— Pendant ma mission, je me suis faite tirée dessus.
Mes mots se bloquent dans ma gorge et je la regarde, stupéfait. Une balle. Elle a faillit y passer. Oh mon dieu... Elle aurait pu ne jamais rentrer, et moi, au lieu de me réjouir qu'elle soit là, que fais-je ? Je lui hurle dessus. Je me frotte l'arrière de la nuque, embarrassé, ne sachant plus trop où j'en étais. Bon, on va tenter de faire passer la colère pour le moment, il y a plus urgent.
Je l'attrape donc par le poignet et l'entraîne avec moi. Je marche d'un pas plutôt rapide, la tâche rouge qui s'étendait de plus en plus m'inquiétait.
Dans un souffle, je l'entends dire d'une petite voix :
— Alex, je t'en prie, ralentis...
Je m'arrête et me retourne vers elle. Elle tremble de tout son corps, et ne semble vraiment pas loin de tomber inconsciente. Je marmonne des excuses et reprends ma route, plus lentement. Nous sommes presque arrivés, de toute façon.
Nous arrivons devant ma maison. Je l'aide à gravir les quelques marches du perron, et ouvre la porte. Vu le calme ambiant Lily n'était pas encore rentrée -sinon elle aurait mis de la musique-. Tenant toujours le poignet de Tyarisse, je m'avance dans le couloir et tourne la tête vers le salon. Ma mère se trouvait là, installée sur le canapé, lisant un livre. Ses cheveux courts et de la couleur des blés cachent ses yeux, aussi bleus que les miens.
Elle redresse la tête en m'entendant, un sourire aux lèvres :
— Tiens Alexander, je ne pensais pas que tu rentrerais si tôt, tu as...
Elle se coupe alors dans sa phrase lorsqu'elle remarque Tyarisse. Et la tâche de sang qui allait avec.
Elle balance son livre sur le canapé et s'approche d'un pas vif vers nous, la mine inquiète :
— Oh, ma pauvre chérie, que t'est-il arrivé ?!
Elle lève les yeux vers moi, penche légèrement la tête sur le côté tandis qu'elle analyse mon expression. Elle sait, elle voit que quelque chose ne va pas, mais je ne sais pas à quoi elle pense.
— Ce n'est tout de même pas Alexander qui t'a fait ça ?
—
Bien sûr que non ! m'écrié-je, scandalisé.
La plaie s'est rouverte... Aide-la, je t'en supplie !Elle m'adresse un rapide regard amusé, puis retrouve tout son sérieux en contemplant la tâche sur le t-shirt de Tyarisse, désormais tellement imbibé de sang que ça coule par terre.
— Va t'asseoir dans la cuisine, ma belle. Je vais chercher mon matériel.
Elle s'éloigne en direction de la salle de bain, tandis que je guide Tyarisse vers la cuisine, la main posée sur son épaule valide.
Je lui intime de s'asseoir sur une chaise, puis je m'adosse au plan de travail, les bras croisés, ne sachant pas trop quoi faire. Finalement, je marmonne :
—
Désolé, pour ta blessure. Je ne savais pas que tu étais blessée, pardon de t'avoir fait mal en la rouvrant.Je ne m'excuse cependant pas pour lui avoir hurlé dessus. On laisse ce problème pour le moment, mais on réabordera probablement le sujet plus tard, j'avais toujours ce goût amer dans la bouche.
Ma mère revient alors dans la cuisine, une mallette de soins de premier secours à la main. Elle avise Tyarisse quelques instants :
— Alexander, tu aurais pu l'aider à se déshabiller, quand même...
Mon visage devient rouge écarlate. Embarrassé, je marmonne :
—
Euh... Je n'y ai pas... Pensé...Un rire léger échappe à ma mère. Bien sûr que non elle ne s'attendait pas à ce que je le fasse, elle tentait juste de... Détendre l'atmosphère.
— Laisse, je vais le faire... Maintenant, sort de la pièce s'il te plaît. Même si ça ne dérange pas cette demoiselle que tu restes, je te sens bien énervé, et tu ferais mieux de te calmer.
—
Parce que c'est de ma faute, en plus ? marmonné-je comme un enfant capricieux.
Ouais, un gamin, c'est ça... Je ne cherche pas à protester cependant, parce qu'au fond elle avait raison, et me dirige vers la sortie de la cuisine. Avant de sortir je me tourne un instant vers Tyarisse.
—
Je redescendrai dans un quart d'heure/vingt minutes pour voir comment tu vas.Je me tourne vers ma mère :
—
Tu sais où me trouver si tu as besoin de moi.Je me détourne et vais dans ma chambre. J'empoigne alors mon violon, le cale sur mon épaule et commence à jouer, cherchant distraitement un moyen d'apaiser la situation plutôt houleuse.
* * Mère d'Alex * *
La femme blonde aida Tyarisse à retirer son haut imbibé de sang. Elle avisa les bandages. Il allait falloir les lui retirer. Elle commença alors sa tâche, doucement pour ne pas faire mal à la demoiselle. Elle chercha alors à mettre la jeune femme à l'aise, brisant le silence :
— Tu es Tyarisse, n'est-ce pas ? Alexander nous parle de toi, parfois, quand il a envie de nous raconter sa journée.
Elle lui adressa un sourire doux.
— Tu as des yeux magnifiques, tu sais ? Je suis sûre que les garçons te courent après. Peut-être même mon petit Alex, qui sait ?
Elle finit alors de retirer les bandages, et écarquilla les yeux en regardant la plaie ensanglantée.
— Oh mon dieu, ça ressemble à une plaie par balle... Que t'est-il arrivé, ma pauvre chérie ?!
Elle tendit la main vers sa mallette, sortit compresses et désinfectant, et entreprit de nettoyer la plaie.