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 :: Le Monde :: Asie
Moi qui n'aime pas être observé, je suis servi !
Alex
Messages : 366
Localisation : Stockholm, toujours.
Loisirs : Observer le ciel nocturne.
Humeur : Heureuse.
Alexander Aestas
Alexander Aestas

Personnage...
Pouvoir: Poussière
Dieu: Nanna
Age: 23 ans
Lun 20 Avr - 16:36

Moi qui n'aime pas être observé, je suis servi ! Dybutm10
Un vent glacial s’engouffre dans les plis de mon t-shirt et j’ouvre les yeux en sursaut, avec la désagréable sensation que des milliers d’aiguilles de glace me piquent la peau. J’inspire une grande goulée d’air par la bouche, et l’air froid et sec me cause une quinte de toux. Depuis combien de temps ai-je cessé de respirer ?

Je suis allongé à même le sol. Du bout des doigts, je joue avec quelques graviers.



Des graviers ?

Je me redresse brusquement. Il n’y avait pas de graviers, dans la clairière de la forêt. Et en effet, je ne suis plus dans la forêt, mais alors là, je suis on ne peut plus éloigné de ce qui pouvait ressembler à une forêt. Rien. Il n’y a RIEN en face de moi. Je veux dire, aucun arbre, aucun buisson. Juste… des graviers couleur ocre et, au loin, je devine des formes de montagne.

Je serre les lèvres, et je ne peux m’empêcher de me pincer le bras. Est-ce que je rêve ? Il n’y aucun paysage semblable, à Stockholm !

Je regarde autour de moi. Le Soleil se lève.

… le Soleil se lève ? Quoi ?! Mais je suis resté inconscient combien de temps, au juste ?

Mes yeux se posent sur ce qu’il y a à côté de ma main gauche. Un paquet de biscuit et une gourde d’eau. Alors, comme porté par le vent qui souffle, j’entends un vague murmure.

« Bonne chance. »

Alors, les souvenirs me reviennent, et instinctivement je lève les yeux vers le ciel encore sombre. Quelques étoiles sont encore visibles, mais plus pour très longtemps. Mais aucune trace de la Lune.

« Trouve quelqu'un à qui parler. »

Je ferme les paupières en croisant les bras dans une vaine tentative pour me réchauffer, et j’inspire doucement. L’air froid me brûle la gorge, mais ce n’est pas ma principale préoccupation. Récapitule, Alex’. Le dieu de la Lune est venu te voir, toi pauvre petit humain que tu es, et t’a confié une mission. Je savais que ça arriverait, la fille aux cheveux blancs me l’avait dit. Et effectivement, comme Nabouh me l’a dit je n’ai pas pu passer à côté de cet ordre de mission. Nanna a été on ne peut plus clair, je ne suis même plus chez moi. A vrai dire je ne sais pas où je suis.

« Je souhaite te voir devenir assez fort […], je souhaite que tu comprennes comment l'être. »

Mes lèvres tremblent. A cause du froid ou de l’émotion ? Peut-être des deux. Devenir fort, moi ? Quelle blague… je ne le suis pas… je ne le serai jamais.

Je secoue la tête. Je n’ai pas le droit de penser ainsi. Je n’ai pas le droit de me morfondre, pas le droit de me plaindre. On m’a donné un ordre. Je me dois d’y obéir.

Je plante mes ongles dans la peau de mes bras nus. Je n’ai jamais autant regretté de ne pas mettre de veste. A Stockholm à cette période, je ne mets pas de veste, parce que je ne suis pas frileux. Depuis que je suis enfant j’ai l’habitude de sortir la nuit dans un pays aussi froid que la Suède, alors de basses températures ne m’ont jamais inquiété. Mais là, le choc thermique est plutôt violent…

Je me mets debout, tant bien que mal. Il faut que je bouge, sinon je vais mourir geler. Tel un automate je décolle ma main droite de mon bras gauche et je récupère les maigres vivres que m’a accordés le dieu aux longs cheveux.

« Trouve quelqu'un à qui parler. »

Je ne parle quasiment jamais à personne, alors pourquoi maintenant ? … surtout trouver quelqu’un dans un endroit aussi désertique, comment je vais faire ?... et puis, je dois lui dire quoi moi, une fois que j’ai croisé quelqu’un ?

