Les scènes s'égrènent, tandis que la trame commence à se construire petit à petit. Nous apercevons bien vite le camp et des personnages qui, somme toute, risquent fort d'avoir de l'importance par la suite ; la plupart me font rire mais je me contente de me mordre la lèvre pour ne pas grimacer devant l'attitude complètement stupide de Mulan. Peut-on vraiment être si peu assuré ? Quelque part, je crois que oui. Doucement, je tourne la tête vers Warren pour souffler :

— Pourquoi, c'est les muscles ? je ris.

L'entraînement commence réellement et je retient un sifflement appréciateur.

— Ah, non ! En fait, tu aimes qu'on soit autoritaire avec toi, c'est ça ? je me moque en pouffant légèrement, un sourcil relevé et jouant avec ses doigts.

Sa tête vaut tout l'or du monde. J'ai du mal à retenir un rire. Qu'est-ce qu'il croit ? J'ai plus de deux cent ans, quand même.

— Gentil et doux ? On peut être un peu tout à la fois, je m'amuse encore.

Cette chanson est vraiment bien, sincèrement.

Parce qu'il insiste, en plus ? J'esquisse un sourire amusé, un sourcil levé. J'avance mes lèvres près de son oreille.

— Eh, c'est toi qui a interprété ça comme une question, je t'ai jamais demandé ton type de mec.

Sourire innocent alors que je me recule.

— Je ne sais pas, je n'en ai pas vraiment en particulier. Les prétentieux m'agacent peut-être un peu plus, mais ils sont amusants parfois...

Mes épaules se haussent doucement.

— Peut-être, mais je ne sais pas quoi dire, je ris. J'aime les personnes qui sont ouvertes et qui savent être honnêtes. Celles qui ne pensent pas constamment à eux.

Je me recale contre les coussins, penche la tête en retenant un pouffement.

— Je dirais que ça me ressemble pas mal, en fait...

Doucement, j'appuie ma tête contre sa joue et lui lance un sourire doux. Je crois que je ne regarde même plus réellement le film... Enfin, si, mais j'ai quelque chose d'autre qui attire mon regard.

— C'est vrai, je dis simplement.

Je pose ma main sur la sienne et l'effleure du bout des doigts. J'ai l'impression qu'ils sont froids, à moins que ce soit la peau de Warren qui est si chaude ?

J'ai un sourire doux. Amusé peut-être aussi. Il a l'air tellement vulnérable comme ça ? C'est étonnant, quelque part. Mais j'aime aussi quand il s'ouvre. Quand il se montre. Quand il est vrai. Il a toujours l'air de l'être, avec moi...

— Je ne sais pas, est-ce que tu penses l'être ?

Je raffermis ma prise sur sa main.

— Je pense que tu l'es. Mais je n'ai pas le savoir absolu.

Lentement, je me penche vers lui pour l'embrasser au bord des lèvres. Il ne sait pas ce qu'il provoque en moi, parfois...

— Tu es curieux, je souris.

Ahh, je savais que c'était une mauvaise idée... Je crois que je suis allé trop loin, aujourd'hui. Mais c'est bon et doux, c'est tendre et timide, discret, c'est un peu... C'est très "nous", en fait.

Je garde ma main appuyée sur la sienne, sur le lit, pour pouvoir rester penché vers lui. Ses lèvres sont fraîches sur les miennes. De mon autre main, je le tire vers moi doucement.

— Tu sais ce que je pense, je souffle contre ses lèvres.

Un baiser plus appuyé. Un peu plus poussif, un peu plus franc, mais pas dénué de ce qui alimentait encore le premier. Je me laisse entraîner un instant, les yeux clos et le souffle au bord des lèvres, avant qu'il ne se recule et ne se cache contre mon épaule. Ma main est toujours sur sa nuque et je la caresse avec douceur, jouant avec les petites boucles qui y tombent. Je ne sais pas trop quoi dire, alors j'acquiesce précautionneusement. Puis, finalement, j'appuie ma joue contre sa tête et souffle :

— Tu te caches ?

Je. Dois. M'empêcher. De. Rire.
Mes épaules tressautent un peu alors que je garde les lèvres closes pour contenir mon fou rire. Finalement, je n'y arrive plus et me contente de poser ma main contre mes yeux en me laissant emporter.

— Mais Warren... T'es sérieux...

J'en peux plus de ce gars.

Vraiment, j'ai essayé de me retenir, j'ai fait ce que j'ai pu. Mais sa réaction était beaucoup trop drôle et beaucoup trop innocente. Quand on le voit, on se demande où il peut bien la cacher, celle-là...

Cette fois, je repose ma main sur ma cuisse pour tenter de lui expliquer que ce n'est pas vraiment de lui que je me moque... Mais je sursaute quand il me prend soudainement contre lui, sans retenue, pour m'embrasser avec inquisition. J'aspire presque son souffle entre mes lèvres, le sens se mêler au mien. Mes bras viennent naturellement s'enrouler autour de son cou pour le garder contre moi.

— Chut...

Je préfère de loin rester comme ça.

Alors là, pour ne jamais se taire, il ne se tait jamais... Je laisse échapper un demi rire en entortillant une mèche de cheveux sur mon index. Un frisson remonte le long de mon échine. Je tremble doucement contre lui, sans chercher à le réprimer.

Peut-être que c'est mal, mais cette proximité me procure beaucoup de bonheur. Une sincérité douce, chaleureuse. Mes lèvres sourient contre les siennes, que j'embrasse avec une lenteur calculée.

— Moi non plus, j'avoue dans un souffle.

J'ai cherché à le fuir pendant tellement longtemps, mais parfois, je crois qu'on ne peut simplement pas passer outre…

Doucement, je romps notre baiser et pose mon front contre le sien, alors que ma main vient effleurer sa joue. Je ne veux rien dire, mais je ne veux pas non plus m'éloigner. Je dois être un peu cruel…

Warren garde les yeux fermés, mais pas moi. Il est proche, et le voir d'aussi près, aussi intimement, a quelque chose de fantastique et troublant. Je ne veux pas qu'il soit si désespéré...

— Seulement si tu veux que je le fasse, je lui assure avec un sourire.