Lun 20 Avr - 8:39
Alexander Aestas. Un drôle de petit humain qui déambule dans Stockholm pour occuper ses nuits. Il flâne, et il me parle, parfois. Avec le temps j'ai appris à l'apprécier, lui si discret s'épanchant parfois, je crois qu'il savait un peu que je le regardais depuis là-haut. Que dire encore ? J'aime ceux qui sortent la nuit. Qui l'aiment vraiment pour ce qu'elle est. Les humains vivent le jour, bien sûr. La nuit ressemble trop à la mort, et d'une certaine manière elle la précède. Mais pour ceux qui savent regarder elle recèle une beauté apaisante, inexistante sous les rayons de mon frère. Voilà pourquoi je regarde ce petit homme: il me regarde aussi. Pour être honnête cela fait longtemps que je l'ai choisi, que je veille sur ses nuits. Je n'ai eu qu'à guider un peu ses pas pour qu'il se retrouve face à la Congrégation, puis attendre un peu qu'il ose y entrer. Observer, certes. J'espère qu'il saura trouver un peu plus de confiance en lui à l'avenir. Je veux un Missionnaire parfait. Et ce soir ! Ce soir, c'est le grand soir ! Il se dirige par ici, mon petit Médium; il arrive doucement mais il sera bientôt là, alors je pourrai lui dire ce que j'ai préparé pour lui.
J'ai une brève hésitation. N'est-ce pas trop dur ? Va-t-il vraiment y parvenir ? Suis-je trop exigeant ?
Mais son arrivée m'interrompt. Il a l'air serein, comme souvent. Calme aussi, j'aime l'intérêt qu'il porte à toutes choses, jusqu'à la poussière qui recouvre le sol de la clairière. Il s'approche et tourne un peu autour de l'autel. Il ne touche rien. Discret, léger. Puis il... repart ?! Ah non, ce n'est pas le moment, petit homme ! J'ai besoin de toi.
Je matérialise brièvement mon corps terrestre juste au-dessus de la pierre noire. Je prononce son prénom et souris comme il se retourne. Ensuite la poussière environnante l'enveloppe et je le retrouve dans mon royaume.
Mon royaume, un horizon infini, le ciel noir sans une tache de lumière, le sol gris poussière. La sérénité et le calme parfaits. Il n'y a tout simplement rien.
Je m'approche d'Alexander.
_Tu me cherchais.Ce n'est même pas une question. Je suis immensément fier de le voir ici, j'espère qu'il ne me décevra pas par la suite.
_Sans doute te demandes-tu qui je suis ? Et pourtant tu me connais, toi qui arpentes la nuit. On me nomme Nanna, Dieu de la Lune et du Temps. Comprends-tu un peu mieux à présent ? Tu es ici chez moi. Je lui souris.
Je souhaite te voir devenir assez fort pour recevoir mon pouvoir, je pense que tu en es capable. Je souhaite que tu comprennes comment l'être. Si tu réussis, je te confierai l'un de mes pouvoirs, et tu auras ma protection. Dans le cas contraire, tu pourras continuer de vivre exactement comme avant. Mais je ne pense pas me tromper en affirmant que tu ne le souhaites pas. Je fais quelques pas sur la poussière sèche, effaçant mes derniers doutes, tergiverse encore un moment, le regarde dans les yeux.
_Trouve quelqu'un à qui parler.A présent dans son dos, je place mes mains sur ses épaules pour le faire disparaître. Et voilà, plus d'Alexander avant un bon moment. Je suis à nouveau seul sur ma Lune. Je laisse ma voix résonner au-dessus de lui en un vague "Bonne chance", certainement les derniers mots qu'il entendra avant longtemps. Une gourde remplie d'eau et un paquet de biscuits (des petits beurre) tombent juste à-côté de lui sur la poussière pâle du sol, ils seront sa subsistance. Je me détourne de lui, pensivement. Ce garçon a à vaincre le désert de Gobi, froid et inhospitalier. La seule piste alentours est à plus de 300km et rien ne vit en ces hautes altitudes, à part quelques insectes et oiseaux que rien n'effraie. Pas d'humain donc, pas d'eau, pas de refuge. Ici aux extrêmes limites de mon territoire rien ne vit.Mais il s'en sortira, je le sais.
Je le laisse désespérer un peu avant d'intervenir; effectivement il n'y a vraiment personne autour... Et quant à savoir qui il trouvera, je le jouerai !
Bonne chance~