Je commence à marcher. Je ne sais pas où je vais, ni d’où je pars, mais je marche tout droit. Je sais juste que je vais vers l’Ouest, puisque le Soleil commence à taper dans mon dos. J’espère que le vent se calmera un peu, parce que même les chauds rayons de l’astre ne me permettent pas d’arrêter de trembler.

Merde… dans quoi est-ce que je me suis fourré ?


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Alex
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Alexander Aestas
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Lun 20 Avr - 20:33

Moi qui n'aime pas être observé, je suis servi ! Dybutm10
Mes dents ne cessent de s’entrechoquer, produisant une musique quelque peu agaçante. Mes bras serrés contre moi, je tente par tous les réflexes de survie que l’Homme possède de conserver un minimum ma chaleur corporelle, du moins autant que je le puisse en étant en t-shirt dans je-ne-sais quel désert sec et gelé, dans lequel le vent ne cesse de souffler.

Cela fait des heures que je marche, de très nombreuses heures. Je ne sais pas trop ce que je cherche. Est-ce qu’il y a VRAIMENT des gens qui aiment trainer dans le coin ? Non pas que je les critique, ils font bien ce qu’ils veulent, mais j’ai du mal à en comprendre l’intérêt… il n’y a même pas d’animal à observer, c’est entièrement désert !

De rage, je donne un coup de pied dans un caillou. De rage ? Je suis rarement énervé. Mais il faut dire que j’ai du mal à comprendre l’intérêt de cette mission. Je veux bien rendre service, mais je ne comprends pas, là. En quoi me perdre dans un désert est-il utile à Nanna ? Je ne comprends pas ! J’arrête de marcher. Je serre les dents, enfouis mes mains dans mes cheveux et tombe à genoux. Le choc des pierres sur mes genoux fait monter un gémissement dans ma gorge. Je serre les dents plus fortement. Non, je ne pleurerai pas. Ce n’est pas, ça n’a jamais été et ça ne sera jamais dans mes habitudes. Je n’en ai pas le droit.

Je me remets debout, et reprends mon chemin vers ce qui ressemble à une montagne. C’est la seule chose qui diffère dans ce paysage, alors autant me diriger par là.

Vie = eau. Il faut que je cherche une source d’eau. De la végétation.

Que je quitte cette zone plus que désertique. Mais je ne sais pas par où aller. Je marche encore environ deux heures et, face à moi, le Soleil commence à disparaître, et je sens l’inquiétude commencer à monter. Comment je vais pouvoir survivre à la nuit ? Les bouts de mes doigts sont déjà tout bleus, alors sans l’astre solaire et sa chaleur… c’est la première fois que je redoute autant l’arrivée de la nuit. Je marche encore, je marche tant que je le peux encore. Mais je sens mes jambes qui commencent à faiblir, je commence à fatiguer. Je serre les dents, encore. Je n’ai pas le droit de tomber.

Alors, à ma plus grande joie j’aperçois une forme se dessiner dans l’obscurité. J’accélère le pas. Des rochers. Des gros rochers ! Avec ça je pourrai me couper du vent, c’est déjà ça. Un sourire un peu idiot sur le visage, je me dirige par-là. Une fois le désagréable souffle froid coupé, un soupire s’échappe de mes lèvres. Je m’adosse au rocher et me laisse glisser sur le sol de pierre froide. Je souffle dans mes mains pour tenter de refaire circuler le sang correctement. Je plie et déplie mes doigts. J’ai mal…

Finalement, j’attrape le paquet de biscuits misérablement posé par terre. Misérable, hein… comme moi. Je l’ouvre tant bien que mal, mes doigts n’obéissant pas à tous mes ordres, et me force à manger quelques gâteaux. A vrai dire je n’ai pas faim, et ces biscuits me donnent envie de vomir. Non pas qu’ils ne soient pas bons, mais j’ai l’impression que mon corps refuse tout apport de sucre, ce qui est plutôt paradoxal par rapport à ce que je vis. Manger est un instinct de survie, alors pourquoi je n’y arrive pas ? Peut-être est-ce à cause du fait que dans les situations de peur la digestion est ralentie voire arrêtée, je crois. Est-ce que j’ai peur ? Probablement. Instinct de survie oblige, je présume.


