Ohlala, mais qu'est-ce tu te fais chier... Tu regardes autour de toi les gens qui essaient de mimer un égorgement et rigoles en voyant ta sœur manquer d'ouvrir le cou d'Ivan en perdant sa prise sur le couteau. Bon, d'accord, c'est pas drôle. Mais c'est presque aussi marrant que de voir Warren se faire allumer gentiment par le prof. Tu aurais presque de la sympathie pour lui, d'un seul coup. Warren est sympa, mais un peu lourdeau quand il s'y met...

Par contre, sa remarque au sujet de l'extincteur te fait tiquer et tu te permets de glisser en esquissant une moue réprobatrice :

- Sans vouloir vous manquer de respect, il est tout aussi important de savoir utiliser son environnement pour se défendre lorsqu'on est pas armé. C'était pas spécialement réfléchi, mais le résultat était là tout de même.

D'autant que c'est la Congrégation qui ne lui a pas fourni d'armes... Mais ça t'empêche pas d'être d'accord avec ce fait : sans entraînement, il est compliqué de revenir en vie d'une telle mission. Mais l'extincteur, c'était du génie bordel.

Concentré, je sursaute et relâche Tyarisse avec un sourire d'excuse. Merci pour cette réponse Dave, je n'aurais pas mieux dit. Je repose le couteau sur la table avec précaution. J'aime pas la manière dont il m'a parlé. Je ne suis pas un demeuré. J'ai parfaitement conscience que cette mission était mal préparée, dangereuse voire pas de notre niveau. Mais on s'en est sortis et ça prouve quelque chose. Je me penche vers l'émissaire et lui répond à voix basse.

-Je ne vouvoie pas un mec qui a même pas 10 ans de plus que moi. C'est pas du manque de respect. Je suis un adulte et toi aussi. Je peux te considérer comme mon prof sans te donner du Monsieur. Mais si ça te fait peur que je remette en cause ton autorité je le ferais plus devant la classe ♥

Là dessus je lui met une main au cul discrète et lui lance un sourire rayonnant et innocent. Oui oui, insolent jusqu'au bout. Et j'ose même prétendre que c'est une des choses qui ont fait que j'ai attiré l'attention d'Inanna pour mon plus grand malheur.

... La main au cul, c'est peut-être un peu trop, songes-tu en arborant une mine passablement... je ne dirais pas choquée, mais plutôt perturbée. Ah ? Oh... oh. Ceci expliquerait un certain nombre de choses, en fait. Tu fixes Warren, sa main, puis Warren, et lèves le nez vers le ciel dans ce qui semble être une supplication muette. Là, tu rêverais bien de pouvoir t'éclipser discrètement, sans que personne ne te voie... Pas comme si t'avais une présence suffisante pour te faire repérer, hein ?

- Une famille, une famille... Plutôt un repère de barges, tu grommelles pour toi-même en te remettant correctement sur ta chaise.

Rhoo il réagit même pas quoi. C'est pas drôle j'aurais préféré qu'il s'énerve. Ouais j'aime bien emmerder les gens avec ce genre de choses. Surtout les hétéros coincés. Je retiens un ricanement. Une famille ? Un asile de fous ouais. Dave me fixe avec un air presque choqué et je lui fait un petit sourire. T'en fais pas mon p'tit mouton, je drague pas mes amis.
Et là dessus tu as un mec qui... Pop ? Genre il est apparu comme ça d'un coup en gueulant sur la table. Tout est normal. Wait... Renzo c'est pas celui qui est un zombie ? Chouette. Ça veut dire que le prof veut nous faire un vrai égorgement en direct. Je grimace et me recule vers Dave.

-Tu crois qu'il va vraiment l'égorger ?

"OH PUTAIN DE BORDEL DE MERDE MAIS J'EN AI MARRE MAIS QUI, QUI ICI DÉCIDE DE FAIRE APPARAÎTRE TOUS LES TARES DU MONDE SUR MA TABLE ?! Y EN A PAS D'AUTRES DANS CET AMPHI, C'EST CA ?! C'EST CA ?!!"

Zen, Davy. C'est pas parce que t'as fait un bond de trois mètres en te retenant de gueuler que ta virilité en a pris un coup - t'façon c'est pas comme si la virilité et toi vous étiez très potes déjà de base, hein. Allez mon poto, t'en fais pas, c'est qu'un autre émissaire, il est connu pour faire des conneries tout le temps. Allez, sans rancune ?

- Vu sa tête, ça m'semble assez évident, tu grognes entre tes dents et en tentant de te remettre de tes émotions.

Trop de révélations d'un coup, berdol. Ils font tous flipper.

Là, les choses commencent sérieusement à déraper. Canard. Comment ça, canard ? Un canard en plastique, genre un vrai canard en plastique ? Le genre auquel tu es réellement en train de penser ? Un sourire nerveux s'étire sur tes lèvres. Et le prof qui en rajoute une couche. T'y comprends plus rien là... C'est un cours ?

- Euh... Si vous voulez, on peut vous laisser tous les deux, hein ?

Avec le canard....

Tu allais finir par utiliser tous les synonymes disponibles dans la bibliothèque de ton esprit à force de te demander ce qui oh mon dieu de bordel de m* peut bien se passer durant ce cours. Tu commences aussi à te demander si les autres ne te trouvent pas simplement tout à fait à leur goût en matière d'esclavage et autre proie-future-victime. La bestiole s'éloigne après t'avoir brouté une mèche de cheveux et que tu ne l'aies fixé quelques secondes, estomaqué. La colère monte, en même temps qu'une couleur joliment écarlate sur tes oreilles qui chauffent. Ouais, toi, tu rougis pas que de gêne, tu rougis aussi de rage. Ahah.

