Lun 13 Avr - 7:44
Sur le chemin du rendez-vous, je relisais l'acte de mission que l'on avait reçu. Je mémorisais les détails, ce que l'on attendait de nous avec un stress évident. C'est ma première mission, et même si je suis un garçon un peu naïf, je ne le suis pas au point de ne pas comprendre l'importance de ce genre de quête. Autre détail, j'avisais le lieu où le devait se rendre : Alep. Une légère grimace se peint sur mon visage. Si mes parents apprenaient que je suis allé en Syrie, je suis déshérité sur les prochaines générations... Non pas que nous sommes en mauvais termes hein! Mais disons que lors de nos exodes, les syriens n'ont pas été des plus accueillants et aimables avec nous. Honnêtement moi, je m'en fiche un peu. C'est du passé tout ça. Par contre, ce qui est évident, c'est que je vais enfin quitter ce désert de glace pour me rendre dans un vrai pays chaud! Un pays où le soleil et la chaleur existe! En plus à cette période de l'année, il commence déjà à faire un peu chaud en pleine journée...
Un grand sourire débile s'impose à la vue de mes partenaires. La première, Lynn, est inconnue au bataillon ( étrange fille d'ailleurs mais j'aurais bien vite l'occasion de mieux la connaître ), en revanche le seconde, celui qui dirige le groupe d'ailleurs, manque de me faire rire, tant je ne l'imaginais pas dans le rôle de chef.
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Hey Renzapatas! Comme on se retrouve!Le voyage se déroule sans encombres, jusqu'à notre arrivée à Alep. Voyant Renzo un peu perdu par moment, je me permets d'intervenir de temps en temps. Ils ne savent pas que je suis Palestinien, malgré leurs regards insistants, et c'est tant mieux... Sinon nous n'aurions pas pu avancer dans la ville avant un long, très long moment. Je reste détendu pendant les interrogatoires, chez moi c'est monnaie courante, il n'y a que ça. Sauf que les soldats israéliens sont bien moins agréables que ceux-là...
On finit enfin par arriver à la maison tant recherché. Je jette un coup d'oeil à Renzo, un sourire en coin amusé. Comme je l'avais imaginé, c'est assez drôle de le voir dans le rôle de chef. Je n'ai pas manqué de le lui faire remarquer d'ailleurs, pour le taquiner gentiment.
La recommandation qu'il m'adressa me tira un sourire sans joie.
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Tu sais, dans notre culture le respect des anciens est primordial. Je ne lui parlerai de rien à moins qu'il ne m'y invite, expliquais-je
Puis la porte s'ouvrit. Je saluais poliment la dame devant nous et, au moment de passer, je répondis vraiment à la remarque de Renzo.
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Et penses-tu vraiment qu'il ne le sait pas ça... ?Là, je ne rigolai pas par contre. La Syrie, tout comme la Palestine, connait les guerres violentes, et les morts sur le tas, au point que plus personne dans le monde ne s'en émeut. C'est devenu un lot courant, banal. Nous nous ressemblons plus que nous ne voulons l'admettre.
La maison est confortable, et je me prends à sourire, ravi de constater qu'un homme âgé puisse au moins avoir la décence immobilière pour vivre la fin de sa vie en paix. Je le vois arriver en fauteuil roulant et lui adresse un joli sourire. Il est vraiment très vieux, et en cela il est déjà chanceux. Ses traits me rappelle évidemment ceux de mon peuple, ce qui provoque une poussée de nostalgie en moi. J'écoute distraitement Renzo, focalisé sur le visage du grand-père, observant la jeune femme près de lui, se tenant prête à intervenir en vas de besoin. Je remarque alors qu'il me retourne mon regard, de ses yeux paisibles. De même Renzo s'est tourné vers nous, Lynn et moi, surement pour que nous intervenions.
Je hoche discrètement la tête à l'adresse de Renzo pour lui dire que j'ai compris. Je m'approche du fauteuil, pour ne pas avoir à élever la voix et le fatiguer d'autant plus en le forçant à tendre l'oreille, et me penche légèrement en avant pour me mettre à son niveau, un petit sourire aux lèvres.
-Asalam a'leykoum ya sayyidi! ( je sais qu'il me comprend de toute façon quelle que soit la langue, mais je me dis qu'il serait surement plus en confiance en entendant des sons familiers.)
Dîtes-nous, comment vous êtes-vous rendu compte de votre capacité ?A dire vrai, je ne savais pas par quoi commencer au début. Mais en le voyant, j'ai sentis une certaine sérénité en moi, comme lorsque j'étais avec mes propres grands-parents. Je lui ai donc posé la première question que me venait à l'esprit, la question qui lui permettrait de mettre des mots sur ce qu'il a ressentis, et pour nous de comprendre la situation. Peut-être plus pour moi d'ailleurs, car je n'avais pas bien compris cette histoire...