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Alex
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Alexander Aestas
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Dieu: Nanna
Age: 23 ans
Mar 21 Avr - 20:53

Moi qui n'aime pas être observé, je suis servi ! Dybutm10
Lorsque je rouvre les yeux le lendemain, j’ai l’impression de n’avoir pas dormi. Aussi faut-il dire que je n’ai dû dormir que quatre heures tout au plus… il fait encore nuit. Toujours allongé à même le sol, le regard embrumé par le sommeil, j’observe vaguement mes doigts. De temps en temps, de petits nuages blanchâtres s’échappent de ma bouche entrouverte au rythme de ma respiration, et j’en déduis que la température est toujours aussi basse. Je n’y avais même pas fait attention, peut-être que je commence à m’y habituer… je ne sais pas trop si c’est une bonne chose.

Je referme doucement les paupières. Non… il faut que tu te lèves, Alex’. Bordel, plus vite tu auras croisé quelqu’un plus vite tu seras rentré à Stockholm, plus vite tu seras sorti de ce pétrin.

Je me redresse et me frotte les yeux. J’entends quelques petits cailloux tomber de ma chevelure.

Je laisse mes mains endolories retomber sur mes cuisses, et je regarde autour de moi. Le paquet de gâteaux n’a pas bougé, en revanche, la gourde… je fronce les sourcils en constatant qu’elle se trouve à mes pieds. Elle n’était pas là, quand je me suis endormi. Je crois… mes souvenirs sont un peu flous parce que je suis tombé comme une masse, mais il me semble que je l’avais ramenée contre ma poitrine. Parce que la gourde isole vraiment l’eau –encore heureux, sinon j’aurais eu à manger de la glace-, et à vrai dire elle me semble presque tiède. En Suède ç’aurait été de l’eau froide normale, là quand j’en bois j’ai l’impression qu’elle me réchauffe. J’avais du coup tenté de la chauffer encore plus en la serrant contre moi pendant la nuit. Mais soit je bouge vraiment très beaucoup en dormant, ce qui ne m’étonnerait pas… soit je me créé de faux souvenirs et la gourde a toujours été à mes pieds… soit quelqu’un est venu.

Je me saisis de l’objet arrondi et l’ouvre. Je hausse un sourcil. Elle est remplie à ras-bord, alors que je l’avais vidée à moitié la veille. Instinctivement je lève les yeux vers le ciel, et mon regard se pose sur l’astre lunaire qui diffuse toujours dans cette étendue désertique une lumière douce et apaisante.

Alors, la beauté du ciel ici me frappe. Des étoiles, plus que je n’en avais encore vu piquent l’obscurité. Jamais je n’avais vu pareille chose. Il faut dire que la pollution de l’air et les lumières des villes dissimulent les beautés du ciel. Ici, il n’y a rien, rien que la nature. Je reste un instant fasciné par cette vision, puis finalement un sourire m’échappe, accompagné d’un murmure :

Merci.

Cette mission ne m’est pas agréable, certes. Et je ne comprends toujours pas pourquoi je dois l’accomplir. En revanche, il m’est offert un paysage que je n’aurai jamais plus l’occasion de revoir. Et puis tout simplement, merci pour l’eau, elle n’est pas tombée du ciel… enfin si, justement.

Je porte la gourde à mes lèvres et, tout comme la veille, l’eau juste froide me parait tiède et m’offre une énergie que mes maigres heures de sommeil ne m’ont pas apportée. Je me remets debout, ramasse mes quelques affaires et reprends ma route. Le vent ne souffle plus, c’est déjà ça. Mais le froid pique toujours mes bras, et mes doigts ne m’obéissent qu’une fois sur deux. J’accélère le pas avant de me mettre à courir. Je ne sais pas où je vais, mais après tout la Terre est ronde n’est-ce pas ? A force d’avancer tout droit je finirai bien par tomber sur quelqu’un. Et plus vite j’y arriverai, plus vite je rentrerai à Stockholm.

Je cours, à un rythme régulier, peut-être équivalent à celui d’un footing matinal. Ce n’est pas vraiment une de mes activités favorites, mais bon, ça me réchauffe alors…

L’air froid et sec me brûle la gorge, et au bout de peut-être deux kilomètres –je n’ai plus trop la notion de distance…- je commence à haleter.

Je ralentis et recommence à marcher. Mais je ne m’arrête pas. Je n’ai pas le droit de m’arrêter.

Je dois sortir d’ici.


