entre vos mains. Veuillez nous excuser. Ce fut un plaisir.
Et sur ces bonnes paroles, il saisit la main de la douce et l'entraîna dans la luxueuse voiture garé un peu plus loin. Pas de chauffeur, Jake aimait piloter. Une fois assis, sa canne posée sur la banquette arrière, il démarra en trombe et se paya le luxe d’un dérapage contrôlé qui envoya de la poussière sur les groupies. Quel enfoiré je peux être parfois pensa t’il.
Mon frère m’a imposé des vacances pour que je puisse me rétablir. Il m’a littéralement bouté hors d’Europe. Mais je n’aime pas ne rien faire. Alors, je me suis permis de te rejoindre. La vie est toujours un peu plus palpitante quand tu es a coté.
Katharyna n’était pas un passe temps. Non. Il aimait sincèrement partager quelques moments avec elle. Et surtout, cette occasion ne se représenterait pas si tôt. Il comptait bien profiter un peu des Etats Unis :
- Tu n’es pas une créanne et je ne suis pas un émissaire pendant ces trois jours que je compte bien les passer avec toi. J’ai joins ton assistant, il a fait déposé tes affaires dans l’hôtel que j’ai réservé. Nous passons y faire un tour, te connaissant tu voudras te changer. Après nous irons dîner. Et ensuite… Je te réserve une surprise.
Et ce ne sera pas la seule de ce week end. Vous savez, si Jake n’a jamais pris de vacances… Ce n’est pas uniquement parce qu’il n’aime pas ça mais aussi parce que quand il se détend, ce n’est pas qu’à moitié. Et ce n’est pas sur un transat. Non c’est en faisant des choses folles. De préférence à l'abris des regards et en petit comité. Et concernant l’exubérance et la folie, qui de mieux que cette belle demoiselle pour l’accompagner ?