Lol.

Tu te lèves et t'approches des deux émissaires en les ignorant royalement. Ce faisant, tu arraches le couteau des mains du prof, grimpes sur une table sans rien dire pour pouvoir te déplacer plus aisément. L'arme tourne doucement dans ta main, avant que tu ne l'empoignes à pleine main. Sourire.

- On fait un cours sur l'égorgement ? Parfait. J'fais la démo.

Viens ici jolie vachette.

C'est n'importe quoi ce cours. J'ai failli piquer une crise cardiaque. Mais bordel qu'est-ce qu'une saloperie de VACHE fout ici ? Et elle a popée aussi en plus ! Ola et Dave a l'air de péter son cable aussi. Faudrait peut-être penser à calmer le jeu. Je me tourne vers lui et toussote doucement pour attirer mon attention. En vrai il va m'en vouloir de faire ça. Mais bon tant pis j'ai pas envie qu'il égorge la vache.

-Calme toi Dave, je demande doucement en faisant agir mon pouvoir. Elle y est pour rien cette pauvre bête.

Rhaa ce mec a vraiment aucun contrôle sur son cours quoi. C'est abusé. Retourne sur les bancs et laisse faire les autres. Avec le dirlo on se fait chier mais au moins c'est pas le bordel dans ses cours.

"Je. Suis. Parfaitement. Zen. La zenitude incarnée. Bouddha lui-même, en moins gros. Voilà. Sois Bouddha, Dave. Sois Bouddha." Bordel, tu t'écoutes parfois ? On a dit "Sois Bouddha", pas "Transforme-toi en exterminateur armé d'un cure-dent coupant"... Sérieux, merde quoi. Tu lui fais super peur, à cette pauvre vache ! Regarde ses yeux de bovin morts, cette fois illuminés par la détresse ! (Pauvre Nana...)

T'étais prêt à te calmer en entendant Warren te causer quand tu te fais rattraper par le zombie et te fais tirer vers l'arrière. Un grognement t'échappe alors que tu te tournes vers lui et le fusilles du regard. Blondie ? Mais qu'est-ce qu'ils ont tous avec tes cheveux ? Et l'autre tarée qui gueule dans tout l'amphi...

- Vous en faites pas, j'sais très bien comment on égorge quelqu'un. En attendant, dressez-la un peu, votre "Vava", ça lui évitera de finir en steak haché.

Ouais, "vous". Parce que t'es susceptible mais pas totalement malpoli. Tout de même.

Tu te dégages assez violemment de sa poigne et retournes à ta place, agacé. En fait, t'aurais simplement dû quitter la pièce. En arrivant, tu plantes le couteau dans la table et toise les émissaires d'un air saoulé. Bon, et cette démo ?

C'était une mauvaise journée. Vous savez, ces journées qui commencent mal dès le réveil et où la suite des événements ne consiste qu'en une série d'emmerdes qui pousse à se dire qu'on aurait mieux fait de rester au lit ? Et bien c'est exactement ce type de journée qu'Ophelia vivait depuis ce matin.

Réveillée par les cris de sa vieilles logeuses qui s'égosillaient au téléphone dans sa langue incompréhensible. Pas le temps de boire le sacro-saint café du matin que la vieille femme l'avait sommé d'aller faire une course d'urgence parce que sa fille s'était semble-t-il perdue sur le chemin de la rue - ou c'est tout du moins ce que la brune avait compris de l'anglais approximatif de sa logeuse. Alors voilà, Ophelia avait dû foncer dehors, habillée à l'arrache. Chercher des couches pour mamie. Ouais. Sexy. Et pour couronner le tout, une averse diluvienne aussi violente qu'inattendue s'était déclenchée. Super. Même les éléments s'y mettent.

Pour éviter de finir noyée la grande brune couru se réfugier dans le premier bâtiment qu'elle vit, mais glissant sur les marches du péron elle cassa le talon de sa chaussure. Une sale journée vous dis-je ! Enlevant ses godasses avec rage, Ophelia croisa le regard amusé de la secrétaire d'accueil qui lui indiqua du doigt une porte - sans nul doute celle des toilettes ! Avec le plus grand des soulagements, l'anglaise poussa la porte avec vigueur pour trouver derrière tout sauf les toilettes tant espérées.

Un amphi. Des élèves couteaux à la main, en train de s'égorger mutuellement. Un zombie sur une table. Une gamine sur les épaules de... Jake. Toujours aussi stoïque. Toujours aussi beau. Alors qu'elle était paumée, les couches dans une main, les chaussures dans l'autre, pieds nus, dans un t-shirt blanc intégralement trempé qui ne laissait plus vraiment place à l'imagination.

Parfait...

Un soupir t'échappe et tu t'installes à ta place que le Pr. Hills demande le silence. Tu croises les bras en l'observant prendre le couteau pour mimer l'égorgement. Un instant de flottement. Il ne fait rien. T'es au premier rang, alors forcément, assez près pour le remarquer. Ce tressaillement léger dans sa main, lorsqu'il resserre sa poigne sur son arme. Le genre de tressaillement qui indique clairement que tu ne le feras pas, qui marque l'hésitation, qui te dit que c'est bon, t'as perdu. Que c'est barbare. Que même sur un zombie, sur un cadavre, ça le fera pas. Tu baisses les yeux et pinces les lèvres. Honnêtement, difficile pour toi de ne pas te mettre à sa place.

Tu passes l'éponge, et retiens malgré tout la remarque acerbe du type "Super, on passe d'un cours sur "comment apprendre à tuer" à "et si nous nous aimions tous les uns les autres ?"..." qui te chatouille les lèvres. Tant pis... On ne va rien dire.