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Alex
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Alexander Aestas
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Pouvoir: Poussière
Dieu: Nanna
Age: 23 ans
Mer 22 Avr - 16:17

Moi qui n'aime pas être observé, je suis servi ! Dybutm10
Cela fait plusieurs jours que je suis dans ce désert. Trois, ou peut-être quatre. Je ne sais plus trop, je crois que j’ai un peu perdu la notion du temps… tout comme la notion de distance. J’avance, pendant des heures, mais je n’ai pas l’impression que la montagne vers laquelle je me dirige se rapproche vraiment, c’est légèrement décourageant d’ailleurs…

Mes mains sont sèches et abîmées, et un rien fait couler le sang. Du sang sur la couleur ocre de la pierre, ce n’est pas très voyant…

Trois ou quatre jours donc que la chair de poule est présente sur mes bras, trois ou quatre jours que mes dents s’entrechoquent dans cette même musique agaçante. Trois ou quatre jours que j’exécute inlassablement les mêmes gestes. Trois ou quatre jours que je ne vois absolument personne.

Je suis fatigué. Je me force à me relever chaque fois que je tombe, parce qu’on me l’a demandé.

Ma main droite joue avec la forme arrondie d’un fruit, dont Nanna m’a fait cadeau le matin-même, en plus de la ration d’eau habituelle. De cette manière je sais qu’il ne m’a pas encore entièrement abandonné à mon sort, mais quand je continue de marcher dans le froid et le vent j’ai de sérieux doutes. Peut-être est-il comme ces enfants qui m’exploitaient lorsque j’étais à l’école. Peut-être me voir perdu dans ce désert le fait rire.

Je secoue la tête. Non, Alex’. Tu n’as pas le droit de penser ça. Tu ne peux pas penser de telles choses sans connaître. Tu ne connais pas ce dieu. Oui, autrefois tu savais que ces enfants étaient malveillants et que tout ce qui leur importait était de se moquer de toi. Mais Nanna, lui t’a souri et t’a parlé d’une voix douce. Il t’a confié une mission, et tu te dois de la mener à bien. La nuit et la Lune t’ont toujours inspiré confiance, t’ont toujours apaisé. Tu te dois de le leur rendre.

Je serre les dents et j’accélère le pas, encore une fois. Je baisse les yeux vers l’orange que je tiens et, tout en marchant, je commence à l’éplucher. Doucement, parce que mes doigts engourdis glissent sur la peau lisse et colorée du fruit. Je n’ai jamais aimé les oranges, mais tout ce qui peut changer des petits beurres est le bienvenu…

Une fois la longue étape de l’épluchage terminée, je délimite un quartier du fruit. Le jus gicle sur mes mains, et me pique au niveau des plaies et égratignures. Avec un soupir, je commence à manger, toujours en marchant.

Mais l’odeur et le gout presque violent me forcent à m’arrêter. Ça fait des jours que je n’ai pas mangé quelque chose avec un gout aussi fort. Mais ce n’est pas tellement ça qui me perturbe. C’est l’image que cette sensation m’évoque. Un souvenir.

Une réminiscence.

Un souvenir avec ma sœur. Il est tellement flou et confus qu’il doit remonter à loin, une dizaine d’années peut-être. Elle avait encore son visage d’enfant, mais était déjà tellement plus ouverte au monde que moi. Ce jour-là, nos parents travaillaient l’après-midi et, comme à notre habitude, elle et moi nous étions rendus dans la salle à manger pour prendre un goûter, habituellement des pommes. Mais cette fois-ci il n’y en avait pas, alors nous avons pris une orange. Nous avons commencé à les éplucher avec un couteau, parce que la peau était dure. Mais ma sœur s’est coupée le doigt, et le sang coulait beaucoup. Le souci est qu’elle a toujours été terrorisée à la vue du sang, et elle a paniqué, complètement. J’ai dû lui ordonner de fermer les yeux et tenir sa main blessée, teintant ma peau pâle du rouge de son sang, le temps que l’on se rende à la salle de bain et que je panse ses plaies. Les pleurs de ma sœur ce jour-là m’ont touché au plus profond de moi. Je ne voulais plus qu’elle ait peur. Je voulais la protéger. Mais je n’en ai jamais été capable.

