La colère, petit à petit, se met à redescendre. Je prends de longues inspirations pour me calmer, tente de ne pas me jeter au cou de cet être méprisable et arrogant qui descend du ciel comme le messie. La haine palpite jusqu'au coin de ma tempe, et je m'imagine un instant lui faire la peau. Contre toute attente, l'image parvient plus à me redonner une belle bouffée de rage que de faire baisser la tension qui comprime tout mon corps dans un étau. Le pire, dans tout ça, vous savez ce que c'est ? Je suis une déesse. Techniquement, le stress et la colère ne devrait pas avoir d'effet sur moi. Mais je suis tellement en rage que je crois qu'un filet de fumée pourrait s'échapper de mes oreilles.
Le sourire de mon divin frère me tire une grimace crispée - sourire agacé et mauvais, qui doit plus me donner l'air d'une folle que de la femme belle et respectable dont je me dois de prendre l'apparence. Sa réaction face à mon invective me laisserait de marbre - et m'amuserait presque - si je n'avais pas tant de mal à me contrôler. Allons donc. Prônons donc la poésie puisque tu sembles tant te moquer ; voilà longtemps que je n'avais point fait de joute oratoire. Certainement suis-je un peu rouillée. Adopter le langage de la jeunesse des foules n'aide pas à développer ou entretenir son talent artistique, je le crains fort.
Merveilleux sourire que je lui lance. Un mélange d'élégance enrobée d'une couche d'amertume et d'acidité. Parfois, je l'aimerais mieux loin.
Jamais là quand il le faut, ce dieu.
Ai-je déjà précisé que je le déteste, lui comme les autres ?
- Toi qui fait preuve de tant de joie, surveille bien tes arrières. Ne viens pas moquer une colère que tu provoques sans émoi.Mon sourire se fait plus vif, acéré.
- Ne viens plus jamais t'étonner si, face à cette comédie, mon langage en est obscurci ou manque de civilité.D'un geste hautain, je replace une mèche de cheveux derrière mon oreille. Avant de laisser mon regard se durcir, mes lèvres s'étirer en une fine et mince ligne droite. Agacée. Haineuse.
- Ta farce était bien malvenue.J'appuie sur chaque mot, doucereusement.
- Pars. Tu n'es pas le bienvenue.Ou je serai là où tu ne m'attendras pas.
HRP : Sinon j'ai mis une heure pour faire ça, t'as intérêt à trouver ça bien :'( Tu veux me tuer avoue ; la poésie en vers, c'est pas pour moi. Maintenant dodo, j'suis claquée.
- Si jamais tu veux le truc en vers !:
Toi qui fait preuve de tant de joie
Surveilles bien tes arrières.
Ne viens pas moquer une colère
Que tu provoques sans émoi.
Ne viens plus jamais t'étonner
Si, face à cette comédie,
Mon langage en est obscurci
Ou manque de civilité.
Ta farce était bien malvenue.
Pars. Tu n'es pas le bienvenu.