Je serre les dents. Elle me manque. Son absence ne m’avait jamais été aussi douloureuse. Cette orange réveille une sensation que je ne connaissais pas. Une violente tristesse accompagnée d’images de joie, de sourires et de rires.

Je n’en suis pas certain, mais je crois que c’est de la solitude.


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Alex
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Alexander Aestas
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Jeu 23 Avr - 18:07

Moi qui n'aime pas être observé, je suis servi ! Dybutm10
A partir de cet instant, un poids constant s’installa au creux de mon estomac, et un désagréable sentiment de tristesse me suivait comme une ombre. Je veux rentrer chez moi… Je ne veux pas mourir seul ici !

C’est la première fois que je souhaite aussi ardemment voir quelqu’un. N’importe qui ! Me prouver que je ne suis pas seul… j’ai mal…

Est-ce que ma famille s’inquiète de mon absence ? Est-ce qu’ils se demandent où je suis ? Peut-être que mes parents pensent que j’ai fait le mur, que je fais ma crise d’adolescence à vingt ans… Un sourire un peu tordu se dessine sur mon visage. Je ne reviendrai peut-être jamais à Stockholm.

Auquel cas, qu’aurais-je fait de ma vie ? Pas grand-chose. Je n’ai fait que fuir, sous prétexte que je n’aime pas le regard des gens. Ce n’est pas comme ça que je devais réfléchir… j’aurais dû plus me vouer aux autres. Au fond, mon habitude de ne sortir que la nuit était –est- égoïste. Pour mon bien être personnel. J’ai fait souffrir ma famille, parce qu’elle s’inquiète pour moi. Je n’ai jamais voulu faire d’efforts. Quel être pathétique je suis… c’est maintenant que je sais que je ne les reverrai pas que je me rends compte que je n’étais qu’un égoïste.

Le vent siffle toujours. Mes doigts sont encore d’une couleur bleutée. J’ai les lèvres abîmées, douloureuses. Et je ne parle même pas de mes membres qui ne cessent de trembler par manque de sucre. Je ne veux pas me nourrir, je veux avancer. Je veux sortir de cet enfer, je veux revoir ma sœur, retourner dans ce parc où j’avais l’habitude d’aller… mais dans un sens je ne m’en sens pas le droit. Je ne peux pas rentrer maintenant, pas tant que je n’ai pas accompli cette mission. Je n’ai pas le droit de décevoir quelqu’un d’autre, j’ai déjà fait tant de mal autour de moi. C’est moi qui dois souffrir pour les autres, pas l’inverse. J’ai fait trop de mal. Je mérite cette souffrance.

Je me mords la joue. Si fort que bientôt le gout du sang envahit ma bouche, et je sens un filet chaud couler sur mes lèvres puis sur mon menton. Ce gout métallique que ma sœur a toujours détesté… Une image de son sourire s’impose à mon esprit. Je mords ma joue plus fort et je baisse la tête. Ma gorge se noue tandis que j’ai l’impression d’entendre son rire.

J’ai mal.

Bordel… je commence à craquer… je ne suis même pas fichu de mener une mission aussi basique à bien… à quoi je sers, au juste ?…

Une larme silencieuse roule sur ma joue.


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Alex
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Ven 24 Avr - 9:34

Moi qui n'aime pas être observé, je suis servi ! Dybutm10
J’engouffre un biscuit dans ma bouche et mâche mécaniquement. Je suis pris d’un haut-le-cœur, comme à chaque fois que j’essaie de manger quelque chose. Mais je me force à avaler, parce que sinon je vais m’effondrer. Je froisse le sachet vide des biscuits et le fourre dans ma poche.

Cependant, deux biscuits par jour –c’est à peu près tout ce que je suis capable d’avaler-, mon corps me fait bien comprendre que ce n’est pas assez. Depuis la veille je suis souvent pris de vertiges et je trébuche beaucoup, du moins plus qu’avant. Je crois que j’ai des hallucinations aussi parfois. J’ai plusieurs fois cru voir une forme bouger, je me suis alors tant bien que mal mis à courir, mais il n’y avait rien une fois sur place.

Je baisse les yeux vers ma main droite, que je tiens immobile contre ma poitrine. J’écarte les doigts pour observer la plaie, dont les bords sont gonflés et rougis. Infectée. Elle n’était pas grave à l’origine, mais je n’ai pas pensé à la nettoyer avec de l’eau au moment où je me la suis faite… D’autant plus que les priorités de mon corps ne sont actuellement pas à me protéger des microbes, mais bien de tenter de garder ma chaleur corporelle… Je repose ma main contre ma poitrine et agrippe mon t-shirt. J’espère que la plaie guérira toute seule, parce que je n’ai rien avec moi qui puisse aider la guérison…

Les mains couvertes de plaies, le regard éteint, de la poussière dans les cheveux, et une barbe naissante à laquelle je ne suis pas habitué, j’ai l’air d’un naufragé perdu et désespéré. Cela fait des jours que je marche sans savoir où je vais, si je m’éloigne des populations les plus proches ou si au contraire je fonce droit vers elles. Si au moins j’avais eu une carte, j’aurais su vers où me diriger mais là… Je vais toujours vers l’ouest, mais je ne sais pas où ça me mène, pour peu que cela me mène quelque part…

Il y a plus de rochers, ici. Ça me coupe un peu du vent, mais pas énormément. Loin devant moi, il y a une forme floue qui bouge, mais je reste de glace. Probablement encore une illusion quelconque, chargée de me fournir un espoir qui au final n’a pas de but.

Je suis pris d’un nouveau vertige et le décor bascule. Je sens vaguement mes genoux heurter le sol et, réflexe, ma main gauche attrape de justesse le bord d’un rocher pour ne pas que je m’écrase la tête la première dans la poussière. Des tâches noires dansent devant mes yeux. Argh, non, pas encore un malaise… quand j’en ai fait un hier, j’ai perdu plusieurs heures de marche…

Je serre les dents. Pourquoi est-ce que je suis si faible ? Il y a des gens qui ont vécu dans des conditions bien plus difficiles ! « Parce que tu n’es pas habitué à ces conditions » Mais bien sûr ! En attendant je n’arrive pas à arriver au bout de cette interminable mission, encore une fois j’ai failli à la confiance des gens. Je ne sais pas si je pourrais continuer bien longtemps à ce rythme…

Je serre aussi fort que je le puisse le bout de rocher auquel je m’agrippe désespérément. Merde Alex, t’as pas le droit de penser ça, t’as pas le droit d’abandonner… c’est le seul moyen, si tu veux revoir ta sœur un jour…

Je tente de me remettre debout, mais mes jambes ne m’obéissent pas. Ma vision se trouble encore et le nombre de tâches noires augmente. Merde, merde ! Si je tombe dans les vapes maintenant, je pourrais très bien ne plus me relever… Je me force à garder mes paupières ouvertes. Je me mords encore la joue, pour que la douleur me garde dans l’instant présent. Mais les tâches noires ne semblent pas vouloir se dissiper. Comment vais-je sortir de cet enfer… ?


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Nanna
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Loisirs : Il est beau mon Utu hein ?
Humeur : Ils sont revenuuuuus ! o
Nanna
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Sam 16 Mai - 17:27
Cela fait plusieurs jours que je l'observe, le petit humain. Je veux uniquement savoir comment, comment il vient à bout de ce défi. Car c'en est un, des plus terribles. Cela fait plusieurs jours qu'il erre dans le désert, sans voir de but se profiler, où qu'il regarde.
Trouve quelqu'un à qui parler
Bien entendu, il n'y a jamais eu personne ici qu'à l'aube des temps; mais cette ancienne plaine sculptée par les eaux n'est plus qu'une étendue sans nom où aucune terre ne vient adoucir le tranchant des rochers. Le désert dévorant et féroce, le lieu ultime où Alexander se confronte à lui-même, là où il n'a personne d'autre à fuir.
Je connais le désert, c'est mon royaume. Là où rien ne vit s'installe l'esprit, rayonnant plus que jamais au fond de nous, nous submergeant de ses plus cruelles vérités quant à ce que nous sommes. Combien ont déjà fui la solitude par peur de se trouver face à eux-mêmes, par peur de se faire dévorer par leurs plus profonds sentiments ? Lui ne l'a pas fait, il n'est pas devenu fou, mais il parvient à ses limites. Les vivres que je lui ai fournis ont été refusés par son corps, et les nuits glaciales ont éloigné de lui le sommeil. La peur de mourir, bien sûr. Elle est toujours là quand on est seul, il suffit de l'écouter pour y succomber. Moi je l'ai envoyé dans le désert, seul et dans le froid, en espérant qu'il saurait l'éloigner de lui; avec de la foi en lui.
Seulement il a échoué; dès les premières heures cette peur était là, le poussant dans ses retranchements, aux limites de son courage. Le petit homme discret, celui qui n'osait presque pas sortir en plein jour, s'est soudain trouvé agrandi de tout un désert, une immensité vierge qu'il a fait sienne.
Mine de rien il avait remporté son épreuve haut la main, titubant et trébuchant sur les gravats des longues pentes du désert. La peur l'avait emporté, et il est revenu; il est tombé et s'est relevé, maintes et maintes fois sans perdre en lui l'objectif de toucher à son but. Il a du cran, ce petit homme. Il est devenu un peu plus fort, peut-être.
Oh bien sûr, en quelques jours impossible de devenir un colosse de force. Certes il est un peu abîmé mais sa résistance s'en trouvera améliorée, et sa persévérance renforcée. Et bien sûr, c'est ce que je voulais. Toutefois je dois bien avouer que j'ai été surpris par son courage: beaucoup d'autres auraient abandonné, ou perdu le contrôle de leurs nerfs, ou encore se seraient laissés dépérir. Lui a continué, pour ma plus grande fierté. C'est une grande qualité pour moi, la persévérance permet de ne jamais cesser d'essayer de devenir meilleur.
Ou l'inverse, pour mon plus grand malheur. Ceux qui ont cette force de la volonté deviennent toujours extraordinaires, en bien ou en mal. Impossible de le savoir pour l'instant.
Je contemple, songeur, sa petite silhouette titubant bien loin au-dessous de moi. Je ferais tout pour que sa volonté le porte vers des sommets, mais c'est à lui de décider de sa destination, celle qu'il a commencé à entrevoir pendant sa traversée.

Je descends à quelques pas du garçon écroulé au sol. Il a atteint ses limites physiques, mais essaye encore de se lever... Mes pas crissent sur les gravats gelés, et le vent s'engouffre dans mes amples vêtements. Je ne sens pas le froid.
Je m'agenouille à côté de lui comme ses yeux papillonnent désespérément pour rester ouverts, détache sa main ensanglantée du roc qu'elle enserre de toutes ses forces, puis passe mon bras sous sa tête pour la soutenir et le garder conscient. Il a un peu de barbe à présent, et il a l'air plus mûr aussi, quoi que toujours aussi jeune. Je saisis sa gourde et lui verse un peu d'eau dans la bouche, avant de lui dire enfin:

_Alexander, tu as trouvé à qui parler, n'est-ce pas ? Et tu as survécu au désert. C'est bien, tu es plus fort désormais.

Je lui souris en prenant sa main.

_Je suis fier de ce que tu es, sois-le comme moi, car à présent tu es Prêtre-Roi de Nanna, mais surtout tu es Alexander Aestas, et c'est déjà beaucoup. Je te confie mon pouvoir en sachant que tu sauras le maîtriser.
Tu as réussi, Alexander, merci.

A présent il s'agit de le ramener à la Congrégation. Malgré toute sa volonté le jeune homme ne semble pas du tout en état de marcher. Je n'aime pas vraiment faire ça mais je le lui dois bien après ce qu'il a consenti à faire pour moi. Après, je n'aurai aucune obligation envers lui; il est à mon service après tout.
Passant mon autre bras sous ses jambes je le saisis dans mes bras et me relève dans mon royaume. L'instant d'après je suis de nouveau à la Congrégation, dans la clairière de mon temple, là où son histoire a commencé il y a quelques jours.
J'hésite quelques instants; Lewis n'apprécierait pas du tout que je vienne à nouveau semer le désordre à la Congrégation, et bien que je le méprise cordialement je préfère éviter d'avoir affaire à ce petit individu teigneux. C'est pourquoi je me résous à laisser mon Prêtre-Roi tout neuf étendu sur l'autel, aux côtés d'une pile de paquets de petits beurre, en espérant qu'il trouverait la force de marcher jusqu'aux bâtiments ou que quelqu'un passe par ici et le ramène.
Après un dernier regard à son visage émacié je disparais dans la poussière du sol. Il fera de grandes choses, je le sais.

Alex
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Alexander Aestas
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Dim 17 Mai - 21:16
Tout s’enchaine assez vite. J’entends des bruits de pas.

Quelqu’un s’agenouille à côté de moi, et maintient ma tête droite, avant de me verser de l’eau dans la bouche, que je m’empresse d’avaler. Ma vue s’éclaircit alors un peu. Une voix parvient alors à mes oreilles :

— Alexander, tu as trouvé à qui parler, n'est-ce pas ?

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et j’écarquille les yeux. Nanna… !

Mais je déchante vite en comprenant sa phrase. La voix un peu étranglée, je réponds :

Si j’ai trouvé quelqu’un ? Je n’ai même pas croisé un insecte… vous venez me dire que j’ai échoué, n’est-ce pas ? Me dire que je ne retournerai pas chez moi ? Je ne vous en voudrais pas, vous savez. Je n’ai pas réussi. Je suis tellement désolé, j’ai fait tout ce que j’ai pu, je…

Mais il me coupe, et continue toujours de la même voix calme :

— … Et tu as survécu au désert. C'est bien, tu es plus fort désormais.

Je reste là, la bouche entrouverte par la surprise, incapable de répondre quoi que ce soit.

J’entends plus que je ne vois, au ton de sa voix, qu’il sourit :

— Je suis fier de ce que tu es, sois-le comme moi, car à présent tu es Prêtre-Roi de Nanna, mais surtout tu es Alexander Aestas, et c'est déjà beaucoup. Je te confie mon pouvoir en sachant que tu sauras le maîtriser.

Je tourne la tête vers lui. Pour voir son visage. Pour me raccrocher à quelque chose de concret. Mais les tâches noires reviennent et me submerge d’un coup.

Trou noir.

* * * *

C’est la lumière de l’aube et la soudaine chaleur qui me sortent de mon inconscience. J’ouvre les yeux, pour voir au-dessus de moi des feuillages. Je me redresse d’un coup, et quelque chose heurte mon front. Je louche un peu, avant de reconnaitre la perle. La perle noire, celle qu’il y a au-dessus de l’autel dans le temple de Nanna. L’autel… ah…

Dans un mouvement précipité, je me remets debout, et dû à un vertige manque de tomber dans la poussière. Ahhh, allongé sur l’autel d’un dieu… quel irrespect, Alex… !

Mes jambes se mettant à trembler, je m’assoie sur le sol. Je pose ma main en travers de mon visage et ferme les yeux. Est-ce que tout cela n’était qu’un rêve ? Mais je comprends rapidement que non, c’était bien réel. Les plaies sur mes mains sont toujours là, et la barbe naissante aussi.

« A présent tu es Prêtre-Roi de Nanna ». Un serviteur, je présume… j’ai du mal à tout comprendre. Ai-je vraiment mené à bien cette mission ? Est-ce que je mérite ce rang ?

Je bats des paupières, et ma vue s’éclaircit. Je suis rentré… je suis à Stockholm… malgré le doute et peut-être la honte d’avoir échoué, un mince sourire se dessine sur mon visage. Je suis chez moi… !

Je me redresse. Il me reste une chose à faire avant de rentrer chez moi.

Je bouge mes jambes de manière à me retrouver à genoux devant l’autel. Je lève la tête vers la perle noire, et prends la parole :

Je ne sais pas exactement ce que vous attendiez de moi pour cette mission, et j’ai du mal à comprendre que vous considériez que j’aie réussi. En tout cas, je dois vous remercier, pour… pour votre clémence envers moi. Si… si vous m’acceptez réellement tel que je suis en tant que serviteur… j’en serais vraiment très honoré. Je ferai tout… tout mon possible pour satisfaire vos désirs, Nanna. Enfin, si vous m’autorisez à vous appeler par votre nom…

Je laisse quelques secondes s’écouler, puis me remets debout. Je me rattrape au dernier instant à l’autel pour ne pas tomber. Oula, le chemin jusque chez moi risque de me paraitre long… J’imagine déjà la réaction de ma sœur quand elle va me voir rentrer dans cet état, sale et écorché de partout… « Alex, bordel, mais qu’est-ce que t’as foutu ?! » elle va m’engueuler, tout ça tout ça…

Je remarque alors le paquet de biscuits posé à côté de l’autel. Malgré moi, un rire m’échappe. Des petits beurres, hein ? Je m’en saisis et reprends, tant bien que mal, le chemin pour rentrer chez moi.

Merci, Nanna. A bientôt…




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